J’ai connu les EKRANOPLAN voilà trois ans, en mai 2015, lorsqu’ils avaient osé rendre publiques leurs exactions sous la forme d’un premier LP éponyme, qui n’affichait alors qu’une confiance de vingt-et-une petites minutes. Mais au jugé de la force de frappe et de la variété de brutalité du combo en question, j’oubliais alors vite toute considération trop matérielle pour me focaliser sur leur musique, aussi plurielle que leurs instincts n’étaient cruels. Il faut dire qu’avec d’anciens HUNGRY LINGS et AHAB (Doom fameux, mais légèrement nauséeux, surtout les petits matins pluvieux), les mecs ne cherchaient pas à s’incruster au bal des débutants, et géraient la danse comme bon leur semblait. En gros, ils fonçaient dans le tas, puis s’arrêtaient soudain pour réfléchir, avant de tenter la gigue endiablée à grands coups de boule sur le front, lâchant un son de concassage d’os assez grognon. Sans vraiment savoir quel futur attendait ces tarés, je me disais que si d’aventure, la leur devait perdurer, les choses risquaient de prendre une tournure intéressante, et même méchamment captivante. Et mon inconscient s’est donc réjouit de sa propre lucidité lorsque le temps de la seconde livraison fut venu, puisqu’elle s’accompagna d’une bise assez torride, mais aussi de vents glacés nous laissant les chairs bleutées. Et c’est avec cet Hypnopaedia que les germains (G - chant, T & A - guitares, C - basse et C - batterie) nous en reviennent plus mécontents et chafouins que jamais, avec une nouvelle bordée d’horreurs musicales à nous conter. Et c’est peu dire que j’en suis enchanté, et même ravi, tant les neuf pistes de ce tome II sont largement à la hauteur du prologue, voire le dépassent en intensité et en diversité, ce qui n’était pourtant pas chose facile. Alors la question qui reste en l’air, attendant que la gravité fasse enfin son affaire est la suivante :
Etes-vous prêt à supporter un groupe qui ne supporte pas le cloisonnement et qui navigue de Grind en Sludge, de Doom en Crust, de Darkcore en D-Beat, sans avoir l’air opportuniste, et sans piller les principaux protagonistes ?
Si la réponse vient par l’affirmative, réjouissez-vous. EKRANOPLAN est exactement le combo qu’il vous faut si vous affectionnez la versatilité solide, et l’éclectisme torride. Ici, rien n’est affiché d’avance, pas plus les intentions que les dérivations, et c’est toujours par surprise que le quintette nous guette, certain d’avoir toujours un coup à jouer avant que vous n’ayez pu anticiper le précédent. Ils n’ont pas perdu les mauvaises/bonnes habitudes de leur éponyme entame, et si à l’époque j’avais cité avec culot mais pertinence les noms d’EYEHATEGOD, de CURSED, des ENTOMBED ou de CARCASS, je peux aujourd’hui y ajouter ceux de PRIMITIVE MAN, de NAILS, de GAZA, des UNSANE, et pas mal d’autres qui ne seront pas plus hors sujet. Car le sujet ici, est toujours le même. Faire mal aux oreilles, en coinçant la vilénie et le sadisme d’un FETISH 69 dans la brutale trousse de BRUTAL TRUTH, tout en piquant deux trois trucs pas si faciles que ça aux TOTENMOND et CROWBAR. Et comme les allemands aiment particulièrement ce qui rassasie jusqu’aux oreilles, ils ont construit leur album comme on élabore un menu vraiment calé, ou comme un sandwich épais comme une porte blindée. Et entre deux tranches de pain massives (« Greayve », six minutes et « Negative », huit minutes, ou presque), les EKRANOPLAN nous ont collé un maximum d’ingrédients, certains se digérant assez vite, mais d’autres prenant leur temps pour glisser du palais à l’estomac. Ainsi, entre deux attaques éclairs dégluties en une poignée de secondes (« Sprechverbot », « Bleak & Withered », « Binære Progression 2.0 », à peine plus de six-cents secondes à eux trois), ils nous enfournent dans la goule des saveurs roboratives au délicat goût de Sludgecore poisseux et presque putréfié bien dégueu (« You Are Welcome », en même temps, je me vois mal dire merci quand on me traite avec aussi peu d’empathie), qui suggère des relations assez proches avec des fournisseurs en veine de matériel atroce, digne d’un SWANS des plus Indus passé au ralenti de la moulinette ACID BATH…Mais paradoxalement, cette tendance à l’ignominie fait partie des qualités les plus évidentes du quintette, qui manie à merveille les sonorités les plus maladives histoire de nous barbouiller l’estomac, ce qu’une production massive et distordue à l’extrême confirme de ses graves de trépas. Compact, énorme, maousse, avec quelques fulgurances Grind qui piquent la couenne du Doom histoire de l’agacer un peu et de lui laisser des plaies bien purulentes à gratter. La recette parfaite pour se retrouver classé dans la catégorie des nuisibles inclassables, qui par ailleurs, ne se posent jamais assez longtemps pour être ratatinés (« Sprechverbot ». Grind Crust ? Megacore D-beat ? Ultra Massive Grudge ? Je n’en sais rien, et j’abandonne). Alors. Les regarder voler et attendre de sentir leur dard s’enfoncer ? Oui et non, parce que la bestiole à en plus développé l’art de planer en piqué, tout en discrétion, pour finalement se planter dans les chairs après avoir irrité les oreilles d’une intro/avertissement assez vicieuse («Greayve », et une basse à faire passer CATHEDRAL et EYEHATEGOD pour des fans du Jason Newsted d’And Justice For All…).
Alors bon, à partir de là, que les allemands choisissent de ridiculiser sur leur propre terrain les anglais et les suédois (« Kal'ky-l » proto Death Crust à tendance maso), ou qu’ils casent des dissonances et des cassures histoire de plomber l’ambiance au fur et à mesure (« Fragments Of A Whole », une fois les pièces réunies, vous admirez un tableau de coït brutal entre TOTALITAR et FULL OF HELL. Le panard.), ils finissent quand même le travail par un pied de nez ultime, en nous balançant sur la tronche un rocher de plusieurs tonnes, hilares et unanimes (« Negative », le positif a disparu, et le batteur s’amuse beaucoup à varier les déplaisirs sur fond de Doom/Sludge progressif, répétitif et bruitiste). Donc, voilà les arguments exposés, et autant dire qu’il y en a un paquet.
Il y a trois ans, je ne m’étonnais pas du choix d’EKRANOPLAN d’avoir opté pour tel baptême (l’avion russe qui navigue à très basse altitude, bla, bla…). Aujourd’hui, ils prouvent qu’ils peuvent garder leur propre nature tout en changeant légèrement leur plan de vol, et multiplier les figures tout en restant aussi furtifs et efficaces. Diablement efficaces même. Bombardements Sludge, fulgurances Grind, mach 3 Crust, et pilonnage Doom, pour des radars qui s'affolent et des oreilles qui bourdonnent.
Allo Houston ?
Non, pas la peine, après ça, ils ne m’entendent plus. Ils n’entendent plus rien d’ailleurs.
Titres de l'album:
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