Une image vaut parfois bien des mots, et des maux. Celle ornant la pochette du nouvel EP d’INTO DARK est suffisamment parlante pour que tout le monde la comprenne. Un quidam, penché sur son laptop, les cheveux tombant et l’attitude résignée, dans un contexte urbain en noir et blanc qui suggère à merveille la solitude de notre époque vouée aux gémonies d’une réalité virtuelle qui nous éloigne tous les jours un peu plus de notre réel. Et ce réel n’est pas toujours beau à voir. En tout cas, pas pour ce personnage, bien seul dans sa chambre.
INTO DARK est un véritable groupe, originaire de Pologne, et non un one-man-band de plus misant sur le nihilisme et la misanthropie pour accumuler les sorties en format digital. D’ailleurs, ce quatuor a patiemment attendu de longues années avant de donner une suite à son premier long, Tone.Death.Memories, publié en 2017 et accusant donc six ans d’ancienneté. Le renouveau peinait à se faire entendre, mais la parole est revenue, concentrée en trois chapitres de durées variées, pour une litanie d’une vingtaine de minutes.
A cheval entre Black classique, Ambient, Death mélodique, Doom progressif, I, Glance est le reflet que l’on devine sur l’écran de nos ordinateurs et autres smartphones, un reflet peu flatteur, qui nous montre à quel point nous sommes isolés dans la société, incapables d’empathie, et plus volontiers intéressés par cette fenêtre numérique sur le monde que par le monde lui-même.
Entre un PARADISE LOST gravissime dans ses constats, et un OPETH des jeunes années en version moins cryptique et poétique, INTO DARK se joue des cloisonnements, et navigue à vue, acceptant des éléments gothiques, un synthé fort à propos et des mélodies sombres pour décrire son univers qui donne des frissons d’effroi. Sommes-nous tous à l’image de ce pauvre hère condamné sur sa chaise à observer sa vie en témoin passif, ou avons-nous encore la possibilité de briser nos chaînes pour aller vivre une vie un tant soit peu enrichissante ?
Si vous lisez cette chronique, alors vous avez déjà la réponse à cette question. Non, nous ne pouvons plus nous lever, marcher, et changer notre destin, les dés sont jetés, et il ne reste plus qu’à attendre cette apocalypse numérique qui nous enverra tous dans la tombe.
Musicalement parlant, I, Glance est incroyablement varié pour un simple trois titres. Les morceaux sont ouverts, longs mais riches, le son ample et noir comme le jais, et l’instrumentation simple, mais efficace. Loin de l’embardée automatique avec blasts qui fanent et hurlements de rigueur au fond d’une salle de bain travestie en studio, I, Glance se veut conséquent malgré son format court, et nous offre avec « Brooding Wings » une entrée en matière qui convainc immédiatement.
Arrangements, samples, percussions probantes, chant raclé et riffs acides, le décor est planté, et se réclame d’une isolation urbaine qui le confine à la dépression permanente. Classique tout en étant inventif, INTO DARK combine les débuts de la scène BM anglaise, sans le côté tape-à-l’œil des costumes et autres fanfreluches. Si certains regretteront la présence régulière de ce clavier qui reste bloqué sur les mêmes thèmes, les autres se réjouiront d’un groove global qui nous écarte du minimalisme, sans tomber dans le travers des superproductions qui ne sont BM que de nom.
« Odezwa », final lancinant et hypnotique, sert admirablement bien le propos, et traîne sa misère sur les trottoirs de Rzeszów, avant de les observer, humides, d’une fenêtre qui ne donne que sur la nuit et le désespoir. Difficile en effet d’avoir le sourire une fois le métrage terminé, tant cette traduction musicale nous oblige à voir la réalité en face. Enfants de la communication virtuelle, des pseudos super-héros anonymes qui vident leur fiel sur les forums, des sites extrémistes et propagateurs de fake-news en tout genre, nous avons perdu le contact avec la vérité, et notre esprit est trop fatigué pour démêler le vrai du faux.
Triste constat pour une époque exsangue. Mais finalement, peut-être l’avons-nous cherché et même désiré. Alors inutile de s’en plaindre.
Titres de l’album:
01. Brooding Wings
02. A Prose of Death
03. Odezwa
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