Duo danois énigmatique sorti de nulle part, SORT SIND nous propose son premier album via les maniaques grecs de Nuclear Winter, et autant dire que le produit en question tabasse comme du rouquin bien vilain. Mais, puisqu’il y en a toujours un, I Skyggen af Livet est loin d’un simple jet de bile craché à la face de la bienpensante règle de musicalité, et cache dans ses sillons numériques des idées que nombre de groupes établis auraient bien aimé imaginer.
Peu d’informations sur ces deux anonymes, si ce ne sont quelques noms de groupes auxquels ils appartiennent/ont appartenu (ASCENDENCY, HAD, SULPHUROUS, et TAPHOS pour les citer), une photo promo évidemment aussi opaque que leurs intentions, et un laïus du label nous garantissant une découverte majeure, quelque part entre le Death sourd et le Black emphatique. Ou plutôt, pile en convergence des deux styles les plus vénéneux de l’underground.
Nous avons l’habitude de cet enthousiasme promotionnel formalisé par les labels en quelques formules choc. Souvent, le résultat est très loin de l’euphorie décrite, et plus proche de convenances formelles et récurrentes. Et sans aller jusqu’à dire que les SORT SIND sont l’exception qui confirme la règle, on peut quand même souligner le côté roublard de l’affaire, qui sur une durée très limitée, parvient à insuffler une respiration épique à des morceaux concis.
Trente-deux minutes, pas une de plus, mais largement de quoi se faire une idée sur un potentiel que l’on estime conséquent. Loin du chaos habituel des résidents du purgatoire mélodique, I Skyggen af Livet parvient à réconcilier le Death scandinave des nineties, et son pendant Black norvégien de la même époque. De quoi flatter les bas instincts des deux camps, sans leur donner l’impression d’être dupés par excès de séduction. Non, loin de deux couards incapables de choisir un camp pour ne pas s’aliéner un auditoire plus vaste, les SORT SIND se posent plutôt comme des admirateurs de l’extrême, affranchis de tout cliché et autres querelles de clocher. En résumé, tous les arguments sont bons du moment qu’ils servent le but général.
Et ce but général justement, est de proposer des titres riches, conséquents, ambitieux, et non dénués de complexité technique. Si les riffs se les gèlent au coin des congères les plus mortelles du nord de l’Europe (merci Euronymous et EMPEROR), la rythmique nous réchauffe les doigts engourdis et les tympans en sommeil, et ce décalage entre une certaine forme de subtilité et une complexité indéniable produit un résultat épiphanique, qui tient autant d’un désir progressif que d’un instinct d’immédiateté.
L’écoute est donc agréable, à défaut d’être surprenante, même si quelques plans viennent nous extirper du schéma bien dessiné. Les quelques passages lourds et emphatiques nous ramènent aux grandes heures du BM originel, alors que la voix grave nous laisse sur le trottoir d’un Death à l’allemande, glauque, opaque et sans espoir.
Superbement produit, I Skyggen af Livet est donc loin d’un premier jet couché à la hâte pour profiter d’une hype underground quelconque. Ces huit morceaux, intelligemment agencés sont la preuve des moyens d’un groupe qui pourrait bien dans les années à venir réclamer une place de choix sur la ligne de départ d’une nouvelle génération extrême venue du froid. Car en développant tous ses points forts, le duo est capable d’accoucher d’une grande œuvre, faisant fi des limites et frontières pour fédérer tous les publics avides de violence sensée et de cruauté tout sauf gratuite.
En attendant cet hypothétique jour, I Skyggen af Livet reste un premier album fabuleux, aux intentions claires mais exprimées avec la science exacte des musiciens les plus capables. L’hiver approchant à grands pas, il pourrait être la bande-son d’une saison froide et rigoureuse, que l’on écoutera avec attention le nez gelé et les mains congelées, à déblayer la neige quelque part dans une campagne isolée quelconque.
Et si possible, avant que le soleil ne se lève. L’obscurité sied admirablement bien à ce genre de tâche.
Titres de l’album:
01. Morke
02. Fortærer
03. Foragt
04. Hævntorst
05. Tomhed
06. Skygge
07. Sortsyn
08. Dysterhed
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