Amusantes les coïncidences. Alors que je préparais avec amour la terre pour mes futurs plants de tomates (variété Gordal pour les initiés), je me suis souvenu d’une première partie vue l’année dernière en ouverture de BENIGHTED à Angoulins. Pour ceux qui ne sont pas de la région, Angoulins se situe un peu au sud de La Rochelle et abrite l’une des salles les plus prisées du coin, le Crossroad. Sur cette date, Julien et les siens étaient supportés par un groupe local, au look sobre, au chanteur moustachu, mais à l’énergie velue. ANESYS, sans provoquer un AVC m’avait suffisamment séduit pour que suive son parcours sans vraiment le chercher, et cet évènement - la sortie d’un premier album en est toujours un - me permet de me reconnecter à cette soirée en étuve durant laquelle les deux groupes avaient tout fait pour faire grimper la température. Si la mise en place était encore un poil approximative, la musique, elle, sonnait pro et carrée, et l’arrivée d’Ice Age permet de confirmer que les rochelais en ont sous la semelle en matière de puissance sonore.
ANESYS ce sont cinq potes qui n’ont cure des clous et du cuir, et qui depuis quelques années perfectionnent leur approche de reproduction des enseignements scandinaves des années 90. Il est impossible de ne pas établir un parallèle solide entre ce premier disque et la scène de Göteborg, tant le quintet capitalise sur cette micro-révolution pour signer un plan de bataille béton.
Mathis Vivien (basse), Mathieu Kluba (batterie), Mendi Etchegoyhen & Axel Derand (guitares) et Charlie Burnedfoot (chant) jouent crânement leur carte, et imposent un son, une attitude, qui sans chercher à révolutionner le mouvement #oldschool lui permettent de remettre au goût du jour des réflexes anciens. Ces réflexes se matérialisent sous la forme de sept morceaux, ce qui reste un peu chiche, mais qui n’empêche guère d’empiler les idées comme les cranes dans les couloirs des catacombes de Paris. Car le tracklisting d’Ice Age est un véritable catalogue de riffs et de reprises abruptes, dans le plus logique raisonnement d’un Death Metal nordique, combinant mélodies fatales et attaques létales.
Aussi classique que peut l’être un effort formel et balisé, Ice Age ne vous ramènera pas à l’âge de glace, mais bien à celui des enfers personnels d’un pays qui depuis n’a jamais baissé sa garde ni remis en jeu son trône. Si la Suède est à l’honneur, et le chaos à l’horreur, ANESYS sait aussi faire preuve d’une précision et d’une inspiration personnelles, comme le démontre « Remain Sweet Vain », impeccablement coupé en son milieu par un break évolutif glissant sur un solo très à propos.
Bons musiciens sur scène, les ANESYS sont aussi performants et convaincants en studio. Entre franchise radicale et réflexion malléable, le quintet louvoie avec beaucoup d’intelligence, même si sa musique reste sur un chemin connu et arpenté. On louera donc le travail d’une paire de guitaristes sinon inventifs, du moins productifs, mais aussi la cohérence d’un grogneur qui n’en rajoute pas dans le pathos pour tirer le projet vers les cryptes les moins entretenues.
Uppercuts et crochets du gauche, jeu de jambes peut-être encore un peu tendre mais punch indéniable, ANESYS joue avec le tempo pour nous laisser sur nos gardes, anticipant les coups comme on peut. « Turtle Shell » oblige par exemple à bien lever sa garde pour ne pas se prendre une droite directement dans le menton, son ambiance macabre et son aplatissement cervical mettant au tapis en deux ou trois gnons bien placés. Une grosse basse surdistordue, quelques allusions au Swedish Death de la fin des années 80, une sensation venteuse et morbide, pour une déviation assez habile et qui relance les débats.
Percussif et assez rapide et concis pour ne pas lasser, Ice Age peut évoquer un nouvel âge de glace après extinction de masse. « I Warm My Heart by Killing People » décrit même cette époque tragique avec ses licks congelés et sa brutalité massive, et nous bouscule de sa méchanceté qui n’est finalement qu’une réaction logique aux évènements contemporains.
C’est évidemment le long final « Ice Age » qui attise toutes les convoitises avec ses huit minutes de développé/couché. Le groupe s’y montre à son meilleur, et synthétise tous ses arguments avec une belle maîtrise de la langue. Ces envies progressives, ces idées progressistes, et cet ancrage dans la tradition de la bestialité la moins clinique font de ce final le feu d’artifices qu’on est en droit d’attendre d’une telle fête, même un lundi de Pâques, plus propice au recueillement et aux prières individuelles et collectives.
Agressivité, souplesse, mélodies, enchaînements qui agressent, Ice Age fait son entrée, discrètement, mais surement. Une poignée d’individualités notables pour un contrat passé sans notaire, et un Death Metal que l’on sentait déjà proche de la maturation il y a quelques mois. Et puis, sans être chauvin, La Rochelle, c’est presque chez moi.
Titres de l’album :
01. Outcasted Navigator
02. Famous War
03. Remain Sweet Vain
04. Turtle Shell
05. I Warm My Heart by Killing People
06. Nivis
07. Ice Age
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
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29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37
Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)
28/04/2025, 19:19
Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.
28/04/2025, 18:42
Dernière minute !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répon(...)
28/04/2025, 15:56
Que de bons vieux souvenirs au Chaulnes metalfest ! Entombed, Summon (!!!), Garwall, Kronos, etc... Le tout dans une ambiance survoltée à chaque fois... L'orientation musicale à bien changée par contre à ce que je vois...
28/04/2025, 10:31
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
27/04/2025, 12:35