Alors qu’Israël vient juste de remporter le dernier concours Eurovision, succédant ainsi au Portugal l’année dernière, il semblerait qu’en marge de ces grandes célébrations télévisuelles, l’Espagne montre une volonté affirmée de se replacer sur le devant de la scène européenne en termes de Hard Rock et de Heavy Metal. Outre ses représentants Hardcore et sa scène Thrash old-school, toutes les deux très vivaces, ses groupes plus fondamentalement Heavy font montre de velléités indéniables, au point de menacer le leadership allemand et la mainmise anglo-américaine. Il n’est pas vraiment étonnant dès lors que le mythique label italien Frontiers soit en première ligne pour les défendre, et c’est avec un certain plaisir que nous retrouvons aujourd’hui un combo réputé qui avance ses pions avec grande intelligence, au moment de proposer au public son troisième et si délicat album. On sait le cap de la confirmation très difficile à passer, et nombre d’artistes s’y sont cassé les dents, errant sur les chemins de la diversité trop prononcée, ou au contraire, jouant la carte de la sécurité avec un peu trop d’application. Mais avec des instrumentistes de la trempe de Ronnie Romero (chant), Tony Hernando (guitare), Andy C. (batterie) et Dani Criado (basse), il n’y avait aucun souci à se faire, tant la classe de ce quatuor éclabousse toute la concurrence en termes de Hard moderne et subtilement ciselé. Mais autant l’avouer de suite, la surexposition dont jouissent les LORDS OF BLACK aujourd’hui n’est pas étrangère au fait que son chanteur se retrouve membre à part entière de la reformation du RAINBOW de Ritchie Blackmore, fantasque guitariste enfin de retour aux affaires après avoir été le chantre d’un Folk médiéval un peu roboratif pendant des années. D’ailleurs, le ténébreux guitariste ne tarit pas d’éloge sur son nouveau chanteur, le comparant à une union vocale entre Ronnie James Dio et Freddy Mercury, avec tout le débordement d’enthousiasme que ce dithyrambe suggère…
Et sans tomber dans l’exagération, autant avouer que les prouesses vocales du sieur Ronnie Romero constituent l’un des points forts de cet Icon Of The New Days, qui n’est pourtant pas avare de performances personnelles. Avec des instrumentistes au bagage aussi solide que le Rock, et deux albums dans la besace (un premier éponyme, suivi d’un logique II à l’attrait similaire), les LORDS OF BLACK jouent sur du velours, mais ne se contentent pas pour autant de surfer sur la vague du buzz créé par l’incorporation d’un des leurs à l’un des groupes les plus mythiques de l’histoire du Hard Rock. Et galvanisés par une telle publicité, mais aussi certains du potentiel de leurs nouvelles compositions, les espagnols tentent donc la grande œuvre, et nous offrent avec ce troisième chapitre l’œuvre la plus ambitieuse de leur carrière, qui ose les soixante-quinze minutes de musique pour douze morceaux, dont un triptyque et un épilogue long de douze minutes, histoire de bien appuyer sur le fait qu’ils ne comptent pas jouer la discrétion pour annoncer leur retour. Produit une fois de plus par Roland Grapow secondé par le guitariste Tony Hernando, aux Cadillac Blood Studios, Grapow’s Studios, TH7 Studios, et Solid Engine Studios, mixé et masterisé par Roland lui-même, Icon Of The New Days bénéficie donc d’un son parfaitement adapté à ses convictions, et assure une livraison homogène de la pochette au contenu, qui sans surprise se concentre sur un Heavy mélodique et agressif délicatement moderne, refusant la facilité de l’affiliation vintage, tout en assumant ses influences célèbres, ajoutant même une petite touche de RAINBOW au passage, en forme de clin d’œil évidemment, mais aussi d’aveu d’allégeance à une musique contemporaine trouvant ses racines dans les fertiles seventies. Inutile de dire que la qualité est évidemment au rendez-vous, de l’interprétation à la composition, de la production aux arrangements, même si l’heure et le quart proposés sont sans doute un peu excessifs au regard du style un peu figé, et osons-le dire, un peu ampoulé. Testarossa du Heavy Metal, ce troisième LP à les défauts de ses qualités, et présente parfois un caractère légèrement redondant que les détracteurs les plus farouches du genre ne manqueront pas de souligner, en arguant du fait que certains morceaux se ressemblent un peu trop, malgré des performances individuelles notables. Mais c’est l’écueil généralement difficile à éviter que ce genre de combos affrontent avec plus ou moins de bonheur, et en étant tout à fait honnête, il est certain qu’en condensant un peu leur propos, les espagnols auraient gagné en concision, et nous auraient présenté une œuvre plus resserrée, et plus dense. Comme quoi parfois, et souvent même, le mieux est l’ennemi du bien, même si cet album vous en veut beaucoup.
Car sur ces douze chapitres, peu restent sous la barre raisonnable des cinq minutes, et la dépassent même allègrement en plusieurs occasions, sans vraiment développer les idées nécessaires pour laisser le chronomètre courir. On sent que les références du quatuor sont de plus en plus présentes, de celles nommées par leur label (SONS OF APOLLO, CORELEONI, THE FERRYMEN, ICED EARTH, ACCEPT, JORN, JUDAS PRIEST, DIO, HAMMERFALL, HELLOWEEN, IRON MAIDEN), à d’autres plus en filigrane, comme Yngwie MALMSTEEN ou PERIPHERY, en passant par DREAM THEATER, et les rares titres s’en éloignant permettent d’aérer un peu l’ensemble, et de lui conférer une patine plus souple, à l’instar de ce « Fallin’ » aux astuces synthétiques et à la construction plus directe et sobre. Et si la voix puissante et lyrique de Ronnie Romero fait souvent des merveilles, elle peine à extirper les segments les plus classiques et redondants de la routine dans laquelle ils s’enlisent, même si de son côté, Tony Hernando fait tout pour détourner l’attention en décochant des soli à faire pâlir toutes les étoiles de la galaxie six-cordiste. Il est toutefois assez difficile de se montrer trop critique à l’égard d’un album qui use de toutes les astuces possibles pour unir le Metal classique et le Hard moderne, et qui y parvient assez régulièrement, mais en écrémant une bonne vingtaine de minutes du compteur, les LORDS OF BLACK auraient pu se focaliser sur les morceaux les plus imaginatifs et efficaces, comme ce progressif et envoutant « King’s Reborn » qui de son évolution et de son riff méchamment accrocheur fait partie des plus grandes réussites, au même titre que son reflet initial « World Gone Mad », aussi puissant qu’un démarrage en trombe des RACER X.
Impossible de passer sous silence le final homérique de « All I Have Left », qui de ses sept-cent-vingt secondes nous offre un état des lieux du Heavy progressif moderne, et qui laisse enfin Ronnie faire la démonstration de sa palette vocale et de son utilisation des nuances, pour un voyage aux confins de l’émotion, nous laissant sur une impression de nostalgie durable. Et si les fans d’un Heavy agressif et emphatique seront aux anges une fois l’écoute d’Icon Of The New Days achevée, les plus nuancés se montreront sans doute plus modérés, tancés par tant d’informations jetées en pâture sans vraiment faire le tri. Mais autant reconnaître que le travail accompli a porté ses fruits, et que ce troisième album reste en dépit de ces quelques critiques sincères un excellent disque de Heavy Metal à l’aise dans son époque.
Titres de l'album:
1. Let's Have Fun Tonight
2. Worth Dying For
3. Last Man Standing
4. Come Back Again
5. All Over Now
6. Mess You Made
7. Only Human
8. Standing Still
9. Gravity
10. Turning Pages
11. Fade Away
12. Go To War
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