Du Thrash avec des influences Doom, voilà qui intrigue et met en appétit. Après tout, les deux styles peuvent se compléter, la lancinance du second tempérant les ardeurs véloces du premier. C’est ainsi que j’ai découvert le premier album des allemands de MINDCROSS, qui portent leur croix mentale avec beaucoup d’énergie et de conviction. Power-trio mixte étrange, MINDCROSS ne peut assurément pas se ranger sur les étagères déjà encombrées par la nostalgie Thrash, puisque sa musique comporte des éléments de Death, de Black, de Doom, de Thrash, pour finalement ne pas ressembler à quelque chose de facilement identifiable.
Entre des couplets à la limite du Black/Thrash et de soudaines mélodies vocales, une férocité de ton et des ambitions de mise en place, le trio de Herborn se démarque donc dans l’actualité, et malgré quelques petites erreurs d’amateur, on ne peut que louer les qualités d’un album qui se veut un tant soit peu plus original que la moyenne.
Il faut bien sur adopter cette production encore approximative, ces humeurs changeantes, et cette violence biscornue, entre injonctions virulentes et aménagements plus fluides. Mais un morceau comme « Ain't Religious » est à ce point hypnotique qu’on se laisse séduire par une optique sombre mais originale, entre le Black italien des années 90 et le Thrash germain affolé des années 80.
Analogique, sans compression, dense et touffu, parfois diffus, Identity en est une singulière, sans conteste, entre riffs de circonstance et chant poussif et éructé entre deux crises de toux. Parfois à la limite de la démo professionnelle, Identity voyage au long-cours entre le Brésil, la Russie, la Pologne et l’Allemagne, pour assembler ses idées en un carnet de bord très détaillé.
Et le trio ne manque pas d’ambitions. Avec près d’une heure de musique et de titres à rallonge, MINDCROSS ne joue pas les pinces, et nous en donne pour notre temps. Si l’allusion au Doom semble légèrement exagérée, on trouve quand même de ci de là des passages lourds et moites, comme celui qui annonce « Identity », title-track sournois et futé. Difficile d’expliquer ce qui peut constituer la base de la séduction d‘un tel groupe, autrement qu’en appelant la mémoire à se souvenir du HEXX de fin de carrière, ou d’un CANDLEMASS lyrique et tragique, dopé à la tristesse d’un PARADISE LOST des jeunes années (« Visions Of The Past »).
Entre mélancolie macabre, colère diffuse et contes de la nuit noire, entre blasts posés comme ça et riffs tronçonnés au détail, MINDCROSS tire son épingle du jeu via un habile crossover. Beaucoup plus intéressant qu’un vulgaire Blackened Thrash de bas étage, Identity s’accorde très bien de sa propre singularité, et de sa différence sur la scène Thrash actuelle. Pas de facilité à la Bay-Area, pas de citation allemande dans le texte, et une envie d’aller voir ailleurs si la brutalité n’est pas plus verte.
« Comet Of Doom » propose le meilleur des deux ou trois mondes, et juxtapose des couplets vilains comme des teignes et un refrain plus abordable. Là est donc la principale qualité de ce trio, capable de passer du coq Thrash à l’âne Doom, tout en sautant les haies Black sans peine.
Mais je ne compte pas vous vendre cette sortie comme l’épiphanie d’une fin d’année brutale. Les thèmes ont tendance à méchamment se répéter d’un morceau à l’autre, et le tout manque encore d’assurance. « To My Inner Drives » est certes et sans conteste bien agressif (et certainement ce qui se rapproche le plus du Thrash classique), « Uncertain Will » plein de nuances et noyé sous une lune de haine, mais l’ensemble pèche encore par ses approximations, et ses breaks qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais ce mixage d’inspirations multiples présente un certain intérêt, et nous permet d‘oublier pendant une heure les convenances d’une vague old-school par trop prévisible et pénible.
En serrant deux ou trois boulons, les allemands de MINDCROSS parviendront à produire une œuvre originale, et se faire un nom dans le petit monde de l’extrême européen. D’ici-là, sachons apprécier cette envie d’ailleurs pour ce qu’elle est, les exceptions étant rares dans un monde trop bien réglé par ses mauvaises habitudes.
Titres de l’album :
01. Kiss My Blade
02. Ain't Religious
03. Dance Of The Undead
04. Identity
05. Exit Insanity
06. Visions Of The Past
07. Comet Of Doom
08. To My Inner Drives
09. Uncertain Will
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11