Je vous jure que je ne l’ai pas fait exprès, mais actualité musicale oblige, je me vois confronté pour la deuxième fois ce matin à un groupe de Metal pur jus. Sauf que cette fois-ci, je ne suis allé le chercher ni en Angleterre, ni en Allemagne, ni en Italie ou en Grèce, mais bien en Australie, pays peu réputé pour ses représentants les plus classiques. Mais les DARKER HALF sont loin d’être des débutants de la cause, puisqu’ils animent les scènes australes et mondiales depuis quelques années, les ayant partagées avec des références de la trempe de QUEENSRYCHE, EDGUY, SONATA ARCTICA, DARK FUNERAL, CHILDREN OF BODOM, NIGHTWISH, ACCEPT, HELLOWEEN ou STRATOVARIUS. Et il n’est pas étonnant de constater que des telles institutions aient accepté de confier leur lever de rideau aux originaires de Sydney, puisque avec ce quatrième longue-durée, les DARKER HALF confirment sans hésitation qu’ils sont bien le meilleur groupe de Heavy Metal austral du moment. Et après Duality (2009), Desensitized (2011) et Never Surrender (2014), If You Only Knew confirme que le quatuor (Vo Simpson - chant/guitare, Danny Ritz - guitare, Simon Hamilton - basse et Dom Simpson - batterie) perfectionne de plus en plus son approche, au point de devenir un monstre du Power Metal moderne, capable de rivaliser avec les meilleurs du genre. Certes, cette accession à la plus haute marche ne s’est pas faite sans concessions, et les accès mélodiques de plus en plus prononcés prouvent que les australiens veulent bien devenir des princes au royaume des rois. Mais très honnêtement, comment résister à une perle de Heavy comme « Into the Shadows », qui parvient à réconcilier l’écurie Frontiers et le cheptel Massacre sans faire de l’œil à l’un en caressant le poil de l’autre ? C’est impossible je vous l’accorde, même si ce titre n’est pas le plus symptomatique de cette nouvelle livraison.
Mixé par Chris Themelco aux Monolith Studios de Melbourne, Australie, et masterisé par Thomas “Plec” Johansson au The Panic Room de Skövde, en Suède, If You Only Knew se propose de synthétiser tous les courants et sous-genres du Heavy Metal classique et moderne, n’hésitant jamais à jouer sur la corde progressive pour toucher le cœur des fans de Metal emphatique et dramatique. Avec des titres qui atteignent ou dépassent souvent la barre des six minutes, les australiens n’ont pas joué la concision ni l’humilité, mais leur acuité mélodique et leur sens du riff efficace leur permettent de tutoyer les cimes, et de nous offrir parfois des mélanges particulièrement enivrants. Premier haut fait de l’album, « If You Only Knew », qui associe SANCTUARY, QUEENSRYCHE, METAL CHURCH, pour nous offrir un modèle de Power Ballad amère et nostalgique, aux harmonies très prononcées, mais à l’énergie non contrite. Avec des guitares qui s’expriment sans retenue, au premier plan avec des licks entêtants, mais aussi au second avec des soli pertinents et délicats, un chanteur qui module sa voix pour ne pas risquer de briser le cristal à chaque seconde, et une rythmique solide et stable, le groupe touche à la perfection, et offre un classique de premier choix au Heavy Metal le plus noble et teinté de Power. Mais il faut dire qu’avec une attaque aussi franche et efficace que « Glass Coloured Rose », la donne était faussée d’avance, et tous les atouts mis de côté. Le groupe savait très bien qu’après une si longue absence (six ans depuis leur dernier LP studio) ils n’avaient pas le droit à l’erreur, et c’est en invitant à leur propre sacre KING DIAMOND, STRATOVARIUS, IRON MAIDEN et NEVERMORE que les DARKER HALF s’imposent, acceptant et assumant leurs influences pour mieux les sublimer.
Flanqué d’un superbe artwork signé Karim König, et basé sur le tableau Stańczyk de l’artiste polonais Jan Matejko, If You Only Knew est plus qu’un simple quatrième album. Il est la confirmation de l’émergence d’une scène Heavy australe, une reprise de flambeau, et l’équivalent Metal d’un AIRBOURNE qui a repris les rênes du Hard-Rock survitaminé il y a quelques années. Alternant les impulsions, DARKER HALF nous propose donc une palette d’inspiration contrastée, oscillant entre le Metal musclé à la MAIDEN et mélodique à la HELLOWEEN/STRATOVARIUS (« Falling »), et le Progressif d’obédience moderne et puissante, via des allusions au DREAM THEATER le plus accessible, et son pendant sombre NEVERMORE, parvenant même à retrouver l’essence du QUEENSRYCHE le plus lyrique via le long et sinueux « Sedentary Pain ». Structures de base précieuses, arrangements léchés et astuces de mise en valeur futées, pour un Heavy Metal certes traditionnel, mais très personnel dans la forme. Si l’on reconnaît souvent les duels de guitares si chers à MAIDEN, les modulations de NEVERMORE et METAL CHURCH, les australiens parviennent toujours à se détacher d’un ancrage trop formel lors d’accélérations bondissantes (« The Bittersweet Caress »), qui n’hésitent pas à tremper leur cadence dans les eaux troubles du Thrash ou du Néo-Death suédois. Certes, je dois l’admettre, certains morceaux préfèrent la facilité d’un Metal à la PRIEST/MAIDEN (« Thousand Mile Stare »), mais même ces pauses formelles ne handicapent pas le triomphe global, grâce à des chœurs systématiques et à un sens de la mélodie très prononcé.
Mais ce qu’on recherche le plus sur un album de DARKER HALF, ce sont ces titres plus alambiqués, plus sombres, qui ont fait leur marque de fabrique, et le quatuor nous a gâtés, clôturant leur quatrième album avec deux morceaux ambitieux. « Poseidon » provoque les Dieux de la mer avec un son clair qui tranche avec la puissance ambiante, des lignes de chant doublées et une progression envoutante, tandis que « This Ain't Over » préfère pilonner un tempo lourd sur fond de riffs pesants et saccadés, nous laissant donc sur une impression de moiteur et d’atmosphère confinée. Avec une production ample mais pas écrasante, des fréquences respectées et des performances individuelles remarquables, If You Only Knew est une réussite de plus pour les originaires de Sydney, et surtout, l’affirmation de leur présence au premier plan d’une scène Heavy qui même des décennies après son émergence, parvient toujours à se renouveler sans se trahir.
Titres de l’album :
01. Glass Coloured Rose
02. Falling
03. Into the Shadows
04. If You Only Knew
05. Sedentary Pain
06. The Bittersweet Caress
07. Thousand Mile Stare
08. Poseidon
09. This Ain't Over
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30