STORMZONE fait partie de cette catégorie de groupes brillants, existant depuis des années, et ayant publié un nombre conséquent d’albums, sans jamais avoir vraiment cassé la baraque. Disposant d’une fanbase solide, développant un style classique et faisant les beaux jours des festivals d’été, les originaires de Belfast restent dans une seconde division de façon assez inexplicable au regard de la qualité de leur musique, et je dois reconnaître qu’en bientôt vingt ans de chroniques, je n’ai jamais eu affaire à eux. Oubli de ma part ? Malchance du hasard du calendrier ? Je ne saurai répondre à cette question, mais ce que je sais, c’est que je suis heureux d’avoir croisé leur chemin et d’avoir pu faire connaissance avec leur art, qui représente en quelque sorte la quintessence d’une méthode old-school éprouvée, mais ici sublimée et portée à ébullition de classicisme. Fondé en 2004, le groupe n’a attendu que deux ans avant de lancer son premier longue-durée Caught in the Act, qui de son titre rappelait la NWOBHM de SATAN, sans en adopter la démarche. S’en sont suivis cinq albums avec une régularité appréciable (Death Dealer en 2010, Zero to Rage en 2011, Three Kings en 2013, Seven Sins en 2015 et Lucifer’s Factory en 2018), et aujourd’hui, le quintet (John "Harv" Harbinson - chant, Steve Moore & Dave Shields - guitares, Graham McNulty - basse et Davy Bates - batterie) célèbre donc son septième album, avec un tonitruant Ignite the Machine dont la pochette ne fait pas dans la discrétion. Mais pas question de fanfaronnade ici, mais bien de Heavy Metal flamboyant joué avec classe et conviction, et à l’écoute de cette heure de musique, on se rend compte que le genre sous sa forme la plus traditionnelle a encore de beaux jours devant lui. On ressort galvanisé de cette expérience, certain d’avoir fait le bon choix durant notre adolescence, et les refrains homériques le disputent aux couplets rageurs, le tout décoré de soli plus que compétents. En gros, de l’excellent travail, avec cette petite touche personnelle qui fait les très bons albums.
Et c’est exactement ce qu’est Ignite the Machine. Après quelques minutes, et en découvrant la voix exceptionnelle de John "Harv" Harbinson, on se prend à imaginer une rencontre et une fusion impromptue entre le MAIDEN le plus historique et le STRYPER le moins mielleux, image qui ne manquera pas de stimuler votre imagination. Mais c’est précisément ce qui ressort d’un titre comme « My Disease », qui combine l’intégrité Metal des premiers et les harmonies Pop-Hard des seconds, et on se retrouve vite accro à cette fusion entre un Hard-Rock accessible et un Heavy incorruptible, comme si le meilleur des deux mondes avaient enfin trouvé son Eden. Mais pas de bondieuserie ici, ni de chaînes de l’enfer, juste une extraordinaire musique, puissante et racée, et capable de transcender les clichés et figures imposées pour pondre des hits imparables de la trempe de « Each Setting Sun » qui n’est pas sans évoquer un ANGRA plus agressif et moins cristallin. Mais avec une ouverture aussi brillante que « Tolling of the Bell », les irlandais jouent sur du velours, avec ces harmonies de guitare enchanteresses, et ce climat viril qui empêche la niaiserie harmonique. Du véritable Metal qui évite tous les poncifs à base de clous, de dragon et de sexe, et qui se concentre sur le plus important : la composition, et le dosage d’ingrédients pour atteindre le plus parfait équilibre. On est immédiatement conquis par ces nappes vocales en volutes mélodiques, par ce chant convaincant et lyrique, par ces soli qui provoquent Yngwie sur son propre terrain sans verser dans la démonstration, et par cette production impeccable qui n’en fait jamais trop. Incroyablement doués pour trousser des intros brûlantes, les musiciens ne perdent pas une seconde de ces soixante-et-une minutes pour nous convaincre de leur talent, et accentuent les aspects les plus durs pour ne pas léser les Metal addicts qui préfèrent les poussées de fièvre aux montées de tendresse (« Ignite the Machine »). Mais le quintet ne néglige personne dans le fond, et satisfait tout le monde, empilant les moments de bravoure comme le cariste les cartons dans l’entrepôt, se laissant même aller à des inflexions plus modulées à l’occasion du superbe « Nothing to Fear ».
Alors le chroniqueur qui se veut honnête et objectif retourne le problème dans tous les sens, cherche la faille dans la perfection, mais ne la trouve pas, puisque tous les morceaux, bien qu’homogènes dans la globalité, possèdent leur propre identité, adoptant un tempo rapide ou jouant les gros bras Metal. On pense à une fusion entre Frontiers, AOR Heaven et Pure Steel, mélangeant l’ADN de leurs poulains respectifs pour créer le groupe parfait, et l’album déroule, les hits déboulent, et « Revolution » de présenter un visage eighties très séduisant, avec toujours en exergue ces breaks en solo qui laisse deux guitaristes nous en mettre plein la vue pour à peine deux ronds. Le talent de Steve Moore & Dave Shields est en effet à souligner, eux qui incarnent la quintessence des meilleurs duos de l’histoire du Metal, et qui incarnent la relève des paires Smith/Murray et Tipton/Downing, avec cette souplesse héritée du touché le plus suédois. Et si la rythmique se contente souvent de propulser la machine à bon régime, elle n’en fait pas moins montre d’une redoutable efficacité. Se reposant sur un instrumental impeccable, John "Harv" Harbinson n’a plus qu’à poser ses lignes en toute confiance, nous évitant les délires de Castafiore coincée dans le parking de la Scala, et restant dans un registre médium qui lui convient à merveille. Toujours à la lisière d’un Power Metal raisonnable, les STORMZONE pratiquent une sorte de Power Hard de haute volée, raisonnable en termes de décibels, mais ambitieux au niveau des exigences. On sent souvent l’importance des structures héroïques à la MAIDEN (« New Age Necromancer »), et s’il est possible de souligner la longueur un peu excessive de l’ensemble, tout le monde s’accordera à dire que les fans de Hard Rock en général sauront louer les qualités d’un quintet qui connaît son sujet par cœur (« Dealer's Reign » et ses syncopes rythmiques bien senties).
Se montrant allusif à toutes les références les plus indispensables des années 80 (« Flame That Never Dies » et son parfum SCORPIONS), Ignite the Machine rallume la flamme Heavy la plus ardente, et propose une fin d’album plus modulée, avec des titres plus lents et adoucis (« Under Her Spell »), avant de s’achever sur un postulat définitif et couché sur CD avec fermeté. « This Is Heavy Metal » est en effet l’assertion la plus indéniable, avec son déluge de guitares en fusion et sa passion ouverte et avouée pour une musique simple, efficace et bien agencée. Comment douter de la franchise des irlandais après avoir encaissé ce choc final ? Et la question essentielle de se poser : pourquoi les STORMZONE ne sont-ils pas plus exposés, au regard de leur incroyable potentiel ? Espérons qu’Ignite the Machine fasse tout exploser sur son passage et que le quintet trouve enfin la place qu’il mérite.
Titres de l’album:
01. Tolling of the Bell
02. Ignite the Machine
03. My Disease
04. Each Setting Sun
05. Dragon Cartel
06. Nothing to Fear
07. Revolution
08. New Age Necromancer
09. Dealer's Reign
10. Flame That Never Dies
11. Under Her Spell
12. This Is Heavy Metal
Pas une seule vanne lourdingue de poisson d'avril à l'horizon cette année...Je m'inquiète donc pour votre petite santé les gars... ... ...
02/04/2025, 09:16
Je tombe sur la chronique et ce visuel de groupe intrigant. Cette nouvelle offrande est franchement pas mal, à confirmer avec plus d'écoutes.
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Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
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