Ignite the Machine

Stormzone

31/07/2020

Metalapolis Records

STORMZONE fait partie de cette catégorie de groupes brillants, existant depuis des années, et ayant publié un nombre conséquent d’albums, sans jamais avoir vraiment cassé la baraque. Disposant d’une fanbase solide, développant un style classique et faisant les beaux jours des festivals d’été, les originaires de Belfast restent dans une seconde division de façon assez inexplicable au regard de la qualité de leur musique, et je dois reconnaître qu’en bientôt vingt ans de chroniques, je n’ai jamais eu affaire à eux. Oubli de ma part ? Malchance du hasard du calendrier ? Je ne saurai répondre à cette question, mais ce que je sais, c’est que je suis heureux d’avoir croisé leur chemin et d’avoir pu faire connaissance avec leur art, qui représente en quelque sorte la quintessence d’une méthode old-school éprouvée, mais ici sublimée et portée à ébullition de classicisme. Fondé en 2004, le groupe n’a attendu que deux ans avant de lancer son premier longue-durée Caught in the Act, qui de son titre rappelait la NWOBHM de SATAN, sans en adopter la démarche. S’en sont suivis cinq albums avec une régularité appréciable (Death Dealer en 2010, Zero to Rage en 2011, Three Kings en 2013, Seven Sins en 2015 et Lucifer’s Factory en 2018), et aujourd’hui, le quintet (John "Harv" Harbinson - chant, Steve Moore & Dave Shields - guitares, Graham McNulty - basse et Davy Bates - batterie) célèbre donc son septième album, avec un tonitruant Ignite the Machine dont la pochette ne fait pas dans la discrétion. Mais pas question de fanfaronnade ici, mais bien de Heavy Metal flamboyant joué avec classe et conviction, et à l’écoute de cette heure de musique, on se rend compte que le genre sous sa forme la plus traditionnelle a encore de beaux jours devant lui. On ressort galvanisé de cette expérience, certain d’avoir fait le bon choix durant notre adolescence, et les refrains homériques le disputent aux couplets rageurs, le tout décoré de soli plus que compétents. En gros, de l’excellent travail, avec cette petite touche personnelle qui fait les très bons albums.

Et c’est exactement ce qu’est Ignite the Machine. Après quelques minutes, et en découvrant la voix exceptionnelle de John "Harv" Harbinson, on se prend à imaginer une rencontre et une fusion impromptue entre le MAIDEN le plus historique et le STRYPER le moins mielleux, image qui ne manquera pas de stimuler votre imagination. Mais c’est précisément ce qui ressort d’un titre comme « My Disease », qui combine l’intégrité Metal des premiers et les harmonies Pop-Hard des seconds, et on se retrouve vite accro à cette fusion entre un Hard-Rock accessible et un Heavy incorruptible, comme si le meilleur des deux mondes avaient enfin trouvé son Eden. Mais pas de bondieuserie ici, ni de chaînes de l’enfer, juste une extraordinaire musique, puissante et racée, et capable de transcender les clichés et figures imposées pour pondre des hits imparables de la trempe de « Each Setting Sun » qui n’est pas sans évoquer un ANGRA plus agressif et moins cristallin. Mais avec une ouverture aussi brillante que « Tolling of the Bell », les irlandais jouent sur du velours, avec ces harmonies de guitare enchanteresses, et ce climat viril qui empêche la niaiserie harmonique. Du véritable Metal qui évite tous les poncifs à base de clous, de dragon et de sexe, et qui se concentre sur le plus important : la composition, et le dosage d’ingrédients pour atteindre le plus parfait équilibre. On est immédiatement conquis par ces nappes vocales en volutes mélodiques, par ce chant convaincant et lyrique, par ces soli qui provoquent Yngwie sur son propre terrain sans verser dans la démonstration, et par cette production impeccable qui n’en fait jamais trop. Incroyablement doués pour trousser des intros brûlantes, les musiciens ne perdent pas une seconde de ces soixante-et-une minutes pour nous convaincre de leur talent, et accentuent les aspects les plus durs pour ne pas léser les Metal addicts qui préfèrent les poussées de fièvre aux montées de tendresse (« Ignite the Machine »). Mais le quintet ne néglige personne dans le fond, et satisfait tout le monde, empilant les moments de bravoure comme le cariste les cartons dans l’entrepôt, se laissant même aller à des inflexions plus modulées à l’occasion du superbe « Nothing to Fear ».

Alors le chroniqueur qui se veut honnête et objectif retourne le problème dans tous les sens, cherche la faille dans la perfection, mais ne la trouve pas, puisque tous les morceaux, bien qu’homogènes dans la globalité, possèdent leur propre identité, adoptant un tempo rapide ou jouant les gros bras Metal. On pense à une fusion entre Frontiers, AOR Heaven et Pure Steel, mélangeant l’ADN de leurs poulains respectifs pour créer le groupe parfait, et l’album déroule, les hits déboulent, et « Revolution » de présenter un visage eighties très séduisant, avec toujours en exergue ces breaks en solo qui laisse deux guitaristes nous en mettre plein la vue pour à peine deux ronds. Le talent de Steve Moore & Dave Shields est en effet à souligner, eux qui incarnent la quintessence des meilleurs duos de l’histoire du Metal, et qui incarnent la relève des paires Smith/Murray et Tipton/Downing, avec cette souplesse héritée du touché le plus suédois. Et si la rythmique se contente souvent de propulser la machine à bon régime, elle n’en fait pas moins montre d’une redoutable efficacité. Se reposant sur un instrumental impeccable, John "Harv" Harbinson n’a plus qu’à poser ses lignes en toute confiance, nous évitant les délires de Castafiore coincée dans le parking de la Scala, et restant dans un registre médium qui lui convient à merveille. Toujours à la lisière d’un Power Metal raisonnable, les STORMZONE pratiquent une sorte de Power Hard de haute volée, raisonnable en termes de décibels, mais ambitieux au niveau des exigences. On sent souvent l’importance des structures héroïques à la MAIDEN (« New Age Necromancer »), et s’il est possible de souligner la longueur un peu excessive de l’ensemble, tout le monde s’accordera à dire que les fans de Hard Rock en général sauront louer les qualités d’un quintet qui connaît son sujet par cœur (« Dealer's Reign » et ses syncopes rythmiques bien senties).

Se montrant allusif à toutes les références les plus indispensables des années 80 (« Flame That Never Dies » et son parfum SCORPIONS), Ignite the Machine rallume la flamme Heavy la plus ardente, et propose une fin d’album plus modulée, avec des titres plus lents et adoucis (« Under Her Spell »), avant de s’achever sur un postulat définitif et couché sur CD avec fermeté. « This Is Heavy Metal » est en effet l’assertion la plus indéniable, avec son déluge de guitares en fusion et sa passion ouverte et avouée pour une musique simple, efficace et bien agencée. Comment douter de la franchise des irlandais après avoir encaissé ce choc final ? Et la question essentielle de se poser : pourquoi les STORMZONE ne sont-ils pas plus exposés, au regard de leur incroyable potentiel ? Espérons qu’Ignite the Machine fasse tout exploser sur son passage et que le quintet trouve enfin la place qu’il mérite.                                          

                           

Titres de l’album:

01. Tolling of the Bell

02. Ignite the Machine

03. My Disease

04. Each Setting Sun

05. Dragon Cartel

06. Nothing to Fear

07. Revolution

08. New Age Necromancer

09. Dealer's Reign

10. Flame That Never Dies

11. Under Her Spell

12. This Is Heavy Metal


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 08/04/2021 à 17:06
90 %    1262

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30