L’underground aura notre peau. Je vous le dis, et je l’affirme, il nous poussera dans la tombe. Et en plus, inutile de se plaindre puisque nous l’aurons cherché. A force de nous y plonger pour éviter les dérives du mainstream et du préenregistré, il nos noiera sous des flots d’impuretés dont nous aurons avalé trop de toxines.
La faute à qui finalement, nous, fans et acheteurs, ou à tous ces groupes qui produisent dans l’ombre sans rien demander à personne, représentant la partie immergée d’un iceberg que personne ne souhaite voir dans sa globalité ?
Un peu des deux je crois, mais finalement, les albums balancés sur les Bandcamp et les liens copiés à la hâte sur les pages Facebook sont les tapes et flyers d’aujourd’hui, ceux que l’éthique DIY et Punk prônent depuis leur création, et avant leur récupération par des majors peu scrupuleuses et autres gros indépendants ne l’étant pas vraiment.
La question est quand même…
UNCLE RAY est-il l’oncle un peu crado du Punk et du Hardcore, celui qui vous serre la main sans se l’être lavée, et qui pose son gros cul pourri dans le canapé ?
Un peu, mais finalement, il est assez attachant. Et puis, on le connaît, on sait que tout ça n’est pas méchant, même si c’est foutrement bruyant.
Cet oncle nous en vient donc de Windsor, Ontario, Canada, le pays où il fait froid, et où on se réchauffe comme on peut en hurlant et vitupérant contre les frimas. Déjà dépositaire d’un EP de présentation, et d’une démo ornée de sa probable photo, UNCLE RAY est le genre de tonton un peu brouillon, qui ne fait rien comme les autres, et marche souvent sans sa canne et sur la tête.
Un tonton qui aime le Powerviolence, le Grind, le Hardcore, le Thrashcore, le Speedcore, le bordel et le foutoir, et finalement, toutes les excroissances qui finissent en Core.
Mais on en veut encore.
Et pourquoi ?
Parce que sa façon de traiter le bruit un peu de biais et sans vraiment s’avancer est salement spéciale et diablement spatiale. En fait, ce second EP, premier LP, ou ce que vous voulez est le genre de disque qu’on écoute d’une oreille un peu distraite au début, mais complètement concentrée au bout de quelques morceaux.
Qui sont pourtant plutôt courts.
Généralement, autour de la minute et quelques, et parfois, de la poignée de secondes. Mais aussi powerviolent soit ce II, il est aussi fort belliqueux et un peu nerveux. Inutile de vous attendre donc au torrent de blasts et de hurlements habituel et référent, ici les choses sont un peu moins évidentes. Voire, vraiment moins.
Mais comme on s’en rend compte dès « Miserable », on ne peut pas vraiment se sentir floué. Intro noisy en diable, avec sons tournoyants et feedback oppressant, tout ça sent l’Induscore un peu trituré qui fait mal au cerveau et aux mollets.
Et puis soudain, la rythmique se met en branle, vite accompagnée d’un riff sombre et gluant et d’un chant vraiment détonnant.
« Perennial » prend les devants, et ose des percussions au son plutôt perturbant, comme une vieille rondelle de GBH/CRASS jouée sur un pick-up des grands-parents. Tempo qui s’écrase et joue le Core crasse, pour une symphonie de la girouette qui n’en peut plus de tourner sur elle-même.
Et il est vrai qu’en termes de Powerviolence pur, les UNCLE RAY ne sont pas vraiment les plus rapides ou les plus assourdissants.
Mais leur raffut est éminemment sympathique et bordélique, et tempête entre Thrashcore à la CRYPTIC SLAUGHTER et Noise Indus à la NAILS. Mais en version vraiment très personnelle et agitée de samples et autres perturbations assommantes (« Root », no music, just noise, ans everybody’s happy).
C’est souvent pataud et un peu gauche dans la lourdeur soudainement bousculée par l’ardeur (« Webs », des toiles d’araignée un peu partout sur ce foutu canapé), et abrasif dans le mélange entre arrangements irritants et musique oppressante et irrégulière (« Strong Arm », bel exercice rythmique pas vraiment mathématique).
Mais en fait, II est symptomatique d’un monde à part, qui réfute tout principe de logique et de brutalité continue et soutenue. Ici, on mise tout autant sur le grincement de sons industriels perturbants, de dialogues cryptiques énoncés gravement, que sur une bande-son tout à l’avenant, maltraitant le Hardcore pour le métalliser de grosses guitares presque customisées Doom qui se prennent soudainement de grosses griffures Crust’n’Core qui abiment la peinture (« Stillness »).
Mais heureusement, ces traces de Crust anglais sont parfois assez persistantes pour durer plus d’une poignée de secondes, et ainsi assurer le lien entre un DISCHARGE mis à mal et un INTENSE MUTILATION à poil (« Open Doors »).
En gros comme en détail, pas mal de bizarrerie, mais pas d’ennui, même si les pistes se multiplient.
Nous avons même droit à une presque chanson entière (« Tough Guy », quasi deux minutes), qui respecte les mêmes non codes usuels, et qui laisse son batteur faire ce que bon lui semble, pendant que la guitare découpe un thème un poil rouillé.
Et puis, comme d’habitude, le tout est vite noyé sous un déluge de plomb de sons qui agacent les tympans. Que voulez-vous, c’est du déviant.
Alors non, ce bon vieil UNCLE RAY n’est pas forcément méchant. Il est un peu comme le Don Vito de Bam Margera. Gros, gras, lourd, agité, et à la diction pas toujours assurée.
Un mec que personne n’arrive à cerner et qui parle comme une mitraillette enrayée qui tire des balles mouillées. Mais on l’aime quand même, parce qu’il est toujours imprévisible.
Et ça, dans l’underground, c’est une denrée toujours comestible.
Titres de l'album:
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