Les plus jeunes d’entre vous se demanderont sans doute d’où sort cette chanteuse qu’ils ne connaissent ni d’Eve ni de Satan, et pourtant, la génération précédente identifiera dans problème le timbre chaud de cette californienne que les années 80 ont présentée comme l’une des vocalistes les plus identifiables de sa génération. Il faut dire qu’une certaine connaissance du Heavy Metal torride et démonstratif d’il y a trente ans est indispensable pour comprendre que ce II, au titre équivoque n’est rien de moins que la suite un peu tardive d’un LP solo que LEATHER nous offrit un beau jour de 89, alors en rupture de ban de son groupe principal. Car LEATHER, loin d’être une inconnue pour les spécialistes, fut la vocaliste flamboyante du combo de David T CHASTAIN, groupe du même nom qui grava pour une certaine postérité une poignée d’albums incandescents, dont Mystery of Illusion et The 7th Of Never furent les plus notables. Leather Leone, c’est un peu la quintessence du Heavy Metal ricain dans toute sa splendeur et son respect des codes, mais surtout, une chanteuse au timbre rauque et méchamment Rock, qui d’une intonation vicieuse ou d’une envolée lyrique à la Rob Halford était capable de transcender des morceaux somme toute assez classiques. Une puriste, qui en trois décennies n’a rien perdu de son talent, ni de sa passion, et qui nous en revient en 2018 un second album solo sous le coude, vingt-neuf printemps après le miraculeux Shock Waves, qui s’il était passé plus ou moins inaperçu à l’époque, est depuis devenu l’objet d’un véritable culte, au point d’atteindre des prix indécents dans son édition d’origine. Alors, donner une suite à tel effort n’est pas chose facile, et nous étions nombreux à l’attendre au tournant. Et autant jouer cartes sur table. Si le son de II est beaucoup plus puissant que celui de son aîné, l’approche n’a pas varié d’un iota, et nous retrouvons donc la ténébreuse brune en pleine célébration d’un genre qu’elle a toujours affectionné plus que de raison.
Sans sombrer dans la facilité, il serait facile d’affirmer que la californienne a signé une suite parfaitement logique à son précédent album en solitaire, tant les points communs entre les deux LP sont légion. On retrouve ces inclinaisons Metal en fusion, cette énergie incroyable qu’elle dégage à chaque intervention, d’autant plus que la belle s’est entourée d’un line-up béton. Nous retrouvons donc à ses côtés une horde de mercenaires Heavy de première catégorie, Vinnie Tex (VIKING THRONE, ex-ENDLESS WAR) et Marcel Ross (MISTRUST, ex-NEUTRALIS, ex-IMAGO MORTIS) aux guitares, Thiago Velasquez (PAINSIDE, STATIK MAJIK) à la basse et Braulio Azambuja (GUTTED SOULS, INCOGNOSCI, VULGAR) à la batterie, qui épaulent la vocaliste de tout leur talent, éclaboussant les murs de tâches de sang métallique, histoire de faire la jonction entre la petite et la grande. Si LEATHER aurait pu sans peine intituler ce second effort Shock Waves II, cela n’en rend pas moins son retour plus qu’intéressant, puisque la chanteuse a légèrement durci le ton, frottant son Heavy à un Power de première catégorie, et flirtant même en plus d’une occasion avec une forme de Thrash assez compact. Du pur jus donc, pour tous les fans d’un Hard-Rock qui n’a pas renoncé à ses tics les plus prononcés, et qui refuse de se voir intégré à une époque qui n’est pas la sienne, sans toutefois refuser d’actualiser quelque peu son approche. Et si l’on pense évidemment à CHASTAIN, subissant une crise de colère sans précédent, ce sont bien évidemment les noms de PRIMAL FEAR et de JUDAS PRIEST qui frappent le plus les esprits, d’autant plus que l’américaine n’a rien perdu de sa puissance vocale.
Puissance et classicisme, telles sont les deux mamelles de ce II qui ne fait pas dans la dentelle. Et si les soli n’ont rien à envier au doigté ou à la dextérité de David T, si la rythmique usine comme une sidérurgie tournant à plein régime, l’émotion n’est pas toujours sacrifiée au profit de l’action, comme le démontre avec une belle emphase dramatique la fausse power-ballad « Annabelle », qui nous offre un visage global beaucoup plus sensible, sans pour autant remiser la violence en arrière-plan. Pourtant, LEATHER n’a pas choisi la facilité en laissant son inspiration divaguer aux alentours des cinquante minutes, ce qui est toujours un timing culotté pour un LP de Heavy Metal formel. Certes, quelques compositions servent encore de bouche trou entre des classiques presque instantanés, mais ceux-ci sont tellement convaincants qu’on en vient à facilement pardonner quelques facilités de conduite. Le pilotage automatique n’est pas à l’ordre du jour, et les compos ont été travaillées, bâties presque toutes sur le même moule façonnant des couplets saignants et des refrains étincelants, le tout baignant dans une ambiance torride d’enfers s’ouvrant sur un passé que Leather souhaite honorer, tout en restant tournée vers l’avenir. Le boulot abattu et juxtaposé de Leather et de ses deux guitaristes est admirable, et rappelle les moments les plus furieux de CHASTAIN, qui se serait alors sevré de Heavy typiquement européen, histoire de sonner encore plus méchant et vilain. Et de l’ouverture tonitruante de « Juggernaut », apte à faire passer n’importe quelle entrée en matière des PRIEST ou de PERIPHERY pour une apparition discrète et fugace, au final en boogie trépidant de « Give Me Reason », tout est fait pour vous persuader de la validité du comeback de la chanteuse intrépide. Tout le monde y a mis du sien, et si le fil rouge est relativement facile à suivre, il n’en reste pas moins que l’ensemble se montre étonnamment performant et convaincant, un peu comme si les deux albums en solo de l’artiste avaient été enregistrés à un ou deux ans d’intervalles.
Le temps n’a donc pas de prise sur LEATHER, qui manipule toujours aussi bien les impératifs Heavy pour les faire siens (« The Outsider », qui n’aurait pas dépareillé sur le Painkiller de qui-vous-savez), et qui sait ralentir l’ambiance sans calmer la démence, histoire de varier les plaisirs de la danse (« Black Smoke », aussi germanique que CHASTAIN atypique). Gros son, gros riffs, mais aussi quelques finesses dans l’interprétation histoire de ne pas passer pour de simples briseurs de tympans (« Sleep Deep »), et autres professions de foi qui permettent de revendiquer une nationalité qu’on n’irait pas lui contester (« American Woman »), pour une tornade qui dévaste tout sur son passage, et qui érige le Power Heavy Metal en tant que genre majeur à part entière, pour ceux qui en doutaient encore. Un joli retour en flammes pour une des vocalistes les plus sous-estimées de sa génération, mais qui en 2018 est toujours aussi pertinente et en voix. De fait, ce Leather II, qui semblera gentiment anecdotique pour certains s’avèrera deuxième chapitre aussi essentiel que le premier pour les autres, ces fans qui ne l’ont jamais oubliée, et qui attendaient patiemment que la belle revienne au premier plan. C’est chose faite, et de la plus probante des manières.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09