Un peu de flamboyance et de noblesse dans une époque tourmentée par les conflits n’est jamais de trop. Et trois ans après son tonitruant début sur la scène internationale, ARCHON ANGEL revient avec dans sa besace un nouvel album, digne successeur de Fallen. Si votre mémoire ne vous joue pas des tours entre deux manifestations et trois contestations, vous vous souvenez sans doute de ce projet monté par deux valeurs sures de la scène Heavy mondiale. D’un côté le guitariste/producteur Aldo Lonobile (SECRET SPHERE) et de l’autre, l’ancien chanteur de SAVATAGE et CIRCLE II CIRCLE Zak Stevens. On connaît l’histoire et le rôle d’entremetteur involontaire de Timo Tolkki, inutile donc de la reproduire ici. Mais alors que le concept avait décollé en 2020, brulant le tarmac de ses envolées lyriques, fallait-il pour autant lui faire une confiance aveugle au point d’intégrer son second vol sans vérifier les instruments ?
Certainement pas.
Le line-up cosmopolite de Fallen a fait place à une unité italienne plus solide, avec en appui trois musiciens capés, Nik Mazzucconi (basse), Marco Lazzarini (batterie) et l’indéboulonnable Alessandro Del Vecchio au piano et claviers. Du beau monde donc pour soutenir nos deux héros, qui une fois encore ont enfilé leurs costumes de superhéros du samedi soir pour protéger la cité Heavy de ses supers vilains trop opportunistes.
Sobrement baptisé II, ce deuxième du nom tient toutes les promesses formulées à l’époque de Fallen. De la grandiloquence, une foi Heavy indéfectible, de la grandeur sans décadence, et des riffs francs et mortels qui tranchent les chairs. Entre DIO, RAINBOW, STRATOVARIUS et SAVATAGE, ARCHON ANGEL prône un retour aux valeurs des nineties, lorsque les groupes les plus fidèles croisaient le fer avec les vagues Néo-Metal et Grunge. On retrouve donc cette ferveur, cette façon d’envisager le style sous ses aspects les plus traditionnels, tout en évitant les pièges de la copie nostalgique, si envahissante. Il faut dire que le talent additionné des deux bonhommes est au moins équivalent à celui de dix ou quinze groupes old-school, et une simple écoute au trépidant « Quicksand » suffit à comprendre qu’une fois les deux jambes enfoncées dans les sables mouvants, il est inutile de gesticuler pour s’en sortir.
Sans vraiment s’écarter de la ligne tracée par Fallen, ARCHON ANGEL élargit encore son spectre d’inspiration, pour nous plonger dans le passé d’un style qui n’a pas renoncé à son leadership. Loin des modes et conquérant, II charge la mule Heavy de mélodies simples mais efficaces, pour donner corps à un Heavy épique qui transpire des couplets et du refrain de « Away From The Sun ». On ne peut s’empêcher de penser à Jorn Lande, à AVANTASIA, mais aussi à toute la vague européenne des années 80/90, lorsque le classicisme s’invite aux agapes de la rime harmonique.
Trois ans ont passé, mais cet album aurait pu sortir il y a deux. Il se veut suite logique d’un premier coup de semonce tonitruant, et assertion de la prise de pouvoir de deux musiciens qui n’ont cure des impératifs de leur époque. Car tout en sonnant formel et traditionnel, II se permet de lifter les rides d’un style qui depuis le début des années 2010 n’a eu de cesse de se regarder dans le miroir, entre reflet fidèle et vieillissement accéléré.
Lourd, emphatique, violent, romantique, ARCHON ANGEL joue sur tous les tableaux, et se permet parfois une petite coquetterie moderne, avec sifflantes, syncopes, et arrangements contemporains (« Afterburn »). Vous constaterez donc qu’il n’y a aucun reproche majeur à formuler à l’encontre de cette réalisation, qui cumule les points et évite le train-train. Certes, je reconnais que parfois, le duo louche d’un peu trop près sur les classiques de Ronnie James (« I Will Return »), et que la voix très puissante de Zak Stevens est sans doute mise trop en avant. Mais lorsque les deux hommes trouvent le parfait compromis entre agression et concession, le résultat est immaculé, à l’image de l’héroïque « One Last Reflection ».
On pourra déplorer l’absence d’un titre vraiment épique et progressif, dans la plus pure tradition d’un RAINBOW des jours pluvieux. Le duo n’a pas pris énormément de risques, et seuls deux morceaux affichent un timing plus ambitieux. « Wake Of Emptiness », encore un peu modeste, et le final « Lake Of Fire », plus up in time et proche d’un DREAM THEATER humble.
Il n’est guère difficile d’imaginer ce que pourrait donner une orientation plus larger than life. On imagine facilement le tandem verser dans le dramatisme excessif d’un Metal Progressif, et on espère secrètement qu’il s’y laissera aller un jour, tant son potentiel dans le domaine ne fait aucun doute.
En attendant peut-être la publication d’un double album concept rempli jusqu’à ras bord, on peut déjà apprécier II pour ce qu’il est, à savoir un excellent album de Heavy Metal souple, fluide, et mélodique. On est toujours plus dur avec les musiciens talentueux, mais reconnaissons à ARCHON ANGEL une constance dans la stabilité, et une faculté certaine à trousser des hymnes mémorisables sur plusieurs années.
Merci messieurs, mais la prochaine fois, osez. Vous en avez largement les moyens.
Titres de l’album:
01. Wake Of Emptiness
02. Avenging The Dragon
03. Fortress
04. Quicksand
05. Away From The Sun
06. Afterburn
07. I Will Return
08. One Last Reflection
09. Bulletproof
10. Shattered
11. Lake Of Fire
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