Alors que la France sort à peine d’un traumatisme majeur, évité par un mouvement de contestation sans précédent, la vie reprend son cours. La vie et son cortège de petits plaisirs, de discussions enflammées, de vacances sous le soleil, et de ce quotidien auquel finalement, nous tenons beaucoup. Et puis, il existe une caste d’individus qui eux s’expriment musicalement, pour nous permettre d’échapper à l’enfer de la routine qui nous bouffe de l’intérieur. Ils y substituent un virus qui lui aussi nous ronge, mais avec notre consentement. Un virus létal, qui nous contamine cellule après cellule, pour nous faire entrevoir la porte de sortie mortelle qui nous attend tous au tournant.
LEIVATO fait partie de ces groupuscules scientifico-musicaux qui développent des souches en studio, pour mieux les lâcher dans la nature ensuite et en observer les effets. Déjà auréolés d’un petit prix Chantal Nobel du Death underground ambitieux via un premier long (Plenitude on the Other Side), les parisiens reviennent donc en ce huit juillet pour enfoncer le clou, et conclure leurs expériences de mutation et d’hybridation.
Sottement vendu comme un orchestre de Symphonic Gothic Metal par le pourtant fiable The Metal Archives, LEIVATO reste un groupe de Death étrange, entre folie sourde et mélodies biaisées. Il est en effet assez difficile de parquer ces musiciens dans un enclos particulier, tant leur inspiration est éclectique et leur pratique ouverte. Entre Progressif, technique, évolutif et efficace, ce deuxième album se démarque donc clairement de la scène old-school classique pour piocher des éléments disparates et en faire une symphonie de l’horreur tout à fait crédible.
Doté d’un son clair et d’une approche personnelle, Illusory Nocturnal Captivity est une curiosité qui vaut la peine d’être disséquée. Sur une base de Death brutal et graveleux, les quatre partenaires (Clément Chouffier - chant/guitare, Antoine Cremel - basse, Théo Aguilar - guitare et Sami Kharrat - batterie) brodent des thèmes directement hérités du Black Metal rigoriste et du Death évolutif, sans perdre en puissance ni en nuance. Et ce décalage créé est tout simplement délicieux, créatif, et donne envie d’en savoir plus, au regard d’une durée un peu trop raisonnable.
Ce gros crapaud borgne qui orne la pochette ne nous dit pas grand-chose, mais fait tâche de sa bonhomie dans ce paysage désolé d’une apocalypse prononcée. On ressent un élan de sympathie à son égard, et on meurt d’envie de le serrer dans nos bras, sans même savoir si sa réaction ne sera pas des plus dangereuses. Des tons bleutés, pour une nuit pas vraiment étoilée, et un premier titre, « Healing Croaks » qui développe déjà des arguments d’ouverture. Voix caverneuse à souhait, à faire passer MASSACRA pour des conteurs fragiles et sensibles, mais instrumental délicat, qui alterne les pulsions, allant jusqu’à s’aventurer en terre Progressive et même jazzy, sans complexes, mais avec une efficacité exemplaire.
Beaucoup de changements donc, une aération bienvenue, pour un album presque incongru. « Illusory Nocturnal Captivity » va même encore plus loin en posant près du marigot un cadeau mélodique de toute beauté, avec en contrepoint de ce chant vomi des volutes de basse légères comme l’air, qui entrent en contradiction avec cette mise en scène macabre et grotesque. Propulsée par un nouveau batteur à l’énergie indéniable, la musique des parisiens est riche, surprenante, déroutante, mais logique et cohérente. Ce qui n’est pas le moindre des défis à relever.
Beaucoup d’idées, et surtout, beaucoup de flair. « Oblivion » qui débute par une mélodie pure et claire se lance soudainement à corps perdu dans la fournaise d’un proto-Death des années 70, comme si le temps avait déniché dans un de ses vieux coffres une œuvre futuriste, et impossible à négocier à l’époque. C’est cet anachronisme qui fait tout le charme d’un album qui se fout complétement des modes et des codes, et qui parvient à réconcilier MORTICIAN, KATATONIA, DEATH, CYNIC, BLIND ILLUSION et KRALLICE.
Il faut du temps et de la patience pour saisir tous les détails d’un tableau peint avec le cœur et l’âme. Chaque titre cache en son sein son petit lot d’idées farfelues, et cette voix atroce faisant office de bruit en background tranche avec l’audace harmonique de l’instrumental qui semble avoir travaillé de son côté sans tenir compte du manieur de micro. « Fragments of Nothingness », superbe de liberté incarne l’acmé d’un style qui n’en est pas un, et qui refuse le cloisonnement facile pour auditeurs fainéants.
A la limite de la démo travaillée, Illusory Nocturnal Captivity est dissonant, intime, gravissime et détonant, et impose sans ambages sa vision des choses, entre accords en son clair et batterie matte qui refuse les artifices (« Lamentations of the Intoxicated Soul »).
Bilan positif, pour une curiosité qui mérite mieux qu’un semi-anonymat. LEIVATO est un outsider très capable, et son deuxième album un épouvantail de luxe dans le champ de la production actuelle. Les corbeaux old-school en seront pour leurs frais, et si la tempête gronde en arrière-plan, le chaos règne aux avant-postes. Une belle découverte, pour un disque qui n’a guère d’équivalent.
Titres de l’album :
01. Healing Croaks
02. Illusory Nocturnal Captivity
03. Oblivion
04. Fragments of Nothingness
05. Lamentations of the Intoxicated Soul
06. Echoes of Silence
07. Whispers of My Veiled Self
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