Laissez-moi vous présenter les enfants illégitimes de VERMIN et ANTHRAX, étymologiquement parlant, puisque le nom de baptême des VERMITHRAX semble résulter d’une contraction. Dans les faits, la comparaison ludique perd tout son sens, puisque ces nouveaux venus semblent plutôt se situer dans un créneau Power Metal très prononcé, et assez symptomatique de la deuxième vague Thrash US de la fin des années 80, avec quelques références sérieuses dans la musette, dont celle de SANCTUARY semble être la plus proéminente. SANCTUARY, mais aussi son extension NEVERMORE, avec un petit soupçon d’ICED EARTH par-dessus pour épicer la recette, mais en tout cas, un mélange assez explosif, qui se concentre en riffs tendus et rythmiques compactes, pour le plus grand plaisir des fans d’un Metal fier et non dilué. Et c’est bien de ça dont il s’agit sur ce premier long qui se veut aussi dur que l’acier et lourd que le plomb, puisque ces originaires de Pennsylvanie jouent la carte de la franchise, et se voient hébergés sur l’un des labels les plus puristes de la planète. Car en sus de rééditer à la pelle des trésors du patrimoine extrême, Divebomb Records se permet parfois de signer en exclusivité quelques nouveautés, et gageons qu’ils n’ont pas dû hésiter bien longtemps avant de parapher le contrat des VERMITHRAX. Groupe fondé en 2011 par JR Jameson (batterie, NUNSLAUGHTER, ICARUS WITCH) et Croy (chant, READING ZERO, EMANCIPATION SYNDICATE) pour étancher leur soif de Metal classique, ce quatuor vite complété de l’adjonction de Scott Haggerty à la guitare et de Tom Donaldson (MERCENARY US, EYE) à la basse a donc pris son temps et attendu patiemment de dégager un espace dans son emploi du temps pour enregistrer ce premier long, qui se veut hommage à la scène des années 80, sans sombrer dans le passéisme old-school en vogue.
Se réclamant d’un amour inconsidéré pour les cadors les plus respectés, les américains citent volontiers TESTAMENT, FORBIDDEN, FLOTSAM AND JETSAM, JUDAS PRIEST, DEATH ANGEL, SLAYER, CRIMSON GLORY, DESTRUCTION, DIO, OVERKILL, MEGADETH, et FATES WARNING comme idoles de toujours, et autant dire qu’ils font encore une fois preuve d’honnêteté, puisque c’est plus ou moins ce que l’on ressent à l’écoute de ce massif Imperium Draconus, qui ne fait pas grand cas de son lyrisme exacerbé. Très dense et tendu, ce LP se veut incorruptible, mais ne manque pas de suggérer des émotions ressenties il y a une trentaine d’année, jouant le jeu du chat Thrash et de la souris Heavy pour mieux nous malmener, cédant parfois à la vélocité d’un Metal énervé sans jamais se départir de sa majesté emphatique et appuyée. S’il est évident que les riffs précieux et le chant fielleux rappellent sans conteste le SANCTUARY de Refuge Denied et d’Into The Mirror Black, certaines interventions moins placées et plus envolées nous ramènent aux grandes heures du TESTAMENT le plus agacé (« Rivor Cruor »), tout en admettant des accointances serrées avec la Bay Area de 87/88, et même le Canada du sieur Jeff Waters et de son ANNIHILATOR. Pas mal de parallèles viables donc, et des affiliations volontaires comme le démontre cette double reprise des miraculeux FLOTSAM AND JETSAM, qui aborde le cas des intraitables Doomsday For The Deceiver et No Place For Disgrace, transcendant sur presque huit minutes deux des plus gros hits des arizoniens. C’est ainsi que le claquant « Hammerhead » et le percutant « Hard On You » se voient offrir une seconde jeunesse, gardant leur impact d’origine et profitant de la dextérité des pennsylvaniens pour gagner en puissance. Mais cette petite friandise très appréciée ne doit pas occulter le fait que le répertoire original des VERMITHRAX est largement à la hauteur de cet hommage, eux-mêmes proposant quelques hymnes bien troussés.
Et c’est après une courte intro classique que le tonitruant « Enoch » explose de son riff gravissime et de ses arabesques de guitares serpentines, nous prenant de plein fouet sans essayer de cacher ses affinités. Très dense, multipliant les sextolets, ce morceau d’entame est plus qu’une accroche, c’est une démonstration du talent de musiciens plein d’allant, et une façon de s’annoncer avec tambour et trompettes, d’autant plus que JR Jameson ne fait pas semblant de cogner. Synthétisant la férocité d’un JUDAS PRIEST en manque de violence et la subtilité lyrique des SANCTUARY toujours aussi traumatisés par les QUEENSRYCHE, « Enoch » est sans doute la mise en jambes la plus efficace depuis le séminal « Painkiller », sans lui emprunter son vocable, mais en singeant sa virilité Metal. Et entre les cris aigus d’un vocaliste en pleine possession de ses moyens, et des embardées de guitare qui a décidé de remiser l’humilité au placard, le Power Metal prôné sur Imperium Draconus est des plus convaincants, et pas seulement parce qu’il puise son inspiration dans les manuels d’antan. Si la nostalgie est évidemment de mise, puisqu’elle répond à un besoin originel, la musique ne se contente pas de piller sans vergogne, mais adapte et cogne, et transpose des standards d’hier dans des modèles contemporains, un peu comme si NEVERMORE sortait un nouvel album en se souvenant de son passé de SANCTUARY sans le renier, ni s’en vanter. C’est énorme, puisque la production épaisse en a voulu ainsi, mais c’est surtout flamboyant, comme un phœnix naissant de ses propres flammes, et s’élevant dans le ciel avec une noblesse sans faiblesse (« Crucified By Hate »), pour survoler la civilisation et la contempler de sa rage damnée (« Road To Athkatla », qui parvient en moins de cinq minutes à synthétiser le meilleur de FLOTSAM, ANNIHILATOR, SANCTUARY et ICED EARTH).
Et si le propos concentre la haine pour mieux la proportionner, les accélérations distillées avec intelligence permettent de ne pas rester frustré, même si l’on aimerait parfois que la thématique explose dans une gerbe de flammes (« Spellbound »). Une importance proéminente donnée aux mid tempi donc, pour un déroulé de Metal en fusion qui accepte la théâtralité pour mieux la brûler, et qui use de syncopes pour nous faire trembler de son approche grave et profonde (« Calling My Name », ou comment faire chanter du MEGADETH par Geoff Tate). Rien de vraiment surprenant dans le fond, mais beaucoup d’enthousiasme dans la forme, et un joli clin d’œil adressé à l’ancienne génération qui nous a tant apporté. Et si à l’avenir on souhaitera que des compositions purement Thrash de la trempe de « River Cruor » occupent plus d’espace, prouvant que les VERMITHRAX sont tout à fait capable de se montrer franchement véhéments, on acceptera le formalisme de cet Imperium Draconus comme témoignage de la possibilité des groupes actuels de s’extirper du marasme old-school pour transformer la nostalgie en épiphanie. Du Metal, rien que du Metal, mais le meilleur. Voilà le crédo d’une formation qui nous promet de belles heures.
Titres de l’album :
01. The Secret Keys To…
02. Enoch
03. Crucified By Hate
04. Road To Athkatla
05. River Cruor
06. Spellbound
07. Calling My Name
08. Hammerhead/Hard On You (Flotsam & Jetsam covers)
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37