Allez hop, mine de rien, la NWOATM (New-wave of australian Thrash Metal) déverse sur le monde ses torrents de haine et ses rythmiques toutes en colère pour s’imposer comme la nouvelle terre d’asile des maniaques du riff syncopé et de la rythmique saccadée. Ou l’inverse d’ailleurs, on s’y perd un peu tant les qualités des groupes du cru sautent aux yeux et aux oreilles sans nous laisser le temps de les analyser. Mais qui a dit que le Thrash était un style analysable ? Ne doit-on pas au contraire le ressentir, et laisser le charme agir, le temps d’un plan supersonique ou d’un solo héroïque ?
Si, et c’est justement le non débat du jour, celui qui concerne le second longue durée d’un quatuor qui a décidément tout compris à la question, et qui déballe ses intentions sans nous laisser la possibilité de savoir s’ils ont tort ou raison. Mais comme de toutes façons, ils ont raison, inutile de se torturer le champignon. Et si vous doutez encore du potentiel d’un groupe qui n’est pas né de la dernière pluie, dites-vous que Jeff Waters n’est pas du genre à embaucher n’importe qui pour assurer ses premières parties. Et si les MASON ont décroché l’intégralité du voyage musical canadien du canadien, rien n’est dû au hasard. C’est simplement parce que leur musique est la plus performante sur le marché actuel, à cent lieues d’une énième démarcation sans âme et d’un plagiat pour faire plaisir à madame.
Car madame s’en fout, elle n’écoute que du R’n’B…
MASON, ce sont quatre musiciens au-dessus de tout soupçon (James Benson – guitare/chant, Grant Burns – guitare lead, Steve (Gernz) Montalto – basse et Nonda T – batterie), qui ont fondé leur propre entité en 2007, avant de laisser le vent tourner et voir de quel côté il allait les emmener. Il les emmena justement du côté d’une production affirmée, se partageant entre EP et LP, deux de chaque, pour un équilibre parfait. Un format court éponyme en 2011, puis Warhead en 2013, avant Unmerciful, nouvel EP en 2016, puis cet Impervious en 2017, qui continue son travail de sape et garde les pendules australes à l’heure d’un Thrash radical, mais non dénué de finesses instrumentales. Il faut dire que les quatre sont plutôt doués dans leur secteur respectif, et surtout, qu’ils ont vraiment bien assimilé les enseignements californiens des années 80, au point de les régurgiter avec férocité, mais aussi avec une certaine finesse déliée, qui justement les rapprochent d’un certain ANNIHILATOR, avec qui ils vont bientôt partager les planchers. Et en dégustant en plein dans la face les neuf pistes de ce second longue durée, on comprend assez vite l’entrain de Waters à convaincre ces australiens de l’accompagner. Ici, le Thrash est roi, et seulement le Thrash, mais le meilleur, pas celui qui se dilue dans le Black ou tout autre courant extrême pour séduire les masses, mais qui incorpore des éléments Heavy dans une course de furie, et qui dénoue l’écheveau de la précision pour se rendre encore plus costaud. Simple, à son écoute, on pense aux meilleurs références internationales, et on transpire pas mal, tant la cadence imposée ne connaît aucune pause injustifiée. Double grosse caisse qui vient nous marteler les tympans à intervalles réguliers, chant qui s’époumone mais jamais en vain, riffs qui mutilent mais passent les plaies à l’alcool pour ne pas qu’elles s’infectent, et breaks inventifs, soli furtifs, en gros, toute la panoplie des bottes secrètes d’un genre extrême que beaucoup galvaudent ces temps-ci…
Je pourrais résumer la chose de façon lapidaire, et affirmer qu’Impervious est l’album que tout le monde attendait, sans vraiment chercher à expliquer. Et expliquer, pourquoi faire ? Pour dire qu’en tant que frontman de l’enfer, James Benson sait parfaitement ce qu’il a à faire ? Que la guitare fine et rebelle de Grant Burns taquine les meilleures interventions de Jeff Waters ? Et qu’une fois réunis, les MASON suggèrent tout autant la brutalité excessive d’un WARBRINGER que la délicatesse Heavy d’un ANNIHILATOR en pleine euphorie ? Oui, je pourrais dire tout ça, et je le dis d’ailleurs, puisque ce second LP des australiens mérite de figurer dans toutes les playlist de fans de Thrash puristes. Ceux qui n’ont pas oublié comment un riff devait sonner, ni comment un solo devait nous faire expirer. Ceux qui pensent qu’en faisant ingurgiter à un computer les meilleurs partitions de MEGADETH, de SLAYER, de METALLICA, d’ANNIHILATOR et d’EXODUS, on obtiendrait le Thrash act absolu, capable de régurgiter les hymnes perdus depuis la fin des années 80. Et vous savez quoi ?
C’est exactement ce qui se passe ici…Neuf morceaux, et autant de bravoure, pour un panorama parfait de la lande de violence de ces trente dernières années. En composant des hymnes essentiels, et en ne retenant que le meilleur et l’existentiel, les MASON signent le LP de Thrash absolument parfait, que même les plus pointilleux ne prendront jamais en défaut. Et c’est merveilleux.
Et après une courte intro, « Burn » déboule à cent à l’heure dans un état de rage proche d’une rencontre explosive entre les GAMMACIDE et ANNIHILATOR, renforçant la préciosité mélodique des seconds du radicalisme rythmique des premiers. Production parfaite, break harmonique tout sauf surfait, percussion inventive et solo brillant sur fond de fills tonnant, l’approche est tout simplement magique et le rendu typique, avec ce je-ne-sais-quoi de personnel qui rend l’entame moins formelle. Tout aussi à l’aise en format court et agressif qu’en progressions lumineuses, le quatuor se permet quelques chemins de traverse, empruntant à l’occasion de « The Afterlife » des sentiers moins balisés, et typiques d’un TESTAMENT toujours aussi performant. Mais les accélérations brutales ne sont jamais loin, tout comme les changements de tempo malins, ce que démontre le presque techno « Created To Kill » qui sonne comme l’apothéose que tout album mérite, et qui prouve que les MASON sont capables de maintenir l’effort jusqu’au bout. Mais en termes d’effort, il conviendrait plutôt de parler de créativité et de spontanéité, tant on sent que le groupe n’a pas à forcer son talent pour composer. Et c’est justement ce qui fait la force de ce second LP qui aligne des morceaux impeccables sans donner l’impression de trop chercher. Et entre furies intempestives et accalmies suggestives, Impervious se pose en album parfait, ce qu’il est sans conteste…
Je me prends à imaginer cette damnée tournée canadienne d’ANNIHILATOR et MASON. Encore un évènement auquel je ne vais pas pouvoir participer, et qui va me laisser les oreilles remplies de regrets. Mais à défaut de pouvoir m’enthousiasmer live, je vais me repasser cet album vaille que vaille, parce que lorsque le Thrash est joué par des passionnés, rien ne peut l’égaler.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09