Désolé d’être un peu péremptoire, mais un Death Metal qui n’écrase pas les tympans et ne vous fait pas penser à la mort à chaque seconde est tel un film d’horreur ne suscitant pas la peur. Le style a été créé pour illustrer en musique la finalité d’une existence vouée à la pourriture six pieds sous terre, ou dans le marigot infâme d’une fosse commune urbaine entassant ses propres défunts de façon anonyme. Je n’ai bien évidemment rien contre une approche technique dont je suis friand depuis les premiers ATHEIST et les meilleures démonstrations de DEATH, mais je dois admettre qu’un gros album de Death bien pourri et moisi, à l’atmosphère déliquescente et joyeusement macabre me procure des frissons que les premiers Cronenberg me lançaient dans l’échine. J’avoue ainsi une fascination étrange pour les exactions ignobles de MORTICIAN, pour les excavations putrides de dISEMBOWELMENT et les éructations immondes de FUNEBRARUM, et rien n’assouvit mes instincts les plus sadiques qu’une bonne ramonée de conduits auditifs à la gravité excessive. Et depuis quelques années, il semblerait que nous ayons déniché notre nouveau champion de l’infamie anti-musicale, du côté de la Finlande et non des Etats-Unis, dans le concept rance des CORPSESSED, qui en dix ans se sont affirmés comme les dignes héritiers des traditions d’origine, mêlant dans une même gerbe de bile acide l’efficacité brutale des commandements US et la rigidité cadavérique de la mouvance scandinave. Or, un album des finlandais c’est un peu comme le final d’un Fulci de la grande époque. Une plongée dans les abysses de la folie, une illustration de l’enfer de Dante version cadavres ambulants et tripaille verdâtre, en gros, un trip ultime réservé à un public averti qui n’a pas l’estomac qui lui chatouille la glotte comme un morceau de jambon qu’on peine à avaler. Car ici, soit on avale, soit on dégueule, et autant dire que la gerbe est de proportions dantesques.
Et quatre ans après la révélation vomitive d’Abysmal Thresholds, le quintet finlandais (N. Matilainen - chant, M. Mäkelä & J. Lustig - guitares, J-P. Manner - batterie et T. Kulmala - basse) confirme tout le désespoir placé en lui avec Impetus of Death qui s’évertue par tous les moyens à rendre au style ses lettres de bassesse. Toujours plus épais, toujours plus gras, toujours plus lourd et plus rapide, ce second chapitre qui reprend à la lettre les ingrédients de son grand frère bâtard est une illustration sonore de tout ce que l’âme humaine cache de plus sombre et glauque, les secrets les plus inavouables, et les méthodes de mise en bière les moins soignées. En se plaçant toujours en convergence des fragrances, les finlandais jouent le jeu de l’excès avec brio, et déclenchent des réactions épidermiques palpables dès l’intro « Impetus of the Dead » qui ne fait pas grand mystère de son message. En associant avec brio l’oppression américaine d’INCANTATION et la rigueur hivernale d’un meurtre à la ENTOMBED, CORPSESSED ne s’impose aucune limite dans l’exagération, et propose ce qui sera sans doute le LP le plus ignoble de cette fin d’année. Capables de remettre en cause toute théorie d’évolution et le darwinisme dans sa globalité, les cinq musiciens au talent individuel notable se glissent dans la peau de néanderthaliens apprenant à manier la communication de façon un peu gauche et n’exprimant que des ressentiments de colère, de haine, de résignation et de mutilation mentale. Et si l’ensemble se prend parfois au jeu du copié/collé d’Onward To Golgotha, il le fait avec une morgue si magnifique qu’on accepte les ficelles un peu usées et les astuces de composition éprouvées. Et en termes d’agencement et d’instauration d’ambiances toutes plus mortifères les unes que les autres, le groupe force le respect et l’admiration morbide. Pour faire simple et abandonner des prétentions littéraires hors-contexte, c’est immonde, dégueulasse, souillé, ça laisse les tympans maculés de sperme putréfié, mais on en redemande en bons masochistes que nous sommes.
Pourtant, l’approche est séculaire et résolument traditionnelle. Des riffs lancinants, qui osent parfois quelques allusions de vibrato pour se rapprocher d’une forme très larvée de BM rance, une rythmique qui alterne les blasts et les frappes massives, et un chanteur qui confond borborygmes et lignes vocales dans une logorrhée ignoble faisant passer les pauvres OBITUARY pour de petits chanteurs à la croix de mousse. Des références avouées et d’autres moins, des accointances avec la scène underground US la plus pourrie jusqu’à l’os (FUNEBRARUM, INCANTATION évidemment, DISMA, mais aussi DEICIDE par moments, rares), et une anti-musicalité qui explore tous les recoins les moins recommandables d’un Death qui refuse de s’adapter à son temps et qui préfère loucher vers le passé pour ne pas avoir à accepter un présent sans avenir. Doté d’une gigantesque production n’hésitant pas à bloquer les graves dans leurs derniers retranchements, Impetus of Death est une sorte de manifeste à l’usage des psychopathes du désespoir, apte à faire passer Scott Burns pour un joyeux drille à peine digne de produire une pantalonnade Pop bon marché. C’est évidemment abyssal, c’est une percée dans les entrailles de la terre pour retrouver l’essence même de la création, mais c’est terriblement jouissif dans son refus des barrières et son sens du grotesque assumé qui le confine au sublime. Et même si les morceaux semblent partager plus d’une idée, les moins monolithiques et les plus véloces forment une symphonie en hommage à la vilénie la plus absolue, à l’image de ce « Sortilege » qui envoute tous les fanatiques de la scène scandinave des années 90. On y retrouve ce magma bouillonnant et dégoulinant, fondant tous les instruments dans un unisson létal, ces accélérations dantesques qui bousculent la colonne vertébrale, et ces grognements effrayants qui glacent les sangs au détour de l’histoire. La leur, c’est celle de la légende Death qui fout les miquettes, et même si le final « Starless Event Horizon » finit par tourner en rond de ses dix minutes de recherche un peu trop forcée, le sans faute de l’abomination est à portée de guitare, et il suffirait de pas grand-chose pour que les CORPSESSED ne deviennent le groupe le plus repoussant de la terre.
Mais cette terre, ils la retournent pour en exhumer les cadavres les moins frais, et leur faire subir les derniers outrages sur le tourbillon de vice « Graveborne », qui s’évertue à synthétiser les traits les plus répulsifs d’un genre qui n’en manque pourtant pas. Riffs qui tournent comme des charognards, incantations vocales à la limite de la démence, fréquences de basse en non-sens absolu, et blasts qui lacèrent la putréfaction pour la faire gicler à la face du bon goût. Mais le bon goût n’a pas droit de cité sur un disque pareil, qui justement érige le mauvais au rang de vertu cardinale, et de fémur en crane, ce second chapitre taille sa route comme une lame taille les chairs décomposées pour une vivisection live qui prend aux tripes et les fait sortir de l’abdomen. Déglutissant son stupre en volutes de puanteur, Impetus of Death impose une norme passéiste, mais si fascinante qu’on pourrait la prendre pour un gigantesque majeur tendu à la vague old-school actuelle, incapable de retrouver l’impulsion originelle sans avoir recours à des gimmicks puants. Et encore une fois, pour m’adapter au langage utilisé sur ce genre de tentative désespérée, je baisserai d’un ton, et me contenterai d’affirmer que les finlandais ont repoussé les limites de l’horreur, pour la rendre concrète et nous chier sur le paillasson. Ça schlingue, c’est laid, ça porte bonheur en marchant dedans du pied gauche, mais ça permet de le prendre en toute perversité.
Titres de l’album :
1. Impetus of the Dead
2. Sortilege
3. Endless Plains of Dust
4. Graveborne
5. Paroxysmal
6. Forlorn Burial
7. Begetter of Doom
8. Starless Event Horizon
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20