Une journée de merde, un temps de merde, un boulot de merde qui vous bouffe les neurones jour après jour, un appart de merde, des voisins de merde. Vous terminez enfin, il est dix-huit heures, vous rentrez chez vous, et sur le chemin du retour, au détour d’une ruelle pour accéder enfin à votre immeuble décati, des branquignols vous tombent sur la gueule pour vous la défoncer, et piquer le peu que vous aviez dans votre portefeuille. Comment les choses pourraient dégénérer encore plus ? Voir votre mère se faire sodomiser alors qu’on verse du sucre dans votre réservoir ? Que votre sœur vous appelle pour vous dire que votre père à qui vous ne parlez plus depuis des années vient de clamser en laissant une sale ardoise à régler ?
La haine vous avez la haine. Mais dites-vous que dans certains pays, les injustices du destin sont encore plus cruelles et que le quotidien ressemble à un combat mené en vain contre l’adversité. Alors, la tension monte, les tempes palpitent, et vous êtes soudain envahi d’un désir certain de prendre un surin pour régler leur compte à quelques petits malins. Cette rage qui fait gonfler les veines, et qui finit par exploser dans un déluge de violence gratuite laissant des traces de sang sur les murs. Cette sensation, immatérielle et impalpable, trouve un exutoire certain dans certaines pratiques musicales artistiques borderline, dont le Powerviolence se veut chantre incontestable. Et dans le domaine, les colombiens de ZEN/AKU font figure de nouvelle référence absolue. Pourtant, dans le genre, on a tout entendu, du barouf inaudible à la transgression Fastcore un peu trop facile. Sauf que ces trois-là sont vraiment remontés, et osent bousculer les conventions à grands coups de tête dans le mur. Celui du destin.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins qui ne mèneront sans doute pas à Rome mais bien en Colombie, mais avec Impureza, les ZEN/AKU viennent de sortir l’un des EP les plus puissants du système, dont ils ne font pas partie. A trois seulement (Daniel Rubiano – batterie, Oscar Alzate – guitare et David Ramirez – chant), ces originaires de Cali sont parvenus à synthétiser le gêne de la violence pure qui fait muter des cellules Hardcore en virus létal, contaminant votre organisme pour vous transformer en machine à haïr. En douze minutes seulement, cet assemblage de Crust, de Powerviolence, de Grind et de Hardcore méchamment crade réussit le pari de tenir en haleine un cœur pourtant déjà soumis à de rudes pression, sans chercher la révolution, mais en la provocant. Dotés d’un son monstrueux qui amplifie encore plus leurs radicales attaques, Impureza n’est qu’un jet de bile presque ininterrompu, qui utilise le larsen comme arme de dissuasion massive, les arrangements électroniques comme gimmick irritant, et l’osmose entre guitare et batterie comme coup de massue dans les parties. Difficile de trouver incarnation plus pertinente de la brutalité quotidienne subie aux quatre coins du monde, tant ces neuf pistes une fois assemblées se constituent partie civile des plaintes portées à l’encontre d’un destin partial et incertain. Riff sales et vomitifs, chant schizophrénique qui régurgite son excès de bile pour vous le cracher en pleine face, variations rythmiques qui écrasent le thorax et broient les articulations, pour une gigue certes brève, mais lapidaire qui renvoie les petits copains faire leurs cartons. Pourtant, rien de bien neuf là-dedans, si ce n’est dans ce désir de réunir en un même juron les incartades bruitistes des débuts du Grind, et les revendications cacophoniques d’un Powerviolence cathartique. Mais tout est plus ou moins expliqué par l’intro « En Mis Oidos », qui se veut mur du son et de bruit, et qui vous frappe violemment le crane de ses invectives choisies.
La tournure que prennent les choses est assez traumatique, tant les ZEN/AKU refusent tout compromis de modération, pour aller toujours plus loin dans leur abnégation. Ça joue très lourd, très puissant, très rapide, et ce compte-rendu hystérique risque de laisser des traces concrètes, stigmates bordéliques d’une souffrance tangible. Rarement déflagration n’aura fait tomber les murs avec une si rapide succession de détonations, même si les colombiens parfois, jouent légèrement le jeu de la musicalité Crust en appuyant sur ses aspects les plus véhéments (« Ceguera », l’hystérie poussée à son paroxysme et bénéficiant d’une précision rythmique bluffante).
Ça vous pousse dans les escaliers pour vous faire appréhender toute la dangerosité d’une vie passée à réprimer ses émotions les plus cachées, et vous exhorte à les exprimer en un cri primal qui vous forcera à vous découvrir et avancer (« Muerte En Vida »). Mais à la rigueur, je ne vois même pas pourquoi je m’emmerde à vous expliquer par A+B un état de fait qu’une simple écoute de cet EP vous fera réaliser en quelques secondes bien tassées. Impureza est sans conteste possible le meilleur EP de Powerviolence de cet été, et ne pas l’écouter reviendrait à fermer les yeux en regardant les infos à la télé. Oui, la vie est une p***, oui chaque journée est une lutte, mais parfois, rentrer chez soi et hurler son désespoir est la meilleure thérapie illusoire. Alors criez, beuglez, à vous en arracher des oreilles épuisées. C’est ce que font les ZEN/AKU, et ça marche. Au moins le temps de comprendre qu’on ne peut rien changer à quoi que ce soit.
Titres de l'album:
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