Avec un minimum de culture Hard Rock, il est impossible de ne pas connaître le nom de Michael Denner. Les plus jeunes auront sans doute plus de mal que les anciens, qui n’ont jamais oublié l’apport de ce guitariste unique à une poignée d’albums mythiques. Oui, Denner, danois, fut l’un des premiers guitaristes du pays à imprimer sa marque sur le Heavy européen, via MERCYFUL FATE, l’un des groupes les plus emblématiques du paysage musical amplifié des années 80. On lui doit pas mal de riffs présents sur Don’t Break The Oath et Melissa, mais aussi des parties inoubliables sur deux albums solo de KING DIAMOND, Fatal Portrait et Abigail, soit les deux plus proches de l’ancien style du chanteur/castrat au micro en fémurs. Depuis, Denner a pas mal roulé sa bosse, de ses débuts Punk à son approche plus contemporaine, lorsqu’il monta pour le fun TRICKBAG avec quelques potes. Mais aussi plaisante fut cette dernière parenthèse, l’homme avait besoin de plus que quelques reprises pour satisfaire sa soif de musique…alors il prit son mal en patience, attendit de dénicher les bons partenaires, et monta le projet DENNER’S INFERNO pour creuser son imaginaire et nous offrir le retour qu’il méritait amplement…Après tout, avec un tel passé, l’homme a le droit à son propre tapis rouge, et la récente reformation de son ancien combo version 2020 sans lui ayant laissé un goût très amer dans sa bouche (plus de l’interrogation que de l’amertume d’ailleurs, tout comme les fans), ce premier LP avec une nouvelle équipe saura souligner ses mérites tout aussi efficacement que de simples apparitions on stage aux côtés de ses anciens « amis ». Alors, le Denner 2019 est-il à la hauteur de celui des années 82/85 ? La question ne se pose pas, puisque le musicien, a 60 ans, sait maintenant ce qu’il lui faut pour être satisfait, et en l’occurrence, une dizaine de chansons simples, composées avec des instrumentistes capables aux influences diverses, ce qui permet à In Amber de sonner si frais, et si hétéroclite.
Ainsi, les mordus du FATE en seront partiellement pour leurs frais, puisque Michael n’a pas tenu à rester collé à son glorieux passé. Bien sûr, des goûts, ses inclinaisons, font que certains titres restent empreints d’Occult Rock, comme à la grande époque, mais la majorité de ce nouveau répertoire fait la part belle à d’autres influences, celles du Michael débutant, qui rêvait encore à ses idoles des années 70. Alors, pas mal de Hard Rock de cette époque, celui des DEEP PURPLE et UFO, mais aussi de petites touches progressives amenées avec eux par les nouveaux musiciens l’entourant. En termes de composition et d’écriture, le danois a fait appel à son vieux compère Jesper Harris, les deux acolytes travaillant de concert pour s’adapter à la plume de l’un et au médiator de l’autre, le final se situant à mi-chemin de leurs deux styles. Mais la musique, riche, pleine et osons le terme, surprenante, saura ravir tous les nostalgiques d’un Hard Rock qui ne se pratique plus que sous une optique délibérément vintage, pas forcément sincère…Loin de se contenter de nous refourguer des plans antédiluviens qu’on aurait pu déjà apprécier sur les albums du FATE, DENNER’S INFERNO explore les méandres de la jeunesse lointaine du guitariste, travaillant son boogie pour alléger son Heavy, et le résultat se montre convaincant en tout point, chaque musicien ayant peaufiné sa partie pour qu’elle reste sauvage tout en sonnant parfaitement. Seule petite allusion au mythe, le lourd et pesant « Fountain of Grace », que le KING aurait pu hululer sur Melissa, mais qui profite aujourd’hui du timbre plus consensuel et gorgé de feeling de Chandler Mogel, ce chanteur américain qui était la clé de voute du nouveau projet du danois. Et si le mystérieux guitariste a patienté aussi longtemps pour le trouver, il doit se réjouir aujourd’hui de l’avoir avec lui, tant le vocaliste donne de sa personne pour accentuer le cachet nostalgique des morceaux.
Outre Michael à la guitare et Chandler (OUTLOUD, PUNKY MEADOWS, RADIO EXILE) au chant, on trouve dans les rangs de DENNER’S INFERNO Flemming Muus (TRICKBAG, JOYTOWN) à la basse et Bjarne T Holm (MERCYFUL FATE, FORCE OF EVIL, FATE) à la batterie, soit d’anciens compagnons de route de Denner, ce qui achève de transformer cet album en affaire de famille. Et « Matriarch », après quelques arrangements électroniques en intro d’entériner la caution 70’s du projet de son groove contagieux, qui n’est pas sans rappeler UFO mais aussi le PURPLE époque Coverdale, avec ce boogie bien costaud que Glenn Hughes apprécie tant de son côté. C’est carré, mais sincère, ça gicle des enceintes comme une tranche de passé qui revient à la vie, et entre les riffs spontanés du guitariste et la solidité d’une section rythmique soudée, le tout à des allures de best-of d’une jeunesse loin d’être oubliée, l’homme n’ayant pas laissé son talent et sa dextérité au placard. Mais loin de vouloir en remontrer à tous ceux qu’il a pu influencer, Michael se contente de se faire plaisir, tout en lâchant des interventions incendiaires, à l’instar de cette entame sur « Sometimes », gorgée de Soul et de Hard Rock d’époque, sublimé par le timbre chaud de Chandler. L’osmose entre les deux hommes est patente dès les premières secondes, et on sent en filigrane de ce projet un réel investissement, et une passion de tous les instants, loin des gimmicks actuels qui sentent parfois le réchauffé. Pas avare de variété, le groupe passe en revue toutes les tendances des années 70, parfois traduites dans un vocable plus eighties et souple (« Taxman (Mr. Thief) », un genre de WHITESNAKE moderne qui passe très bien sur les tympans), parfois gardées dans leur jus, lorsque le spectre de « Speed King » flotte au-dessus du rythme trépidant de « Vens Of The Night ».
Mais Denner a aussi admis que ses camarades de jeu n’étaient pas contre un peu d’exploration progressive, tendance qui s’affirme sur le fabuleux « Run For Cover », à la syncope sexy, et aux mélodies groovy. Difficile de croire à l’écoute de cet album que Denner accuse plus de six décennies d’âge, tant le jeu du guitariste se montre inspiré, et adapté à toutes les nuances. Ainsi, « Pearls On A String », avec son solo et son chant qui se doublent à l’unisson rappelle les premiers SCORPIONS, mais aussi Michael Schenker par extension, et en tout cas, le meilleur du Hard Rock encore un peu psyché d’il y a quarante ans. In Amber dans les faits est donc une grosse rasade de Rock joué à l’ancienne par des musiciens n’étant pas bloqués sur le passé, mais juste sur leur passion, qui délivrent une partition impeccable qui promet quelques frissons live. Et l’un dans l’autre, il est certainement préférable de voir DENNER’S INFERNO sur scène qu’une reformation opportuniste de MERCYFUL FATE. Il me semble que Michael sera bien plus heureux de défendre ses créations présentes que sa légende passée, dont son ancien groupe aimerait bien l’occulter.
Titres de l’album :
01. Matriarch
02. Fountain Of Grace
03. Up And On
04. Sometimes
05. Taxman (Mr. Thief)
06. Vens Of The Night
07. Run For Cover
08. Pearls On A String
09. Loser
10. Castrum Doloris
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