La matinée sera Death ou ne sera pas, et après la France et l’un de ses emblèmes les plus respectés, direction les Etats-Unis pour y découvrir un « jeune » groupe aux ambitions bien affirmées. Formé en 2017 en Louisiane à Baton Rouge plus précisément, le quintet VORACIOUS SCOURGE nous a déjà gratifiés d’un premier et sévère EP (Our Demise en 2018), avant de prendre son temps pour élaborer son entrée dans la cour des grands. Et c’est en un an et demi que le groupe a préparé son premier LP, histoire de ne pas se gaufrer sur la seconde marche de son parcours. C’est ainsi que j’ai le plaisir de vous présenter Mike Smith (batterie), Jason McIntyre (guitare), Aad Kloosterwaard (chant), Tony Choy (basse) et Billy Richard (guitare, petit dernier arrivé cette année), et avec un peu d’attention, il est certain qu’un ou deux noms connus n’auront pas échappé à votre attention. Car si Jason McIntyre s’est déjà illustré au sein de collectifs comme EXCOMMUNICATED, SUTURE, DESPONDENCY, ou GUILT TRIP, si Mike Smith a déjà exercé sa frappe au sein d’INIQUITOUS, SYNESIS ABSORPTION, GRIMM REAL, FIRE FOR EFFECT, INVERTED MATTER, SUFFOCATION, MORTUARY, PONTIFEX, et PSYCHOMETRY, on ne manquera pas de souligner la présence à la basse de la légende Tony Choy, ex-CYNIC, PESTILENCE, membre de SINISTER, qui depuis les années 90 nous régale de ses déliés et circonvolutions faisant de lui - au même titre que le monstre Steve DiGiorgio - une des légendes de la basse extrême. De fait, loin d’une nouveauté anecdotique ramassée par Massacre Records sur le bord de la route de l’inédit, VORACIOUS SCOURGE fait plutôt office de supergroupe à peine déguisé, et prêt à mettre la planète à feu et à sang de son Death brutal, impitoyable, et précis comme un scalpel du Camp 731 pénétrant les chairs de cobayes pas vraiment consentants.
Mais on le sait, les associations les plus impressionnantes sur papier ne le sont pas toujours sur partition, et il convient d’être circonspect au moment d’aborder un album qui a légitimement tous les droits d’être attendu comme le nouveau messie de la boucherie. Sauf qu’après quelques minutes d’écoute, il convient de se rendre à l’évidence, In Death est un monstre de technique et de débauche, et qu’il incarne la nouveauté la plus brutale et intelligente de cette fin d’été. Mais avec un guitariste tête pensante de SUTURE, un chanteur ayant dispensé ses grognements au sein de SINISTER, un batteur ayant influencé des tonnes de frappeurs lors de son passage dans SUFFOCATION, et un bassiste nous ayant fait rêver avec CYNIC et PESTILENCE, il eut été complètement inconscient de s’attendre à un quelconque faux pas, et « Heaven's Scorched » nous rassure immédiatement : l’arrière-garde meurt parfois, mais ne se rend jamais. Le travail accompli par ces héros Death de légende est en tout point remarquable, et ce premier LP a déjà des allures de classique qu’il est. Certes, il ne propose rien de fondamentalement original, et se complait dans ce Death traditionnellement bestial mais précis des années 90, mais un morceau comme « Voracious Scourge » suffit à comprendre que l’addition de tous ces talents incroyables devait aboutir à un résultat effarant d’inspiration et d’expiration. En reprenant les recettes déjà employées dans leurs groupes respectifs, ces références ultimes nous servent bouillant un ragoût de bons morceaux, goûtu en bouche, solide sur l’estomac et fondant sur le palais. Expurgé de tous ses tics un peu trop systématiques, le Death des américains est sidérant de violence et de peaufinage, et nous massacre dans les grandes largeurs, comme à la grande époque de SINISTER et SUFFOCATION. Ce sont bien les deux influences les plus marquantes d’un album qui justement ne marque jamais le pas, et qui fonce, écrase, pulvérise, concasse sans relâche, livrant en quarante minutes une prestation de haut vol renvoyant les culottes courtes nostalgiques à leurs chères études.
Autant la jouer franche, In Death est un putain de coup de massue sur la tronche, de ceux qui fracassent un crane sans avoir besoin d’y retourner. La cervelle gicle, le sang éclabousse, mais tout est aménagé pour ne rien tâcher et ne pas laisser de trace. Mixé et masterisé au Soundlodge Recording, In Death est un interrogatoire classique sur fond d’apocalypse, le genre d’interrogatoire un peu moyenâgeux avec flamme vicieuse et objets pointus qui s’enfoncent sous les ongles. En assumant totalement son classicisme, le quintet livre une performance hallucinante de dextérité et de brutalité, qui trouve son point d’orgue dans le déjà monumental « Mental Enslavement ». Tout y passe, les blasts directement inspirés par le MORBID ANGEL le plus féroce, les soli découlant de l’héritage de Chuck, les sifflantes, les breaks au biseau, et cette voix de plantigrade affamé qui traque ses victimes dans une forêt la nuit. Les riffs, moins formels qu’ils n’y paraissent explorent toute la palette Death de ces trente dernière années, et si la rythmique évolue volontiers en terrain supersonique, elle admet parfois des ralentissements bienvenus qui loin d’aérer l’ensemble, lui confèrent une aura encore plus malsaine (« In Death »). La basse de Choy, évidemment libre et créative, n’en fait toutefois pas trop, et se permet juste des mélodies claires lors des passages les moins concentrés, mais on reconnaît vite la grâce de Tony qui n’a rien perdu de son magnifique doigté. Et quand ce mec laisse ses doigts faire ce qu’ils veulent, vous pouvez être certain que ça passe même sans vaseline.
Inutile de s’amuser à l’exercice du track-by-track comme certains de mes confrères ont pu le faire, tous les morceaux sont monstrueux, et l’ensemble est un monolithe de puissance. Un char d’assaut qui vous poursuit et vous inonde d’obus dans les pattes, jusqu’à ce que vous tombiez d’épuisement. Pas un moment de relâche dans la traque, pas une seule pause pour casser la croute, puisque les VORACIOUS SCOURGE sont là pour casser des mâchoires, et laisser des cadavres aplatis derrière eux. Et en sus de son propre répertoire incroyable, le quintet s’autorise une petite fantaisie, avec une reprise de DEATH et son « Born Dead », qui amplifie encore plus l’impact dantesque que ce morceau avait sur le séminal Leprosy. Alors oui, supergroupe, VORACIOUS SCOURGE l’est, mais un supergroupe aux supermoyens et au superésultat. La machine à broyer la plus efficace de la rentrée, qui ne laisse même pas de poussière d’os derrière elle.
Titres de l’album:
01. Retribution of the Damned (Intro)
02. Heaven's Scorched
03. Defleshed Messiah
04. Voracious Scourge
05. Mental Enslavement
06. In Death
07. A Life Condemned
08. Harbinger of Our Own Demise
09. Tank Tread Evisceration
10. Born Dead (DEATH cover)
Vraiment bon ! Du pur Death Metal.
Ah ouiiiiiiii, c'est tout bon !
Pas vraiment death metal. Guitares faiblardes. Mais sympa.
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