Lorsqu’on pense à la Norvège, on imagine immédiatement ces pauvres musiciens en noir et blanc, perdus dans la forêt avec leurs épées et haches en plastique, adoptant la position du crapaud en mode défensif. Mais la Norvège n’est pas que le pays merveilleux du Black Metal, et cache en son sein des artistes un peu plus festifs qui ont un autre objectif que d’invoquer le Malin à grands coups de grimaces et autres paroles blasphématoires. Car oui, le froid peut aussi engendrer un besoin de se remuer, de faire la fête, histoire d’oublier pendant quelques instants les températures cruelles.
Et s’il est un groupe dans l’histoire de la Norvège qui a toujours su faire monter le thermomètre de quelques crans, c’est bien BACKSTREET GIRLS.
Ces filles de ruelle, à la moralité douteuse mais à la cuisse généreuse, sont un peu les D.A.D norvégiennes, aguicheuses, à la résille trouée, mais au regard énamouré. Un savant mélange d’attitude Punk et de réflexes Hard-Rock pour proposer au client une petite heure électrique, sur un lit de fortune dans un hôtel borgne. Depuis 1984, BACKSTREET GIRLS est un nom synonyme de fête, de party all night long, de fédération des syndicats Punk Rock et des associations à but non lucratif Glam, comme si Bowie et Marc Bolan se retrouvaient au pieu avec les PISTOLS. Et 2023 célèbre justement un seizième album, en presque quarante ans de carrière. Largement de quoi être fier et pris d’une érection monstre.
Les obsessions des norvégiens ont toujours transpiré des titres de leurs albums. Boogie Till You Puke, Party On Elm Street, Coming Down Hard, Hellway To High, Sick My Duck, Shake Your Stimulator ou Don't Mess With My Rock'n' Roll, qui en disait plus long que bien des attitudes sur les objectifs, entre hédonisme décomplexé et refus de grandir pour devenir un cadre sup’. HANOÏ ROCKS, les DAMNED, AC/DC, mais aussi les héritiers de BACKYARD BABIES, pour un décor de banlieue planté en plein milieu d’une capitale un peu trop amorphe. Et avec cet In Lust We Trust, le quatuor continue de jouer les éternels adolescents qui n’ont toujours pas compris l’utilité du théorème de Pythagore.
Du Rock, du Rock, et encore un peu de Rock, le leitmotiv est simple, et ressemble à s’y méprendre à celui des STONES. Qui justement, sortent aussi leur dernier album, certainement beaucoup moins enthousiasmant que ce déluge d’électricité à faire passer Tesla pour un vulgaire vendeur d’ampoules à incandescence.
Mais incandescent, In Lust We Trust l’est, grâce à la foi de ces quatre porte-parole de la joie de vivre, et de prôner une certaine idée de la liberté sur la route, le terrain de jeu préféré des amateurs de rencontres amicales et autres rapprochement en luxure majeure. Toujours conçu pour sonner live, ce nouvel album est de ceux qui peuvent donner une sacrée leçon à la nouvelle génération, toujours en mal de copie de ses aînés. Mais beware, les BACKSTREET GIRLS sont parfaitement inimitables, comme en témoigne le chaloupé et sexy « Sister Satan », que les frangins Binzer auraient pu nous refourguer à la fin des années 80.
« Beef Chop Suicide », burner qui donne des fourmis partout dans le cœur et le corps, « Waste Side Story » et son jeu de mot finaud sur bande-son KIX, « Boogie Woman » qui souligne les courbes d’une beauté charnue sortie de l’imagination fertile de Botero, l’aventure est magnifique, et peuplée de personnages hauts en couleurs. Une fois encore, les norvégiens, en jouant la simplicité, privilégient l’efficacité. Mais attention, cette fausse nonchalance ne doit pas occulter le fait que les mecs s‘y entendent comme personne pour trouver des mélodies contagieuses, un art consommé qui n’est pas donné à tout le monde, en récupérant un esprit Pop sur les brocantes du Rock le plus accessible, mais aussi le plus sincère.
Comment résister à cette fougue tranquille, alors même que nos héros du jour ont atteint un âge plus que respectable ? Toujours en forme et prêts à incendier les scènes du monde entier, les lascars nous pondent l’un des albums les plus attachants de leur carrière, et intègrent Keith Richards au line-up de FASTER PUSSYCAT, pour bien nous ramener dans les seventies, lorsque les fanfreluches le disputaient au cuir épais.
Moi qui ai connu le groupe lors de ses débuts, via Boogie Till You Puke, m’y retrouve toujours dans ces retrouvailles qui honorent Lemmy, Bon Scott, PEER GUNT, les NEW YORK DOLLS, et si je déplore l’absence de piano bastringue ou d’harmonica un peu dingue, je m’incline tout de même face à la puissance émotionnelle de ce nouveau répertoire, qui traverse les décennies à la recherche de la vérité ultime :
Le Rock n’est non seulement pas mort, mais il ne s’est jamais aussi bien porté.
On la joue cool sur « Smoke », pour une dernière clope avant la nuit, on se déhanche AEROSMITH sur « Rocky Lee » avant de partir pleine bourre vers la prochaine étape, et on électrifie le Blues pour le rendre plus dangereux sur le final « Doomday Hell »…
Quelle fête mes aïeux. Il va encore falloir des jours et des nuits pour s’en remettre. Mais telle est la condition inévitable pour profiter au maximum du retour des BACKSTREET GIRLS, qui n’ont pas augmenté leurs tarifs, et qui s’y donnent encore à bouche joie. Cheap sans être vulgaire, populaire sans flatter les bas instincts, ce nouvel album fait du bien au moral, et laisse le soleil percer à travers les persiennes.
Fermées mais pas complétement, évidemment, pour reluquer la jeune et jolie voisine lorsqu’elle travaille ses fessiers.
Titres de l’album:
01. Beef Chop Suicide
02. Waste Side Story
03. Boogie Woman
04. Too Cool For You
05. Sister Satan
06. Norma Jean
07. Smoke
08. Rocky Lee
09. Not Sorry At All
10. Doomday Hell
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49