J’ai eu la chance de voir il y a peu sur la RTBF l’excellent documentaire Punk, retraçant l’histoire de cette musique hors-norme. Bien évidemment, tous les acteurs majeurs étaient là, du Pop à Lydon en passant par le seul RAMONE en vie, mais une fois n’est pas coutume, l’émission populaire s’intéressait aussi au prolongement logique du Punk dans les années 80, le Hardcore. C’est ainsi que les BAD BRAINS, Ian Mckaye et Harley Flanagan se retrouvaient sur le canapé pour une interview, avec des images d’archives en arrière-plan. Et quelle joie d’y retrouver le jeune Harley Flanagan, cognant sa batterie comme un damné dans les STIMULATORS, alors qu’il n’était encore qu’un pré-ado pas encore en crise. On sentait chez ce gamin une rage et une passion hors du commun, et il n’est vraiment pas étonnant de le retrouver aujourd’hui en garant de la légende du Hardcore new-yorkais, tel que son groupe les CRO-MAGS l’a défini dans les eighties. Vingt ans que nous étions sans nouvelles fraîches du combo mythique, et entre les batailles légales et les bastons physiques, il était assez logique de se demander si le combo avait encore un avenir et pas simplement un glorieux passé. Mais grâce à un arrangement légal, ce bon vieux Harley peut enfin continuer sa route en toute quiétude sous le nom CRO-MAGS, et c’est très légitimement que le bassiste/chanteur légèrement sanguin nous offre un nouvel album, vingt ans après Revenge. Je ne serai que très peu objectif durant la chronique de ce nouvel LP, et ce pour plusieurs raisons. Même s’il est partiellement constitué de plusieurs EP parus en 2019 (Don’t Give In et From The Grave), même s’il n’apporte pas de nouvelle eau au vieux moulin, il est l’œuvre d’une des figures les plus essentielles et attachantes du NYHC, et mérite à ce titre le respect avant même de l’avoir écouté.
Et après l’avoir écouté, les choses deviennent plus objectives, puisqu’il est énorme. Entouré de sidekicks de première bourre, avec la participation inattendue de Rocky « ST » George à la guitare, In The Beginning est comme son nom l’indique une introspection nous ramenant à la jeunesse de ce gamin irascible, persuadé du bien-fondé de sa démarche, teigneux comme un rat n’ayant pas bouffé depuis une semaine, au faciès constamment déformé par les grimaces de rage. Harley, on est obligé de l’aimer, on est obligé de le respecter, parce qu’au même titre qu’une petite poignée de héros, il est inattaquable dans le fond, moins dans la forme. Certes, il a souvent fait parler de lui via ses déclarations tapageuses et pas toujours très fines, et pour ses coups de sang dangereux, mais excusez-le : ce mec vit le Hardcore et le Punk depuis le début de l’histoire, et n’entend pas mener sa vie autrement. Et parvenu à un âge de solide maturité, l’homme n’a pas changé, reste toujours aussi brutal et attaché à des valeurs traditionnelles. Après vingt ans d’absence, et malgré un solo portant le nom même de son groupe fétiche, Flanagan n’avait pas le droit à l’erreur, histoire de ne pas ternir la légende. Après tout, nul fan n’a oublié l’impact de Age of Quarrel ou Best Wishes, alors un truc brossé vite fait aurait tôt fait de gonfler et d’énerver tout le monde. C’est sans doute pour ça que le bassiste/chanteur a repris les deux EP parus l’année dernière, pour les agrémenter de nouveaux titres tout aussi recommandables. Et l’un dans l’autre, ce sixième LP en plus de trente ans de carrière est à l’image des premiers témoignages de la bande : un énorme coup de poing dans la face d’une Amérique dont les défauts n’ont pas changé, et se sont même accentués sous le règne débile de Trump l’orangé.
Orangé comme une belle combinaison qu’on porte derrière les barreaux. Une case violence que les acteurs et fans du Hardcore connaissent bien, eux qui viennent de la violente rue et qui ne sont jamais loin du dérapage en cas de désespoir. In The Beginning s’adressent à tous ceux ayant connu un parcours erratique ponctué de violence et de ressentiment, et sent l’urgence, mais aussi l’éthique, la foi, cette foi indéfectible en une musique énergique, puissante, et à la croisée des chemins entre le Punk et le Metal. En s’associant avec Rocky, Harley à fait le bon choix, et on a parfois le sentiment d’entendre la fusion improbable entre la Californie et le New-York des années 80 tant certaines chansons sonnent comme l’union de Venice et New-York, et l’association indirecte entre SUICIDAL TENDENCIES et les CRO-MAGS. Aucun blasphème dans cette constatation, puisque la guitare de Rocky n’a rien perdu de son efficacité, ni de sa virilité. Les directions et décisions prises par Flanagan ne sont évidemment pas les mêmes que celles de Muir, mais on respire un air commun, spécialement lorsque la rythmique devient plus souple sur un morceau killer comme « One Bad Decision ». Mais autant vous prévenir, rien de neuf ne vous attend sur ce LP, rien que vous ne connaissiez déjà par cœur. Harley chante encore une fois avec ses tripes, donne l’impression de prêcher ou de soulever de la fonte en hurlant, mais l’effet produit est unique, et le son de sa voix est comme un appel au réveil de la lucidité. Aucun écart de conduite à noter, les morceaux sont courts, percutants, immédiats, et pourtant matures, solides, constants. Un peu trop diront certains, qui se satisferont très bien de la pirouette instrumentale de « Between Wars », qui évoque avec beaucoup plus d’amertume les années prison, dans la solitude et la peur d’un lendemain qui pourrait bien ne pas exister.
Mais dès le lourd et emphatique « Don’t Give In », tout est dit, en pareil mais mieux. Harley la joue lourde, aussi lourd qu’il n’était euphorique derrière sa batterie au début des années 80, et ce tempo frénétique qui nous rappelle les AGNOSTIC FRONT nous replonge dans les sacro-saintes années Hardcore qui ont fait notre éducation, avec en bonus les soli toujours plein de flair et de fluidité de George. Rien à signaler, la sortie est d’importance, et beaucoup moins anecdotique qu’elle n’aurait pu l’être. En retrouvant enfin la légitimité d’un nom qu’il a toujours embrassé comme un crédo, Harley joue sa vie, comme il l’a toujours jouée, sans faux-semblants, sans faux-fuyants, et signe un manifeste de Hardcore à rendre honteux les BIOHAZARD (« PTSD », qui leur donne une leçon de crédibilité). A chacun de piocher ses morceaux préférés, du hargneux et véloce « One Bad Decision », au syncopé et chaotique « The Final Test », mais tout le monde de s’accorder sur un seul point : Harley Flanagan est une légende vivante et son groupe aussi. Au commencement comme à la fin. Que ceux qui ne comprennent pas ceci aillent se faire mettre bien profond.
Titres de l’album :
01. Don’t Give In
02. Drag You Under
03. No One’s Victim
04. From The Grave
05. No One’s Coming
06. PTSD
07. The Final Test
08. One Bad Decision
09. Two Hours
10. Don’t Talk About It
11. Between Wars
12. No Turning Back
13. There Was A Time
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
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26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
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La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
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26/03/2025, 08:33