Vous aimez les formules et autres comparaisons cocasses ? Vous aimez la simplicité, le côté brut, l’absence de finition ? Alors voilà quelque chose pour vous. Si les SEX PISTOLS avaient joué du VENOM, ils auraient non pas enregistré Never Mind the Bollocks, mais bien cet In the Dirt of Oblivion. Et du coup, ils se seraient baptisés BLACK MOLD.
Je pourrais m’arrêter là tant le parallèle est évident. Mais puisqu’il faut en dire un peu plus à ceux qui ne connaissent pas la chose, je développerai quelques éléments. BLACK MOLD, comme son label, vient du Portugal. Il y sévit depuis quelques années, six pour être précis, et a déjà honoré sa fanbase d’un premier long, The Inheritance of Evil qui n’était pas long du tout. Mais un peu plus qu’In the Dirt of Oblivion. Les lusophones ont joué petit bras sur ce coup-là et ont raccourci les ourlets de six ou sept minutes, au nom de l’éthique Punk. Car ces marsouins sont des punks, des vrais. Pas ceux à crête qui portent des épingles à nourrice, non, ceux qui ne conçoivent le Rock que sous sa forme la plus primaire, et qui enregistrent quand ils se sentent suffisamment high.
Dès lors, la méthode RAMONES entre en branle. Une poignée de morceaux, un ou deux riffs, et on braille par-dessus.
HELLHAMMER, GENOCIDE, DISCHARGE, un peu de Black pour faire bon teint (blafard évidemment), et vogue la galère. In the Dirt of Oblivion est un album qui ne pouvait sortir qu’en format tape. Impossible de le proposer en vinyle ou en CD, les chansons auraient percé la croute pour suppurer entre vos mains. La cassette à cet avantage que la bande morfle pour vous, et qu’elle est insérable dans n’importe quel interstice. Avec un bon poste bien abimé aux piles usées, l’effet est bœuf, et « Toward the Black Horizon » fait trembler les membranes.
Et nos vieux os aussi.
On pourra difficilement concevoir plus brut et sauvage que ce deuxième album. Les portugais mystérieux s’enfoncent encore un peu plus dans la boue de l’inhumanité, pour recycler des riffs pondus par Tom Warrior il y a quarante ans, et imposer une basse minimaliste dont les graves maigrissent dans le mix. Saupoudrées d’un chant évidemment très graveleux, ces chansons permettent de toucher du doigt la quintessence de l’épure, lorsque les musiciens abandonnent toute ambition pour se concentrer sur l’action.
Alors, ne comptez pas écouter cette cassette bien engoncé dans votre fauteuil préféré. Il convient de la jouer dans une zone urbaine décatie, en périphérie d’une ville rongée par le chômage, avec des amis triés sur le volet qui ne se lavent plus les pieds. En effet, on ne peut pas être punk ET se laver les pieds.
Toute cette affaire sent la transpiration, le fiel, la bile, les crachats épais, et les vêtements enfumés. L’impression d’avoir été catapulté dans une salle de répète moisie est si saisissante qu’on en regarde autour de soi pour vérifier que les murs sont toujours là, et cette sensation est décidément délicieuse. Musicalement incorrect, BLACK MOLD pisse des riffs derrière un bunker, les assemble à la hâte pour en faire des morceaux, et emballe le tout dans une vieille couche sale trouvée dans les hautes herbes.
Il faut apprécier la saleté et la poussière pour s’immerger dans ce torrent de crasse. Mais de temps en temps, un petit voyage dans les canalisations d’un vieil HLM peut se montrer ludique et enthousiasmant. Enregistré sans effet, sans arrangements et sans enjolivement quel qu’il soit, In the Dirt of Oblivion est une tranche de morue dont le sel a depuis longtemps fondu, et qui exhale d’un parfum de mer polluée jusque dans les recoins les plus cachés. Ce Black Punk rudimentaire est jouissif, et reste très pratique pour éloigner les esprits trop fragiles.
Je sens d’ici que vous lavez vos arpions avec conviction. Ecoutez « Futile Purpose » pour comprendre l’inutilité de cette ablution. Vivent les mauvaises odeurs et la terre sous les ongles. Punk un jour, Punk toujours. Les savonnettes, c’est pour les prout-prout et les nouveaux romantiques.
Titres de l’album:
01. Toward the Black Horizon
02. The infinite Expanse of the Night
03. Faint In Obscurity
04. A Passing Glimpse
05. Doom of Exiles
06. Depths of a Vast Nightmare
07. Broken Rope
08. The Cask
09. The Deceased Mirror
10. Futile Purpose
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