AGE OF REFLECTION. Prenez en donc les initiales, et vous obtenez évidemment AOR. Si telle n’est pas la déclaration la plus ouverte et flagrante d’une allégeance à un style précis, je veux bien avaler mon exemplaire en vinyle d’Escape de JOURNEY.
Et justement, le voyage proposé par ces suédois est assez balisé, et classique dans ses étapes, puisqu’il se concentre sur un trip constellé de mélodies sucrées, d’arrangements subtils et d’attaques de guitares discrètes, dans la plus grands lignée du genre, à laquelle les suédois appartiennent maintenant depuis des lustres.
On le sait, les scandinaves sont passés maîtres dans l’art consommé du Hard Rock mélodique de très haute volée, mais chaque semaine semble apporter une nouvelle preuve à ce postulat, comme si la production locale était intarissable et les musiciens du cru sortant d’un réservoir au débit inépuisable.
Sauf que dans le cas précis des AGE OF REFLECTION, le background est plus ou moins surprenant, et l’histoire de l’assemblage du groupe plutôt étrange et étonnant.
Car en effet, loin de venir d’horizons harmoniques classiques, les membres de ce quintette sont plutôt des outsiders atypiques…
AGE OF REFLECTION, c’est avant tout une histoire de patience, de très longue patience. Formé par le duo Carl Berglund et Jan Skärming, l’ensemble semblait d’abord placé sous des auspices légèrement plus ombrageux, puisque nos deux membres d’impulsion se partageaient les rôles au sein d’une formation aux antipodes de toute forme de romantique séduction …
Carl et Jan faisaient en effet partie du combo ONEbyONE, spécialisé dans l’Industriel costaud et dissonant, ce qui ne les prédisposait pas vraiment à unir leur talent pour accoucher de hits radio friendly. Mais le musicien suédois étant imprévisible, il n’est pas si étonnant que ça de les retrouver au casting de ce nouveau projet, accompagnés pour la circonstance par le chanteur Lars Nygren, le guitariste Jonas Nordquist et le batteur Michael Sjöö (lui aussi membre de ONEbyONE, comme quoi, la famille c’est important pour les suédois).
Et à l’écoute des onze pistes de cet introductif In the Heat of the Night, on comprend assez vite qu’ils ont eu raison de s’éloigner de leurs horizons.
Car ce premier LP est en tout point un savant et joli résumé de tout ce que le Hard Rock mélodique scandinave à tendance AOR a à proposer de meilleur, sans toutefois prendre de risques avec les limites et figures imposées du style.
Alors, on y retrouve tout ce qui a fait le charme de cette musique, adapté à la rigueur et à l’exigence géographique de ses participants. Des riffs discrets, un chanteur aux accents lyriques et à la puissance enflammée, des rythmiques polyvalentes et à la frappe nette et fluide, et surtout, une grosse bordée d’harmonies travaillées pour ne pas choquer les oreilles les moins préparées, en atténuant les décibels pour ne pas heurter. Pour autant, ne croyez pas que les AGE OF REFLECTION ont mis trop d’eau dans leur soupe, puisque leur Hard à tendance FM se veut le digne héritier de certaines gloires du créneau et du pays, à l’instar des TREAT, de MISS BEHAVIOUR, de DEF LEPPARD, mais aussi de JOURNEY évidemment, de BOSTON, de STYX, et autres locomotives de l’histoire.
Des références indéniables et indispensables dirais-je, même si parfois leur ombre est un peu trop présente sur certains morceaux qui reprennent des pans entiers des meilleures astuces de ces aînés.
Mais l’un dans l’autre, et ce pendant presque une heure de romantisme exacerbé, In the Heat of the Night reste une bien jolie ballade dans une allée éclairée, nous proposant onze chapitres de l’histoire du Hard-Rock sensible mais pas forcément niais.
Une trademark typiquement suédoise, qui rappelle même les référence ultimes des BAD HABIT ou de THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, avec une empreinte légèrement moins 80’s dans le fond et la forme, se rapprochant même de MARILLION dans des cas très précis de constructions précieuses (« Always », l’un des titres les plus smooth du lot, avec nappes vocales de velours et arrangements en background doux comme un drap de satin)
Difficile donc de résister au charme d’un disque qui découle d’une patience infinie de la part de ses compositeurs principaux, qui après deux décennies ont enfin senti que le bon moment était venu. Ils ont donc pris leur temps pour ciseler des compositions aussi énergiques que mélodiques, à l’image sonore de cette ouverture « Borderline », qui si elle ne justifie pas forcément son titre, ose des synthés nappés en guise d’introduction, avant de se concentrer sur un Hard Rock engagé à la MAGNUM/SHY de toute beauté.
Les musiciens n’hésitent d’ailleurs pas à laisser le chronomètre courir sans l’arrêter, puisque le morceau éponyme joue avec la barre des six minutes pour imposer sa majesté. Intro grandiloquente, qui déborde sur un développement à la lisière d’un Heavy Metal de bataille, faisant bien évidemment la part belle aux constructions harmoniques en gigogne, s’imbriquant autour du chant fédérateur de Lars Nygren, qui n’en fait pourtant jamais trop dans son rôle de conteur féérique.
Tierces à la THIN LIZZY pour couches de mélodies épaisses mais se fondant dans un paradis, l’art atavique de l’AOR suédois n’est donc pas mythique, et des morceaux de la trempe de « Evelyn » ne viendront certainement pas me contredire.
Belle démonstration de Hard-Rock in your face qui laisse place à des soli épileptiques à la Yngwie, pour une accalmie soudaine à la TNT, et encore un refrain impeccable, repassé comme un col de chemise du dimanche avant d’aller à la messe. C’est carré, soigné, millimétré, mais suffisamment naturel pour ne pas sentir le manufacturé.
Effluves synthétiques des séminales années 80 (« Now And Forever »), adaptation des 220 VOLTS dans un contexte contemporain (« Every Time », en moins mordant toutefois), ballade de rigueur qui nous prend à revers pour nous imposer un tempo d’enfer (« Dying For Your Love », entame à la WHITESNAKE pour un regain d’énergie à la DARE), et final acoustique en reprise de « Every Time » histoire de nous laisser sur une note d’émotion palpable.
Enregistré aux studios Thinner (propriété du groupe) et produit par le combo lui-même (avec un mixage et un mastering offerts par Erik Mårtensson), In the Heat of the Night s’inscrit dans une droite lignée de productions nationales à la qualité indéniable, productions qui inondent le marché à espaces réguliers pour asseoir toujours un peu plus la suprématie scandinave sur le créneau.
Mais même si attendre vingt ans était un pari un peu fou, il est remporté haut la main par Carl Berglund et Jan Skärming, dont les noms viennent se graver sur le monument érigé à la gloire de l’AOR suédois. Un monument qui grimpe haut dans le ciel, comme la musique d’AGE OF REFLECTION, histoire de vous faire côtoyer les étoiles…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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