Vingt ans d’existence pour seulement trois albums. On ne peut pas dire que ce groupe soit des plus productifs, mais en connaissant un tant soit peu sa musique, on comprend vite que la qualité prime sur la quantité pour lui. Assemblée cosmopolite, CONSCIENCE a visiblement posé un cas à certains chroniqueurs les jugeant trop éloignés du Metal pour y être complètement affilié, d’où le questionnement de leur présence dans certaines colonnes. Je n’aurais pas le même état d’âme, puisque les querelles de genre ne sont pas mon pain quotidien : seule la qualité de la musique m’importe. Et en écoutant celle présente sur ce troisième album, il n’y a aucun doute à avoir : In the Solace of Harm’s Way a parfaitement sa place sur Metalnews, eu égard au niveau phénoménal des musiciens impliqués et de leur talent de composition. Né il y a plus de vingt ans, ce collectif a depuis aligné les performances, en studio bien sûr, mais aussi en live, puisqu’on les a retrouvés en première partie de cadors internationaux de l’envergure d’ANATHEMA, EPICA, ACT, ARENA, RIVERSIDE, FATES WARNING, ADX, BUMBLEFOOT, SONATA ARCTICA, DEAD SOUL TRIBE, ICED EARTH, mais aussi NIGHTWISH, au Zénith de Paris devant une foule de sept mille personnes. Un simple aperçu des ouvertures qui leur ont été confiées permet de comprendre que CONSCIENCE est le genre de groupe qui peut se permettre de fouler la scène avec à peu près n’importe qui. Et si leur ancrage se situe dans le domaine du Rock/Metal progressif, leur art va plus loin que ça, et se montre beaucoup plus enrichissant qu’une simple succession de plans techniquement parfaits. Non, leur musique respire, vit, grandit en vous comme un virus bénéfique qu’on attrape en tombant amoureux d’une démarche simple, honnête, et hautement mélodique. Mélodique, le mot est lâché, et In the Solace of Harm’s Way illustre parfaitement l’attachement de ces instrumentistes pour une délicatesse instrumentale, mais aussi pour une variété de ton qui permet à leurs œuvres de ne jamais lasser, malgré un tracklisting étendu et une durée assez importante.
A les voir comme ça, sur leurs fauteuils, habillés comme des développeurs, des lanceurs de start-up ou des étudiants en archi, on pige vite que le look est le cadet de leur souci. D’ailleurs, cette image semble renvoyer à une assertion claire et nette : pas question d’esbroufe ou de concepts à deux balles, les mecs sont là pour jouer, envoyer du bois, louvoyer entre les genres, et finalement, s’imposer comme l’une des valeurs les plus sures d’un créneau assurément hétéroclite. Connaissant le parcours du groupe, on sait sa tendance à être partout sauf là où on l’attend, et ce sens de la surprise frappe encore plus sur ce troisième né. Promu par Ellie Promotions, et bientôt distribué par la référence Season of Mist, In the Solace of Harm’s Way est une démarche intéressante qui combine la puissance du Metal moderne, du Rock pluriel, et du Progressif décomplexé qui n’hésite pas à intégrer des éléments de Metalcore, de Djent, mais aussi de Pop, de Hard Rock et de Rock en général. Aucune limite ne vient entraver l’inspiration du quintet (Stephane Da Silva - batterie, Matt Johansson - guitare /chant, Thomas Jaegle - guitare/chant, João Pascoal - basse et Matthieu Vallé - claviers/guitare), et ce troisième album se pose en témoignage d’une liberté créative durement acquise au travers des années, et qui se manifeste ici en seize titres, mélange de longues digressions et de transitions brèves qui nous emmènent sur les chemin d’un Rock contemporain, conscient de ses possibilités, mais n’abusant pas de ses dons naturel. On trouve évidemment des parallèles assez probants, avec des groupes institutionnels, DREAM THEATER lorsque l’ambiance se durcit, ANATHEMA lorsque les mélodies s’affinent, PERIPHERY même lorsque la technique prend le pas et impose des constructions alambiquées et compactes, mais l’un dans l’autre, la versatilité de CONSCIENCE leur permet d’échapper à toute étiquette trop restrictive. Première constatation, la production, claire, propre, précise, qui met tout le monde en avant et équilibre avec flair pour permettre une osmose parfaite entre les intervenants. Les passages les plus durs sont aérés sans que la puissance ne s’en trouve atténuée, tandis que les digressions plus modulées respirent comme un parisien découvrant l’air pur de la côte bretonne.
Ce qu’on note chez le quintet, c’est sa générosité. A l’image d’un vieux sage dispensant son savoir pour le bien-être collectif, CONSCIENCE offre sa musique comme un conseil de vie, une façon de s’ouvrir au monde et à toutes ses possibilités. Tout le monde peut trouver quelque chose d’enrichissant dans les seize morceaux de ce troisième album, les amateurs de préciosité instrumentale, les rockeurs, les fans de Metal libre, les amoureux d’un progressif qui refuse les frontières trop marquées, les nostalgiques de la créativité des années 70 comme ceux attachés à l’efficacité du vingt-et-unième siècle, ceux que le clavier euphorise, ceux que la guitare transcende, et même les plus sensibles aux harmonies vocales pleines et riches. Entre des polyrythmies hallucinantes de dextérité, les riffs solides, les volutes d’ébène et ivoire évanescentes, les reprises musclées, les évasions vers un ailleurs harmoniques, tout est là, et bien plus encore. Construit comme un voyage onirique vers un pays merveilleux ou la beauté et la violence cohabitent en toute complétude, In the Solace of Harm’s Way est en quelque sorte un langage universel, et plus prosaïquement, une multitude de couleurs, d’émotions, de retranscriptions qui rappellent quelque part l’ouverture de DREAM THEATER sur Falling into Infinity, la séduction forcée en moins. Et le naturel de la formation éclate lors de certaines compositions d’une beauté troublante, comme ce « The Uncertainties Of May » qui rappelle Neal Morse. Pour autant, le groupe n’est pas dupe, et sait à qui il s’adresse. A des fans qui attendent de lui une pluralité, un mélange de Rock et de Metal, ce que démontre avec persuasion « At Night ». Certains se sont plaint du manque d’accroches de l’album, du manque de thèmes forts et de refrains mémorisables, mais tel était le but de la formation, affirmation que je couche sur papier tant elle semble évidente. Pourtant, les accroches sont là, dans la superbe intro presque Jazzy de « Inreach » et ses huit minutes de sensibilité évoquant le meilleur de PORCUPINE TREE.
Difficile d’ailleurs de se livrer à une analyse linéaire d’un album trop riche pour être disséqué en deux pages ou même plus. J’ai personnellement adoré le foisonnement rythmique et mélodique de « Ascending Rain », le titre le plus proche d’un DREAM THEATER en cure de simplicité. Ce qui ne m’a nullement empêché de dodeliner de la tête et de taper du pied sur le surpuissant « There Aren't Many Nightmares », le plus symptomatique du Metal progressif contemporain, avec ses riffs velus et son up tempo bondissant. Je me suis de la même façon immergé dans le sublime « At The Hands Of The Clock » qui m’a évoqué le QUEENSRYCHE le plus noble, les petites astuces techniques en plus. Et en fin de compte, j’ai fini par oublier que j’étais aussi là pour guider le lecteur sur le chemin de l’acuité, pour lui permettre de juger sans avoir écouté. Et pour cause, puisqu’on ne peut pas juger de la qualité énorme d’un tel album sans l’avoir écouté, apprécié, compris, et assimilé, chacun à sa façon. Et plus qu’un album, In the Solace of Harm’s Way est une prise de CONSCIENCE. Celle que la musique n’a pas besoin d’être labellisée pour être aimée.
(NDR : la sortie physique a été repoussée à une date ultérieure, eu égard à la crise sanitaire actuelle. Surveillez les news du site pour en savoir plus)
Titres de l’album :
01. In The Solace Of Harm's Way Part I
02. At Night
03. Inreach
04. In The Solace Of Harm's Way Part II
05. Ascending Rain
06. See Outside
07. There Aren't Many Nightmares
08. In The Solace Of Harm's Way Part III
09. Harm's Way
10. Life Takes A Turn
11. The Uncertainties Of May
12. LNDASSML
13. In The Solace Of Harm's Way Part IV
14. At The Hands Of The Clock
15. Solace
16. In The Solace Of Harm's Way. all parts
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