Bon, on ne va pas se voiler la face, en règle générale, il n’y a pas cinquante façons d’aborder le Death Metal, si on le souhaite proche de l’essence d’origine. On peut à la rigueur en exagérer les traits les plus grossiers, ou encore en affiner la technique pour la rendre encore plus tranchante, travailler les ambiances, développer le côté grotesque de la chose, mais finalement, et en dehors de quelques cadors et autres téméraires qui parviennent encore à rendre le débat sinon inédit, du moins intéressant, les options sont plutôt minces, et les débouchés assez serrés et convenus.
Alors que faire ?
Continuer de jouer comme si de rien n’était, et se faire régulièrement comparer aux têtes d’affiches et autres références au risque d’en prendre ombrage ? Ou bien s’en foutre comme de la première démo de KICK AXE et faire son truc dans sa caverne, sans se soucier de l’image sonore que l’on projette ?
Il semblerait qu’une troisième voie encore moins diplomatique que les autres se dégage, c’est en tout cas ce que semblent suggérer les anglais de QRIXKUOR, et leur nom susceptible de vous faire gagner quelques points au Scrabble.
Le quatuor (S – guitare, A – guitare/chant, R – basse et M – batterie) s’est formé à Londres en 2011, et a patienté trois ans dans les caves avant de publier une première démo, Consecration of the Temple, qui fit grand bruit dans l’underground, au sens pas si propre comme au carrément figuré. Le pourquoi de tant d’agitation ? Une forme très sourde et incantatoire de Death, s’articulant autour d’idées porteuses très absconses, et d’une longueur d’inspiration assez peu commune dans le milieu. Avec des morceaux frisant, atteignant ou dépassant les dix minutes, les londoniens n’ont pas choisi la carte de la simplicité, un peu à l’image de leurs ancêtres de DISEMBOWELMENT. Les points communs entre les deux groupes sont d’ailleurs manifestes pour qui a l’oreille exercée, et on retrouve sur cet Incantations from the Abyss des échos cryptiques du séminal Transcendence Into The Peripheral, qui en 1993 avait secoué la fanbase Death sur ses fondations les plus profondes de ses intonations macabres et lugubres.
Mais il convient de modérer cette comparaison de quelques nuances de taille, puisque les anglais du jour n’ont pas forcément la créativité et l’obscurantisme à la même échelle. Si leur Death ténébreux et mystique atteint parfois des sommets dans la descente aux enfers, il n’atteint toutefois pas les abimes de leurs précurseurs australiens, qui à l’époque restaient imperméables aux modes en vogue dans l’underground.
Ceci étant dit, l’art occulte de QRIXKUOR pourrait quand même devenir un nouveau modèle d’un genre à part, dans un registre rituel assez fascinant par son refus de toute structure trop organisée.
Car en effet, les compositions que l’on retrouve sur ce premier faux album sont assez envoutantes, et évoluent au gré d’humeurs toujours nihilistes, mais parfois contradictoirement idéalistes, spécialement sur le terrain des arrangements glauques et putrides qui enrobent les compositions d’un doux parfum malsain. On pourrait même affirmer sans trop risquer de se tromper que l’on piétine en plus d’une occurrence les bordures du BM, et même du Dark Ambient obscurci de Doom, lorsque la cadence affolante cède le pas à des rythmiques beaucoup plus appuyées.
Faux album donc, mais vraie compilation, qui regroupe la démo initiale, et aussi la suivante, sobrement intitulée Rehearsal 09/15, qui proposait donc une cover de DEMONCY, que l’on trouvait initialement sur leur LP Joined In Darkness, ce qui ne fait que renforcer les concomitances des deux univers évoquées plus haut.
Les morceaux ne sont donc pas inédits pour ceux qui possèdent déjà ces deux enregistrements, mais ceux pour qui l’univers poisseux de QRIXKUOR demeure inconnu, Incantations from the Abyss incarne une porte d’entrée imposante qui se referme aussitôt derrière vous et vous retient prisonnier des Hadès.
Et ces enfers ont pour particularité de diviser ceux qui les ont arpentés. Car QRIXKUOR est le type même de groupe qui ne peut laisser indiffèrent de ses partis pris. Les excès dans lesquels ils tombent les obligent à faire partie de la caste des génies incompris ou des gentils frappés qui ne savent pas composer un truc qui tient la route, et si mon avis vous intéresse (mais sinon, que faites-vous toujours là ?), je pense que la réponse à la question que peu de gens se posent se situe entre ces deux options.
En effet, impossible de rejeter massivement le groupe, sous peine de passer à côté d’un pan assez valable et décalé du Death contemporain. A l’image de quelques autres, dont GRAVE UPHEAVAL, TEITANBLOOD, PORTAL ou ABYSSAL, les anglais n’hésitent pas à aller trop loin, et à se reposer sur des monochromes inquiétants plutôt que sur des principes figés et logiques.
Vous aurez donc du mal à trouver un riff vraiment porteur dans ce maelstrom de violence et d’oppression, par contre, vous tomberez régulièrement sur des idées hypnotiques, qui vous entraîneront dans une chute vertigineuse vers le centre de l’enfer musical.
Difficile de placer une intervention plus en avant des autres tant l’ensemble est homogène, certainement d’ailleurs un peu trop pour les plus pointilleux et difficiles, qui abandonneront le navire assez rapidement.
Inutile d’attendre une cassure, mais il convient plutôt d’apprécier le concept pour ce qu’il est, à savoir une variation diabolique sur un Death abyssal, noirci d’un chant presque imperceptible, aux fréquences graves exagérées comme celles des guitares.
Celles-ci se confondent d’ailleurs avec la basse, sauf lorsqu’elles osent partir en solo, ou lorsque des circonvolutions nordiques se jettent dans les flammes. Quelques breaks viennent régulièrement troubler la régularité de blasts qui pleuvent comme des larmes d’anges, même si la cadence globale est largement poussée. Et en dehors de ces remarques notables, vous serez seul juge de la pertinence de cette compilation qui se veut résumé des premières années du groupe, et qui lui permettra sans doute d’accoucher enfin de son premier véritable album.
D’ici-là, il est tout à fait possible d’occulter cette sortie au profit d’autres que vous estimerez plus conséquentes, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver un attrait morbide pour ce groupe qui refuse de prendre position clairement, et qui s’enfonce dans ses traumas pour y puiser son essence comme Orphée s’obstinait à chercher Eurydice.
Un monolithe énorme, sans fissure, mais qui sera paradoxalement trop gigantesque pour que vous le remarquiez.
Titres de l'album:
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