Ils auront pris leur temps, mais ils ont eu raison. Présents sur la scène depuis une décennie, les nantais d’INCIPIENT CHAOS ont rongé leur frein, publié deux EPs à deux ans d’intervalle, avant de se murer dans le silence pendant trop longtemps. Mais 2024 sera leur année. Une année faste, une année violente, une année d’ambitions enfin formalisées via ce premier longue-durée éponyme qui est en tout point admirable et combatif. Mais après tout, on ne convainc pas une institution comme I, Voidhanger Records en vendant des semelles de crêpe ou des horloges en plastique.
INCIPIENT CHAOS, c’est avant tout une vision très traditionaliste du Black Metal. Une dérivation des années 90 vers le nouveau siècle, une épaisseur conséquente, un gros travail accompli sur la densité et les arrangements, pour bâtir une cathédrale sonore comme on en visite parfois en Allemagne ou en Norvège.
Ces énigmatiques musiciens qui refusent de se nommer autrement qu’en chiffres romains (I & II - guitares, III - basse, V - chant, plus un batteur de session) savourent donc aujourd’hui les fruits de leur dur labeur, en assumant les qualités de ces sept morceaux qui une fois assemblés, forment une symphonie composée en l’honneur d’un formalisme de rigueur, très proche de ce que les écoles suédoise et norvégienne ont pu produire via leurs élèves les plus doués. Mais en respectant la tradition française de qualité, le quatuor se démarque et évite l’affiliation avec les plus grands labels du genre.
C’est donc une réussite totale qui vous attend, et qui vous éclate au visage dès « Sever the Oracle ». En à peine plus de cinq minutes, les nantais remettent leur pendule à l’heure, et privilégient une ambiance torride, à la limite du War Metal, et évoluant en parallèle des univers de 1349 et de quelques VRP des Acteurs de l’Ombre. Mais la personnalité de ce combo est indiscutable, et ses traits les plus emblématiques se trouvent dans l’agencement des idées qui se percutent à une vitesse hallucinante mais aussi dans cet ADN qui comprend des traces de Heavy classique, des mélodies congelées, et un abattage digne des plus grandes maisons de charcuterie.
De l’artisanal produit en quantités industrielles. Voilà une formule qui me plaît beaucoup. Si le parallèle entre ce premier album et un chef d’œuvre comme Hellfire est indéniable (surtout sur le monstrueux « Crumbling Bones », sommet de méchanceté et de violence crue), la piste de l’hommage simple est vite écartée lorsqu’on constate que chaque titre imbrique au moins six ou sept pièces différentes pour aboutir à un puzzle global très difficile à découper et à mettre en place.
Le meilleur des deux ou trois mondes. Emballé dans une production gigantesque qui permet à tout le monde de s’exprimer à parts égales, Incipient Chaos est un festival de brutalité, et une guerre menée contre la dénaturation d’un style qui n’a de cesse de s’hybrider lui-même avec des éléments extérieurs. Ici, le métissage est honni. Le but étant de produire le Black Metal le plus ancré dans sa terre d’origine pour le faire pousser au-delà du grillage.
Facile d’accès dans le fond, mais exigeant dans la forme, Incipient Chaos fait part de ses exigences dès le départ. Inutile donc de penser vous en sortir avec une ou deux formules toutes faites, encore moins avec une écoute superficielle. Il faut d’immerger dans ce lac de feu pour en saisir tous les dangers, et si les chapitres sont très étendus, aucun ne souffre de remplissage pour s’éterniser. Non, la description est toujours réduite à l’essentielle, et l’action occupe donc le devant de la scène. Ainsi, « The Apex » plaque quelques mots sur le paysage de sa grandiloquence théâtrale, tandis que « Dragged Back to the Abyss » nous joue un sale tour en écrasant le tempo et notre tête sous les nénuphars.
Il est toujours très agréable de tomber sur un album qui ménage ses effets pour développer une histoire solide, aux personnages crédibles, et au ton juste. « Dragged Back to the Abyss » incarne donc le sempiternel climax que l’on attend toujours d’oreille ferme, et hurle sa colère comme un démon ancien retrouvant son incarnation terrestre et ses fidèles.
Et puis bien sûr, comment ne pas se laisser emporter par cette longue suite finale, qui pendant plus de dix minutes nous décrit les tenants et aboutissants d’une quête certes classique, mais menée rondement et sans aucun défaut. Avec des mélodies pures et une guitare en son clair cristalline, « All Is Lost, All Is Found » nous attire dans le piège aussi efficacement qu’un anti-moustique extérieur, et nous grille de ses déviations, divergences, de ses pans parlés et de son atmosphère de grand-messe célébrée sous les rais laiteux de la lune.
Incroyablement bien tourné, Incipient Chaos fait partie de cette caste de premières œuvres intelligentes et pertinentes. Sous des atours simples, avec des morceaux d’entame classiques, il s’enfonce de plus en plus dans l’élitisme d’un BM de première catégorie, de celui qui génère des attentes, des espoirs, et qui à court terme satisfait notre besoin viscéral de classicisme sans pour autant nous resservir des restes tièdes.
INCIPIENT CHAOS peut donc célébrer cet anniversaire sans craindre de pérorer comme un fat. Le groupe mérite les honneurs, et vous, les horreurs d’un monde qui est ici décrit avec une honnêteté brutale.
Titres de l’album :
01. Sever the Oracle
02. The Apex
03. The Fire that Devours the Soul and Flesh
04. Crumbling Bones
05. Ominous Acid
06. Dragged Back to the Abyss
07. All Is Lost, All Is Found
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