Voici un groupe qui sait se faire désirer. Après un premier album autoproduit en 2013, EXTINCT s’est muré dans le silence jusqu’en 2021, date de parution d’un EP. Trois ans plus tard, le quatuor allemand revient enfin par la grande porte avec un deuxième longue-durée qui va faire rudement plaisir aux amateurs de Thrash bien groovy et bien speedy. Aujourd’hui parrainé par l’institution germaine MDD Records, le quatuor de Kiel s’est senti pousser des ailes, et nous percute d’un Thrash rapide, agressif, fluide, musical, et perméable aux influences extérieures.
Leda Noctis (guitare/choeurs), Helge Hentrop (basse/chant), Michael Schulz (batterie) et Dennis Wolter (guitare/choeurs) ont donc choisi la méthode radicale pour exprimer leurs vues sur un style né dans leur pays. Pour autant ne vous attendez pas à du Thrash barbare et malpoli, ou à une biture musicale qui louerait les capacités d’ingestion de TANKARD. La formule choisie par le quatuor est plus américaine qu’autre chose, et parfois à la limite d’un Crossover des années 80. L’impression est accentuée par le timbre de voix d’un bassiste/chanteur qui aurait largement eu sa place dans un combo Hardcore, et qui vitupère comme un vieil anarchiste devant la caisse d’assurance maladie.
Mais le Thrash ce sont des riffs, beaucoup de riffs. Et en la matière, EXTINCT ne craint pas grand-monde. Leda Noctis et Dennis Wolter nous en donnent donc pour notre argent, et multiplient les figures, saccades, syncopes, tâtant parfois du Heavy pour épicer leur chili, et restant constamment en opposition pour éviter le débordement par la gauche.
Mais le Crossover, c’est avant tout une rythmique qui tonne, et une basse qui bastonne. Et le tandem Helge Hentrop/Michael Schulz se montre très compétent en la matière, nous jouant une partition qui claque avec des graves qui brillent et des accélérations qui émoustillent. J’en tiens pour vitamine C et D les deux premiers morceaux de ce nouvel album, « Ilwast » et « Annihilation by Words », qui frappent encore plus fort et vite qu’un concert de CRIMSON SLAUGHTER ou ACROPHET.
Hautement recommandable, Incitement of Violence est à conseiller aux plus maniaques des nostalgiques de la Rurh et de la Bay Area. Jouant constamment sur le contraste entre les deux écoles, et l’affrontement fluidité/bestialité, EXTINCT tire le meilleur parti des deux philosophies, et ne se montre jamais ennuyeux, ni trop redondant. Ainsi, « Incitement of Violence », title-track bourru et pêchu cavale comme un dératé, avant de ralentir le pas pour mieux nous exploser d’une rage typiquement allemande, avec chœurs rudes et rudimentaires, fulgurances binaires, et écrasement lunaire.
J’avoue avec été largement enthousiasmé par cette sortie. En tant qu’adorateur de la secte old-school, j’ai retrouvé en ces morceaux radicaux et francs la joie que me procuraient des orchestres comme ACCUSER, DEATHROW, GAMMACIDE et DENIAL, ceux qui laissaient les BPM monter dans les tours sans se départir d’un attachement envers les mélodies les plus simples. Nous sommes donc bien loin d’une simple copie malhabile et opportuniste de KREATOR, DESTRUCTION ou SODOM, et si la tonalité générale rappelle les meilleures offrandes de labels comme Roadrunner et SPV, la production plus moderne permet de rattacher l’ensemble à la locomotive vintage de ces dix dernières années.
En optant pour une brièveté de saison, les quatre larrons ne lassent jamais, et gardent un tempo proche du VIKING le plus insistant. La régularité dans l’excès est une autre marque de fabrique des gus, qui avec « Slaughter in the Trenches » se proposent de nous replonger dans l’enfer de la guerre et de ses tranchées, en tranchant justement toutes les têtes qui dépassent d’un lick ultra-coupant. C’est efficace, c’est même jubilatoire, et l’entrain dont font preuve les musiciens est contagieux, votre tête dodelinant de concert face à votre écran.
Capables de tenir une allure folle pendant quatre minutes bien pesées, mais aussi capables de moduler pour amadouer les plus timorés, les EXTINCT sont aussi convaincants en up qu’en mid. Ainsi, l’épais « Extinct Squad » nous dessine des ombres australes sur un fond bien ricain, pour mixer MORTAL SIN à EXCEL.
Et bien que l’année ne soit pas encore à moitié entamée, je pense pouvoir affirmer qu’Incitement of Violence fera partie du top 20 des thrasheurs les plus déchaînés. On ne reprochera qu’un son de grosse caisse un peu trop compressé, et une linéarité dans le chant parfois un peu gênante. Mais ces reproches mineurs ne doivent pas occulter la réalité des faits : EXTINCT connaît son boulot et le fait mieux que les autres. Beaucoup d’autres.
« Lickspittle » ose même quelques fioritures rythmiques tout à fait délicieuses, et un phrasé guerrier qui donne envie de repasser son treillis. Seul petit bémol, l’idée bizarre d’avoir terminé la course par le sprint le plus dispensable, « For Decency’s Sake » collant de près au bourbier le plus empêtré du SODOM le moins inspiré. Cette dernière note gâche un peu le plaisir, mais le reste de l’album étant d’une intensité constante, on pardonnera plus facilement ce faux-pas.
Un album tous les dix ans, mais de qualité. C’est toujours mieux qu’une photocopie par année civile. Souhaitons qu’EXTINCT ne s’éteigne pas dans l’indifférence générale.
Titres de l’album:
01. Negation
02. Ilwast
03. Annihilation by Words
04. Mental Disorder
05. Incitement of Violence
06. Shattered Bowels
07. Slaughter in the Trenches
08. Extinct Squad
09. Lickspittle
10. Of No Account
11. Truth Shooter
12. For Decency’s Sake
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