Le label portugais Signal Rex continue son travail de sape des fondations de la musique moderne, en s’attaquant cette fois-ci à une légende de l’underground, aux jambes écartées entre le Canada et la Corée du Sud. Difficile d’imaginer sortie plus obscure pour une maison de disques pourtant habituée à la pénombre des bas-fonds de l’extrême, et pourtant, cette compilation des THY SEPULCHRAL MOON pourrait représenter le pinacle d’un parcours dévoué à l’exhumation de ce que la terre cache de plus putride, tant les intentions affichées par ce premier longue-durée sont nihilistes au possible, et entièrement fondées sur une abrasivité de ton. Pour l’histoire, le combo en question est formé de Lörd Matzigkeitus (DIABOLUS AMATOR, HELDUNE, THE PROJECTIONIST), de Sang-Ho (SHADOWS OF BLACK CANDLELIGHT, ex-厄鬼, ORIGIN OF PLAGUE) et de Young Jim, officiellement désignés sur la page Facebook du groupe par les initiales LM (chant), I (guitare) et V (basse), accompagnés en live par JW à la batterie. On retrouve dans la discographie du groupe assez peu de choses, seulement deux démos (Incantations Inciting Demise en 2016 et Contemptuous Retaliation Storm en 2017), ainsi qu’un split partagé avec les REEK OF THE UNZEN GAS FUMES cette même année, chose assez normale pour un jeune ensemble fondé il y a peu de temps. Cet Indignant Force of Great Malevolence est donc constitué de choses déjà connues, puisqu’il regroupe les deux démos du trio, assemblées pour l’occasion, et permettant donc de retrouver l’intégralité de la production de ce combo hors norme au propos obscur, qui semble se complaire dans une sorte de Black Death vraiment primaire, aux réminiscences de REVENGE, en version encore plus opprimée et assourdissante.
Mais il est évident que dès les premières secondes d’écoute, les plus sensibles des amateurs d’extrême prendront leurs jambes à leur cou, tant le barouf produit par les coréens/canadiens dépasse l’entendement, parvenant même à ridiculiser les tentatives les plus bruitistes de MORIES au sein de GNAW THEIR TONGUES.
Ici, le mot « concision » n’a pas lieu d’être, seul le feeling morbide importe, et sous cet aspect-là, ce sampler fait honneur à l’horreur, et redéfinit les limites d’un Black fortement connoté de Death, frisant même parfois l’ignominie d’un Noisecore sans l’aspect Hardcore. Difficile d’y retrouver ses petits, même dans le cas où le bruit est le plus intime de vos amis, tant le boucan développé tout au long de ces treize courtes compositions atteint des sommets dans la déraison. Impossible de discerner la moindre partie intelligible, à tel point que les premières démos de CARCASS sonnent comme un bel hommage au son west-coast des années 80, sans aucune exagération. Les pistes s’enchaînent, toutes plus mal produites les unes que les autres, et la gravité globale n’est pas sans évoquer les exactions de MORTICIAN, amplifiées par un traitement BM de fond de cave, qui semble faire rebondir les sons sur ses parois. La guitare et la basse s’unissent dans un vacarme traumatisant, tandis que les dissonances et les stridences se font une place au milieu de lignes de chant toutes plus Gore les unes que les autres, ce qui finalement, forme une orgie sonore globale ardue à identifier. Il m’est très difficile de préciser si les THY SEPULCHRAL MOON gravitent encore dans la galaxie BM, s’il n’y avait cette reprise de BEHERIT qui traînait dans un coin (« Sadomatic Rites »). D’ailleurs, les internationaux du jour se rapprochent dangereusement de l’essence même de la légende bruitiste, spécialement lorsque leur rythmique s’emballe et que le chant déballe, sur « Insides Disrupt » notamment, qui aurait largement eu sa place sur The Oath of Black Blood.
Pour la petite histoire, et celle de refermer le chapitre des reprises, notons aussi une appropriation apocalyptique du « Total War » des NON, retranscrite ici dans le vocable dyslexique des héros du jour, et qui y trouve d’ailleurs une diction encore plus hachée et étouffée, mais assez fidèle à l’esprit du morceau d’origine. Les deux démos sont facilement identifiables, d’un point de vue stylistique évidemment, mais aussi temporel, la première contenant tous les segments « Spell », très brefs et très intenses, et la seconde proposant des interventions un peu plus développées, mais pas forcément plus complaisantes. La fin de cette compilation propose aussi divers cadeaux, encore plus chaotiques que le reste, dont des versions démo encore moins abouties niveau production que celles présentes sur les…démos.
Difficile d’en dire plus sans tomber dans la redite, tant le caractère farouchement extrême de cette réalisation saute aux oreilles dès ses premières secondes. Ce trait est d’ailleurs symptomatique d’une démarche répulsive qui attirera les plus psychopathes d’entre vous, ceux justement rebutés par toutes les concessions acceptées par les groupes modernes, qui essaient tant bien que mal d’apporter une quelconque musicalité à leur brutalité. Celle des THY SEPULCHRAL MOON est palpable et tangible, et donnera la nausée à tous ceux qui pensent que le Metal noir, aussi absolu soit-il doit quand même garder prise avec la réalité d’un art qui risque de sombrer à tout moment dans l’auto-parodie. Ici, on y entre de plein pied, ou on frise le génie selon les avis, mais je vous laisse formuler le vôtre lorsque vous aurez tendu l’oreille sur Indignant Force of Great Malevolence. Sachez simplement qu’ici tout est laid, bruyant, volontairement, et que le plaisir est aussi total que l’horreur, selon le camp dans lequel vous vous situez. De là à émettre un jugement ferme et définitif sur l’importance d’un tel groupe, il y a un énorme pas que je me refuse à franchir. Le même qui sépare le Canada de la Corée du sud, pays d’origine de nos chevaliers bruitistes du jour.
Titres de l'album:
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