Je comprends le concept de destruction, mais si c’est pour venir shooter dans une poubelle tous les dix ans, je ne suis pas certain que l’effet soit celui escompté. Six ans et neuf ans, ce sont les délais entre deux albums des australiens de DESTRUKTOR, qui aimeraient bien nous persuader de l’anarchie de leur programme, tout en se montrant un peu trop dilettante. En considérant une formation datant de 1997, on peut se montrer circonspect quant au caractère impitoyable de cette horde, pourtant célébrée dans l’underground comme l’une des plus incorruptibles.
Mais avec seulement trois albums en presque trente ans, on ne peut pas dire que l’insistance soit la qualité principale de ce trio infernal.
Néanmoins DESTRUKTOR nous préparait un gros coup fourré. Suite à la sortie de la compilation Unholy Trinity cette même année 2024, il était évident que le groupe de Kangaroo Flat/Bendigo allait nous tomber sur le coin de la tronche sans vraiment prévenir. Et c’est chose faite avec cette troisième exaction, sans doute l’une des plus puissantes d’une discographie chiche, mais inattaquable.
C’est toujours un plaisir de retrouver ces marsouins en grande forme. Avec toujours aux avant-postes Glenn Destruktor (chant/guitare), seul membre d’origine, et Jahred (batterie) en poste depuis 2004, DESTRUKTOR mise sur la stabilité, et nous déroule avec Indomitable un tapis de barbarie certes encore un peu court, mais aux rouges flamboyants, cachant des traces de sang. DESTRUKTOR indomptable ? C’est en tout cas ce que les trois musiciens (avec Chris McEwin à la basse pour la première fois en longue-durée) tentent de nous prouver, via huit nouveaux morceaux cruels, implacables et bruts de chez brut.
De l’extérieur, on pourrait croire à une horde de huns sans foi ni loi, uniquement capables de brailler comme des damnés dans un micro bon marché. Mais quand on connaît un peu mieux les bonshommes, on sait qu’on va être bouffé à la sauce tartare, minutieusement préparée pour avoir le goût de la violence la plus indicible, mais aussi la plus savoureuse et précise. Loin d’un power-trio bourrin qui crache sur ses godasses, DESTRUKTOR est toujours ce maître-queue de renommée mondiale, qui a replacé l’Australie au centre de la carte de la brutalité la plus élaborée.
Un Black Death de proportions dantesques. Malgré un timing plus que raisonnable, et constant d’album en album, Indomitable a le parfum des œuvres revanchardes qui déjouent les pronostics, et s’avèrent de redoutables pierres angulaires. Immédiatement pris à la gorge par un son étouffant et charnu, l’auditeur se les fait bouffer menues par trois musiciens doués d’une technique affutée, qui puisent dans les coffres du Death technique ses plans et ses riffs. D’ailleurs, Hells Headbangers ne tarit pas d’éloges sur cette sortie que le label considère comme la meilleure de ses fidèles poulains. Et ce pourrait bien être le cas.
D’ailleurs, si la maison de disques est toujours fidèle au poste depuis le premier album, c’est qu’elle a une bonne raison. La qualité des efforts consentis par la bande est constante, voire exponentielle eu égard aux nombreuses qualités de ce troisième jet. Et si « Speaking With The Dead », single avant-coureur suffit amplement à se faire un avis, c’est « Better Off Aborted » qui selon moi incarne l’épitomé d’une méthode implacable qui consiste à ne retenir que les idées les plus puissantes et les plus précises.
Jouant le Death avec une énergie Black et travestissant le Black d’une haine viscérale Death, Indomitable est une déclaration d’intention claire comme de l’eau de roche. Inutile de chasser les anguilles, la ligne est nette, et les proies faciles. Basant son inspiration sur une succession d’à-coups magistraux, DESTRUKTOR célèbre la pagaille bruitiste restructurée pour sonner carré, et laisse même ses intervenants agir à leur guise, comme le souligne la ligne de basse très intelligente et fluide de « Beyond The Bleakness ».
Jahred, en constante représentation, multiplie les fills, les blasts, et nous ramène à l’âge d’or du Death Metal le plus opaque, inspiré de l’Amérique des grands jours floridiens ou californiens. On retrouve ces impulsions critiques sur la plupart des morceaux, et le trio a fait le choix de ne jamais ralentir le rythme, sauf à l’occasion d’un break oppressant.
« The Path to Lucifer » à qui incombe la lourde tâche de clore les débats assume sa position avec véhémence, et condense encore plus de déviations et de changements de cap, pour s’en remettre à un trio guitare/chant/batterie impressionnant de maîtrise. Les australiens, conscients de l’enjeu ont donc apporté un soin particulier à la composition pour s’en sortir sur moins de quarante minutes tout en laissant la terre bruler derrière eux.
Grosse claque, Indomitable est une bête sauvage, de celles qu’on retrouve parfois chez soi dans certains coins de l’Australie. Une bestiole immense et repoussante, qui n’a peur ni du balai, ni de la carabine. Et qui s’incruste dans les coins pour mieux sortir quand on s’y attend le moins. Et il est impossible de s’en débarrasser. Lorsqu’elle a élu domicile, c’est pour la vie.
Même si on ne la voit que tous les six ou huit ans.
Titres de l’album:
01. Speaking With The Dead
02. Holy Orgy
03. Writhe In Pain
04. Indomitable
05. Better Off Aborted
06. Beyond The Bleakness
07. Reap What You Sow
08. The Path to Lucifer
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