Amis du brutal, de la castagne à tout va, de la bagarre ininterrompue, soyez joyeux et sortez vos machine guns pour accueillir dans vos rangs un distingué représentant de la section Death internationale. Avec leur premier album, les portugais de RAGEFUL vous proposent un plan d’attaque sain et élaboré, basé sur des attaques rapides et des massacres éclairs. Il faut dire que ces soldats de la brutalité ont largement eu le temps de faire leurs classes en huit ans d’existence (dont quatre sous le nom de WALL OF DEATH) avant d’oser se lancer dans la bataille. Et c’est après un premier single paru en 2019 que ces originaires de Lisbonne tirent enfin à vue en prenant plus leur temps, via les dix rafales de cet Ineptitude introductif. Les membres l’avouent eux-mêmes, la formation n’a pas été des plus simples et soumises à des aléas plus ou moins désagréables, mais ils l’affirment eux-mêmes aussi, le temps de la délivrance est là, et ils ne sont pas peu fiers de leur puissance de feu. Il faut dire que leurs méthodes traditionnelles ont largement fait leurs preuves dans les années 90, lorsque DEICIDE, CANNIBAL CORPSE, IMMOLATION ou GORGUTS multipliaient les coups fourrés. Du Death de tradition donc pour une prise de contact sans ambages, et si le tout exhale un parfum de formalisme très prononcé, le tout s’apprécie à sa juste valeur de puissance ajoutée.
Quintet soudé depuis quatre ans, et axé autour de João Arcanjo (basse), Paulo Soares (batterie), Claudio Shivers & Ricardo Pato (guitare) et Leonardo Bertão (chant), RAGEFUL fait partie de ces formations solides et peu originales dont l’underground raffole tant, et leur art pour accommoder de vieilles recettes fait merveille sur ce premier jet, qui fait la part belle à la franchise rythmique et à la multiplication des riffs comme des balles en plein front. Tout y est évidemment, le chant grave d’outre-tombe qui invective les rares vivants aux alentours, la rythmique concassée dont la double grosse caisse fait des ravages, les soli en vibrato symptomatiques de l’école MORBID ANGEL, les blasts qui interviennent pile quand il faut pour relancer un break, et surtout cette énergie incroyable qui permet de retrouver l’allant des nineties, lorsque le style posait ses jalons définitifs.
Produit, enregistré, mixé et masterisé par Paulo Miguel Soares, qui s’est même permis de glisser quelques chœurs dans le panier des mariés, Ineptitude est l’exact contraire de son titre et montre une formation terriblement en place. C’est aussi lui qui frappe les fûts avec conviction, et qui donne un coup de main à la basse, ce qui en fait l’homme de la situation, et celui à remercier pour le son si puissant et clair de l’album. Véritable produit compétitif, ce premier LP est une jolie démonstration de force qui ne cherche pas à déstabiliser de son culot mais bien de son épaisseur, et les morceaux se suivent, courts mais à l’impact gigantesque, notamment grâce à ces variations subtiles placées à intervalles réguliers.
On retrouve au casting de l’album quelques invités notables ou moins, dont Alexandre Ribeiro venu faire un solo de basse fretless sur « Slavery Ways », Sérgio Afonso prêter quelques lignes vocales à la tuerie « Unsocial Network », ou Samuel Trindade lâcher un solo pour agrémenter « The Rage is Coming ». Ineptitude a donc de sérieux airs de partage entre initiés de la cruauté, et la précision de cette musique saura satisfaire tous les fans d’un Death rétrograde mais efficace. Pas question ici d’aborder le genre sous son aspect le plus souffreteux et morbide, la virilité efficiente étant au cœur des débats, ce que l’entame franche et définitive « Inhuman Greed » prouve en quelques secondes et en un seul plan létal.
Evidemment, on pourra arguer que cet effort n’a rien de véritablement transcendant dans l’optique, qu’il se contente de piller les plus grands pour se faire une place à l’ombre de la mort, mais le groupe dégage une telle énergie et une telle envie qu’on craque pour ces titres puissants et directs, qui parfois en rajoutent dans l’oppression et la lourdeur. En concevant les portugais comme les fils illégitimes d’IMMOLATION et MORBID ANGEL, on comprend parfaitement leur attitude, et le temps nécessaire à l’élaboration de l’album aura sans doute aiguisé leur colère, qu’ils injectent avec beaucoup de véhémence dans leurs créations. Et même si le mimétisme est parfois poussé à son paroxysme, on se laisse convaincre sans trop résister, tant les morceaux sont écrasants et parfois agrémentés de quelques fantaisies rythmiques plus accrocheuses que la moyenne (« Membership to Self-Existence »). C’est donc du costaud, avec un timing resserré parfait qui permet justement de faire oublier le classicisme au bon moment, et félicitons le groupe pour cette haine presque palpable qui se dégage de leur musique.
On sent que les RAGEFUL ont une saine revanche à prendre sur le destin, et qu’ils cherchent à tout prix à se mettre à la hauteur de leur nom de baptême. Mission accomplie, et les soldats peuvent donc rentrer chez eux avec la sensation du massacre bien fait.
Titres de l’album:
01. Inhuman Greed
02. Feed the Pigs
03. Slavery Ways
04. Whispering Rage
05. Unsocial Network
06. Clouds of Fear
07. The Rage is Coming
08. LCTS
09. Membership to Self-Existence
10. Portugal the Torch
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30