Voici un « retour » qui fait plaisir, bien que je modère la nouvelle de guillemets. Les CHEMICIDE n’ont en effet jamais disparu, et alignent depuis leur création un LP tous les deux ans, d’une qualité croissante et d’un intérêt ne l’étant pas moins. J’avais découvert ces originaires du Costa-Rica à l’occasion de la sortie de leur premier long, Episodes of Insanity, publié en 2015, qui tout en éveillant chez moi un intérêt poli n’avait pas chamboulé ma donne old-school. The Act of Retaliation avait rendu les choses un peu plus conséquentes en épaississant le son, mais à l’aune de la négociation du terrible et sentencieux troisième album, les natifs de San José se sont rendu compte qu’il valait mieux proposer quelque chose de relativement conséquent, d’où ce Inequality, qui n’a pas l’inégalité de son intitulé. Distribués par le label québécois PRC Music, les costariciens vont pouvoir bénéficier d’une promotion non négligeable, et ce sont donc dix concerts au nord de l’Amérique qui les attendent, concerts qui à n’en point douter, feront la part belle au nouveau répertoire…Ce qu’on aime chez ces musiciens, c’est leur franchise et leur honnêteté. Ils ne se vendent pas sur des qualités qu’ils ne possèdent pas, et se contentent de jouer un Thrash de facture classique, avec une énergie 2K qui caractérise la vague vintage actuelle. Inequality ne déroge donc pas à cette règle, mais se rapproche de plus en plus dangereusement du SLAYER historique, celui de la doublette South of Heaven/Seasons in the Abyss, et qui n’hésitait pas à truffer sa violence lourde de mélodies sourdes, pour ne plus s’apparenter à un monstre de vitesse et de cruauté. On retrouve cette philosophie sur ce nouvel album, qui toutefois n’hésite pas à jouer avec la cadence et s’affirmer comme la créature sevrée de violence qu’il est.
Et si le label n’hésite pas à citer la Bay Area, mais aussi KREATOR ou DESTRUCTION, c’est plutôt du côté des outsiders des années 80 qu’il faut aller chercher l’inspiration. Dans ma chronique d’Episodes of Insanity il y a quatre ans, je citais les noms de RECIPIENTS OF DEATH, d’ASSASSIN, de GAMMACIDE, et j’avoue que ces parallèles sont toujours d’actualité aujourd’hui, spécialement lorsque nos pauvres oreilles ont le malheur/bonheur de tomber sur la bourrasque « State of Emergency ». S’étant considérablement professionnalisés et ayant aiguisé leur son pour devenir des pointures du genre, les CHEMICIDE confirment donc avec panache leur réputation émergente, et nous offrent le LP le plus solide et conséquent de leur carrière, remarquablement bien produit, et efficace de bout en bout. Ils n’ont d’ailleurs pas perdu leur concision en route, puisque avec vingt-neuf minutes, Inequality est leur effort le plus court à ce jour, les minutes décroissant au fur et à mesure que la puissance augmente. Et les influences s’élargissent aussi, puisqu’on trouve des traces du SEPULTURA tribal sur « Paralysis », notamment sur cette longue intro hypnotique qui déboule sur un riff lourd et glauque. Le quatuor de faux-frères (Frankie Chemicide - guitare/chant, Sebastian "Blackened" Chemicide- guitare, Nash - batterie et Jorge Chemicide - basse) a donc gagné en solidité ce qu’il a perdu en naïveté, mais son attitude plus mure ne l’empêche pas de thrasher comme aux premiers jours. On constate simplement que les erreurs de débutant d’antan ont fait place à une belle lucidité, les plans s’enchaînant en toute logique, et les breaks étant amenés avec plus de finesse.
Out donc le Thrash téléphoné de leur premier long, qui laisse place à un Metal en fusion, la cadence d’abattage passant d’un mid tempo oppressant à une bourrasque de dément (« Overload »), le tout exhalant d’une ambiance de série B qu’on trouvait à une époque sur les travaux d’INFERNAL MAJESTY. A l’image de cette pochette aux tonalités fluo qui dénote dans la production actuelle, Inequality tente et réussit à se démarquer de la masse grouillante des nostalgiques à la linéarité irritante, et se veut synthèse parfaite d’un underground brutal. Pas encore au niveau des meilleurs représentants du genre, les POWER TRIP, CRIMSON SLAUGHTER et autres ENFORCED, mais à leur portée quelques croches en dessous, les CHEMICIDE nous signent un manifeste à la Reign in Blood avec moins de folie mais plus de sagesse, et cette demi-heure bien tassée en leur compagnie passe très vite. Toujours aussi capables, les musiciens, en dépit de soli qui empruntent beaucoup à l’hystérie de l’école King/Petrozza (mais c’est aussi la trademark d’une époque) agencent leurs idées, laissent évoluer leur plans, pour atteindre une sorte de plénitude Thrash qui nous accule, et osent le final dantesque qui laisse admiratif de son crescendo intelligent et épidermique. Révélation de ce troisième LP, l’épilogue « Rebellion Manifesto » parvient à réconcilier les écoles de Californie et de la Ruhr, et se place dans le haut du panier de la créativité des costariciens. On leur pardonnera donc encore deux ou trois scories qui traînent, puisque leurs riffs sont efficients et catchy (l’entame de « Inequality » est parfaitement diabolique et addictive), et qu’ils ont de temps à autres le flair de réconcilier TESTAMENT, VIO-LENCE et FORBIDDEN (« Conditioned Liberty », plus circulaire qu’une scie, et plus pointu qu’un clou de Kerry).
Les CHEMICIDE s’apprêtent donc à mettre le Québec à feu et à sang, et il y a fort à parier que nos cousins, déjà forts d’un cheptel ayant compté dans ses haras RAZOR, VOÏVOD, ANNIHILATOR et autres EXCITER apprécient la visite, et réservent un accueil chaleureux à cet Inequality qui leur rappellera d’excellents souvenirs…
Titres de l’album :
1.Inequality
2.Altered Reality
3.Indoctrination
4.Conditioned Liberty
5.State of Emergency
6.Paralysis
7.Overload
8.Rebellion Manifesto
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