Inferna Kabbalah

Ectoplasma

24/01/2022

Memento Mori

La pochette, qui évoque les premières œuvres de Repka pour DEATH ne trompera personne : les grecs d’ECTOPLASMA sont de retour, et n’ont pas mis d’eau dans leur fiel. Deux ans après leur dernier méfait putride White-Eyed Trance, les originaires de Nikaia continuent leur entreprise de mise en terre d’un Death moderne et aventureux, et s’en remettent aux techniques ancestrales de violence, celle qui était prônée à l’orée des années 90 et durant toute la décennie. En résulte donc un album formel, ultimement traditionnel, qui recycle des idées déjà largement exploitées, mais qui le fait avec une sincérité hors-norme qui le confine au sacerdoce.

ECTOPLASMA est en quelque sorte la première ligne nostalgique de la brutalité européenne. Giannis Grim (chant/basse) et Dimon's Night (guitare/batterie), qui comme tout le monde ont dû faire face à la pandémie et l’absence de perspectives, sont donc resté ensemble et ont resserrés leurs rangs, abandonnant la formule quatuor qui avait fait le succès de leur album précédent. Mais avec Inferna Kabbalah, les deux musiciens prouvent qu’ils n’ont besoin de personne pour accoucher d’une œuvre bestiale d’importance, et les trente-cinq minutes de ce nouvel effort prouve que leur investissement a eu raison de tout obstacle.

Evidemment, un album du duo ne ressemble à rien de plus ou de moins qu’un autre album du duo. Et entre les quatre mains de deux labels, Memento Mori pour la version CD et  Rotted Life pour la rondelle et la tape, Inferna Kabbalah est en confiance et promis à un destin enviable. Il faut dire qu’une fois encore, les riffs font le show, entre classicisme exacerbé et groove impitoyable, ce qu’on ressent très rapidement : le groupe a fait l’économie d’une intro pour nous plonger dans le vif du sujet blasphématoire en citant le Rosemary’s Baby du sieur Polanski et ses obsessions sataniques. Alors, on vibre, on se déhanche au rythme d’un mid tempo efficace comme un psaume lu à l’envers pour évoquer le diable, et la prise de contact est rapide : impossible de ne pas succomber à ces lignes de chant graveleuses et à ce festival de licks qui tournent comme des vautours.

Comparé par un argument promotionnel assez fier au BOLT THROWER de For Victory, Inferna Kabbalah n’en a pas moins son identité propre comme le démontre le tortueux et vicieux « Infestation Of Atrocious Hunger », et son entame presque joyeuse. Le duo n’a pas cherché l’innovation, mais l’assise, et s’en est remis à son savoir-faire ancestral : des citations dans le texte entre SUFFOCATION et AUTOPSY pour les cassures les plus traumatiques, et un poil de modernité dans l’agencement des idées. L’équilibre rythmique, très bien pesé, permet de supporter les changements de BPM incessants qui confèrent à l’œuvre le beat d’une mise en bière un peu trop arrosée.  

Comme d’habitude, les réfractaires argueront d’un caractère trop prévisible et de compositions trop respectueuses pour être honnêtes. S’il est vrai que le duo n’a pas cherché la complication, les atmosphères, les couches de voix, et les riffs à la MORBID ANGEL (« Inferna Kabbalah ») suffiront largement à faire le bonheur des psychopathes de Floride, tout comme la joie des maniaco-dépressifs anglais sevrés à BENEDICTION. Les clins d’œil sont légion, mais l’appétit des morts-vivants est concret, et l’album possède cette énergie glauque des films les plus sombres de l’histoire du surnaturel, comme si Lucio Fulci revenait d’outre-tombe pour s’approprier le travail d’Ari Aster.

Conséquents, les morceaux se suivent et se ressemblent certes, mais développent des astuces intelligentes, comme cette entame Thrash sur l’imparable « Gruesome Sacred Orgasms ». On se replonge donc dans le passé d’un genre qui renaît sans cesse de sa propre pourriture, et celle recouvrant  Inferna Kabbalah est justement noble, aux tâches verdâtres repoussantes, mais à l’odeur familière. Celle d’un Death que l‘on aime pour ce qu’il est, nauséabond, violent, impitoyable dans l’agression, et profond dans la terre.

On aurait peut-être aimé un titre plus lapidaire que la moyenne, mais les blasts furieux de « Filth-Ridden Flesh » font parfaitement l’affaire, pour une fin d’album qui ressemble à une fin de vie. Entre les allées d’un cimetière désolé, ECTOPLASMA déambule parmi les esprits les moins amicaux, et nous livre sa propre version de la vie après la mort. Une vie infâme, basée sur les plus bas instincts terrestres, partouze des sens dans une mare d’essence prête à prendre feu, pour le plus grand plaisir de Lucifer.

Mais après tout, lorsqu’il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre, et vous pouvez faire confiance à ces deux-là pour les accueillir comme il se doit. Au son d’un Death Metal old-school, sombre, grossier, mais savoureux et sincère.

Scream, bloody, Gore. Encore.

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. God Is Dead, Satan Lives (Rosemary's Baby)

02. Appalling Abomination

03. My Medieval Urges Materialized

04. Infestation Of Atrocious Hunger

05. Inferna Kabbalah

06. Gruesome Sacred Orgasms

07. Filth-Ridden Flesh

08. Desecration Of The Christian Existence


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par mortne2001 le 23/01/2022 à 15:15
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