Cinq ans d’existence, quatre albums, LUCIFUGE a de quoi être fier de son parcours, et gageons que le preux Equinox l’est. Lui qui a commencé son histoire seul comme un seul homme peut aujourd’hui compter sur trois fidèles lieutenants pour épaissir sa production crade mais impeccable, et ce quatrième longue-durée se place immédiatement au sommet de sa discographie rauque. Beaucoup diront que la recette est si facile que l’homme pourrait facilement composer deux ou trois albums par an, ce qui n’est pas faux, mais à l’instar d’autres sous-genres, le Black/Thrash demande de la discipline dans la folie. Je reconnais que mélanger une bonne dose de VENOM à une sauce BATHORY n’est pas une recette complexe, mais obtenir un résultat aussi épicé et relevé n’est pas donné à tout le monde. Et un an à peine après la bombe The One Great Curse, Infernal Power nous explose à la face, comme si le monde n‘avait pas changé et qu’il était toujours voué aux gémonies du vice, du plaisir facile, et du dévergondage de premier choix.
Accompagné sur disque par Matorralix à la basse, Dominatrix à la batterie et Berenjenix à la seconde guitare, Asterix - pardon, Equinox - se voit donc épaulé dans sa tâche et parfaitement compris, et dès les premières effluves de « Infernal Power » répandues dans l’air vicié, le compte est bon et le mot n’est pas le plus long, mais les effets immédiats se ressentent comme une grosse torgnole de Patrice Laffont. Adressant un salut appuyé à tous les nostalgiques de l’époque Welcome to Hell/Black Metal/Bathory, LUCIFUGE continue d’avancer à fond la caisse sans trop se poser de questions, et lâche ses riffs les plus primaires et accrocheurs pour nier l’évolution d’un style qu’il préfère trempé dans son jus nostalgique. L’homme n’a pas adouci son timbre de voix, toujours passé au papier de verre et à rendre Cronos aussi fier qu’un bar-tabac, il n’a pas sophistiqué ses riffs ni ses arrangements, et se souvient toujours de l’efficacité instantanée d’un « Black Metal » pour composer.
De fait, pas grand-chose de neuf à dire à propos d’un album qui recopie les brouillons de son aîné pour les actualiser, mais la musique de LUCIFUGE n’a jamais été de celles qu’on dissèque et qu’on explique aux néophytes. Les fans se sont depuis longtemps regroupés autour de leurs héros, et ce quatrième chapitre de la saga se présente sous un jour blasphématoire très prévisible. Up tempo permanent, strié de blasts pour se replonger dans les jeunes années du groupe (« Leviathan Arise »), emprunts plus ou moins habiles qui parfois citent At War With Satan dans le texte (« Black Battalions », très sympa, mais un peu abusé dans l’hommage quand même), dérapages contrôlés Speed Metal satanique et gentiment cyclique (« Temples Of Madness »), tout est couru d’avance, mais on se jette quand même à âme perdue dans le coup fourré qui nous désigne tous gagnants.
Il faut dire que la maîtrise instrumentale doublée d’un sens inné de la composition viscérale transforment cet album en exercice de style parfait dans son genre. Inutile de venir jouer les pleureuses parce que les morceaux ressemblent comme deux gouttes de bave à des classiques du répertoire Black/Thrash, ou parce qu’ils présentent trop de similitudes avec les propres standards live du groupe allemand, puisque le marché est clair dès les premières mesures. Alors, si vous décidez de jouer cet album, acceptez-en les règles : tout est prévisible, tout est formel, mais la sage démence qui émane de ces chansons permet d’oublier leur facilité de création.
Et si le rythme est trop statique, si les idées se répercutent sans vergogne, si les textes sont encore très puérils, si la voix est monocorde, voyez-y un parti-pris de fidélité et de foi, puisque Equinox n’a jamais fait grand cas de son obsession pour le Thrash bestial des origines. Alors certes, beaucoup vous diront que VENOM a fait ça bien avant et certainement bien mieux, que BATHORY était plus en avance sur son temps, qu’IMPALED NAZARENE sonnait encore plus crade et dingue, mais LUCIFUGE rassure de sa constance, et nous en donne toujours pour nos déviances. Mélange de saillies brèves mais qui laissent sur le flanc, la rondelle un peu dilatée (« Beneath The Eyes Of The Black Flame » le plus BM de base du lot), et d’inserts à la « Overkill » qui prennent plus leur temps (« Good As It Is », encore une fois, merci Philty pour cette intro éternelle qu’on reprend à toutes les sauces) et imposent quelques mélodies sans le faire exprès, Infernal Power n’est certes pas plus power que le reste de la discographie germaine, mais respecte le cahier des charges et ne déçoit jamais.
Moins sale qu’il n’en a l’air, et plus sophistiqué que la plupart de ses concurrents suédois, LUCIFUGE s’impose comme une petite valeur sûre, sur laquelle on mise peu pour gagner moyen. Mais avec ce quatrième album, la horde sauvage nous démontre qu’elle n’a rien perdu de sa brutalité, et qu’elle est toujours capable de raser l’herbe partout où elle pousse. Même en enfer.
Titres de l’album:
01. Infernal Power
02. Leviathan Arise
03. Black Battalions
04. Temples Of Madness
05. Heresy Shall Remain
06. Beneath The Eyes Of The Black Flame
07. Black Light Of The Evening Star
08. The Doors Of Hell May Shake
09. Good As It Is
10. Midnight Sun
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