Trouver un groupe de Hardcore en activité depuis 1981 n’est pas chose courante de nos jours. Et pourtant, il en existe, qui sortent encore des albums, et qui se permettent même de rester d’actualité, sans rien renier de leur glorieux passé. Pour connaître celui des RAW POWER - sans aucun doute influencés par la bande à Iggy au moment de leur baptême – il faut donc revenir dans la région de Reggio d'Émilie, à Poviglio plus précisément, pour y découvrir un jeune guitariste jouant dans son coin, Giuseppe Codeluppi, grattant depuis 1979 et qui n’allait pas tarder à donner naissance à l’une des plus anciennes légendes Core transalpine. Depuis, l’histoire a suivi son cours, obligeant le groupe à changer régulièrement de line-up pour survivre, mais surtout, pour arroser le marché d’un nombre conséquent de sorties publiées par divers labels. Un simple coup d’œil à leur parcours discographique sur la bible Discogs suffit à comprendre que les italiens n’ont pas chômé en se contentant de quelques clins d’œil et signes de la main épars. Seize longue durée, des splits, des EP, des démos, enfin le parcours habituel d’un groupe underground qui ne lâche pas son os à ronger, et qui avance coûte que coûte. Et à l’écoute de ce petit dernier, Inferno, on comprend très bien que le combo n’ait jamais raccroché les gants. Car leur rage est toujours aussi palpable, et aussi emprunte de révolte 80’s que de colère actuelle. Un bon gros uppercut dans le nez pour revenir à la réalité, et surtout, un Hardcore à tendance légèrement Fast pour rester dans la dynamique sans rentrer dans le rang.
Sorti par le label allemand Demons Run Amok Entertainment, Inferno est un gros pavé qu’on reçoit en pleine face, heureux d’avoir été réveillé à la réalité. Celle des RAW POWER est crue, comme leur nom l’indique, et leur line-up actuel (Giuseppe "Junior" Codeluppi, Tommi Prodi & Paolo di Bernardo aux guitares, Mauro Codeluppi au chant, Gianmarco Agosti à la batterie et Marco Massarenti à la basse) semble au sommet de sa forme et de sa hargne, et aligne ainsi quinze brulots qui démangent dans le dos, mais qui donnent aussi envie de faire bouger les choses pour que tout ça ne s’arrête pas trop tôt.
Et ne comptez pas sur des présentations tranquilles pour faire connaissance avec ces allumés, puisque « Look The Other Way » et son message explicite met les choses au point dès ses premières secondes, sans attendre que vous tendiez votre main. L’époque est au réalisme et à la crudité, ce que les italiens savent depuis très longtemps, et ce que leur discographie prouve à chaque instant. Inferno ne dénotera pas parmi leurs efforts précédents, et joue la vitesse et la violence, teintant de puissance un Hardcore qu’on penserait joué par les MINOR THREAT, MADBALL, AGNOSTIC FRONT et pas mal d’autres contemporains des italiens, qui ont vu les groupes naître et mourir alors même qu’ils se battaient pour rester en vie, malgré quelques pertes, dont celle de leur ami de longue date Luca Carpi, décédé il y a quelques années.
En gardant le principe d’instantanéité en ligne de mire, RAW POWER ne change aucunement une formule qui gagne et qui frappe, et ne se disperse pas en route. Les titres ne dépassent jamais les trois minutes, un standard inamovible dans le petit monde du Hardcore, mais dispensent suffisamment d’idées sur fond de rythmiques speedées pour maintenir la pression et le cap sur les désillusions. Sur ce seizième effort, la tension est palpable et la rage capable, et si le duo basse/batterie joue les accélérations jusqu’à l’épuisement, les guitares ne procèdent pas autrement, même si quelques riffs plus graves viennent troubler les débats vitaminés. L’expérience parle, mais une expérience qui a su rester fraîche et alerte, puisqu’il est impossible pour un néophyte à l’écoute de cet album de deviner que le combo à plus de trente-cinq ans d’existence à mettre en avant. La jeunesse de l’impulsion est remarquable, ce qui démontre que le Punk et le Hardcore permettent de rester alerte, et encore plus dans une époque troublée par les querelles de clochers et appauvrissement global nous menant directement à la catastrophe annoncée. Celle-ci est soulignée par les RAW POWER qui n’ont pas oublié les rebelles qu’ils ont toujours été, et qui soulignent les travers de notre société à grands coups de chœurs revanchards et de lignes vocales bien vachardes, histoire de rester dans le ton. Ce dernier est plutôt uniforme, et calé sur des BPM cramés, et si pas mal d’interventions sont assez similaires dans le fond, l’investissement est à ce point total qu’on en oublie les quelques ressemblances un peu trop frappantes qui sont le lot de tous les groupes qui vivent et jouent à fond.
Mais entre deux pamphlets à la Roger Miret, nous avons le droit à quelques surprises de bon aloi, comme ce « The Jurassic Hounds », qui sonne comme une rencontre idéale entre MOTORHEAD et les AGNOSTIC, singeant même par moments le riff de « Iron Fist », pour ajouter un peu de sel dans les références typiques. Le tout cavale donc à bonne allure, et reste dominé par les vocaux martelés de Mauro, qui s’avère être l’archétype du chanteur Core aux tics féroces et au phrasé précis mais véloce, avec ce timbre rauque qui transforme n’importe quelle anecdote en leitmotiv d’importance… Mais les guitares ne s’en laissent pas conter pour autant et tronçonnent impatiemment, alignant les motifs mémorisables mais mordants, qu’on reprend collégialement dans sa tête comme des hymnes à la fête. Mais la fête à notre époque est gâchée par les disparités, et la violence tapie explose à tous les coins de rue à midi, et ça RAW POWER l’a très bien compris. Alors on fait le plein de titres très courts qui courent, de « You Don’t Know Your Enemy », qui ose enfin un up tempo un peu plus costaud, avant d’accélérer pour nous garder au chaud, à « You Were Right », le plus Thrashcore du lot, qui fait encore plus chauffer le moteur de la haine, en se rapprochant des cris les plus primaux de Stigma & co.
Grosse basse qui claque, chaloupés qui font tanguer (« Dedico Queste Righe »), variations sur le même thème de saine colère (« Mean Machine », ou voit bien les mecs la mâchoire serrée prêts à rentrer dans le lard), et final qui nous écrase de ses changements d’humeur (« La Paura »), Inferno se veut donc tableau complet d’un vingt-et-unième siècle à l’agonie, mais aussi plus simplement nouvelle étape sur un parcours impeccable. Le Hardcore des italiens n’a en rien perdu de sa superbe, et les années semblent n’avoir aucune prise sur eux, tant ce nouvel LP respire le naturel et la rage de jouer par tous ses sillons bien chauffés. Depuis 1981 vous dites ? Visiblement, la haine, ça conserve…
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20