Si vous aimez les inclassables, les parias, les étrangetés, les bizarres, les éclopés, les handicapés de la certitude et tous les mécréants de la variété, vous êtes surement déjà tombé sous le charme des australiens de KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD. Pensez-donc, un septuor austral formé en 2010 et qui fête en 2019 son quinzième album studio et son énième changement de cap, ça ne passe pas inaperçu, même pour les plus étourdis. Alors dites-vous une chose, une bonne fois pour toutes, nous tenons-là nos Zappa à nous, capables de faire le grand écart entre Stoner et Thrash, entre Hard vintage et Metal contemporain, entre Country et Punk, sans que cela ne paraisse incongru ni stupide. Il faut dire que les lascars sont plutôt talentueux, et un rapide coup d’oreille à leur pléthorique discographie suffit à s’en rendre compte. Listons pour le plaisir les œuvres des marsouins, 12 Bar Bruise (2012), Eyes Like the Sky (2013), Float Along – Fill Your Lungs (2013), Oddments (2014), I'm in Your Mind Fuzz (2014), Quarters! (2015), Paper Mâché Dream Balloon (2015), Nonagon Infinity (2016), Flying Microtonal Banana (2017), Murder of the Universe (2017), Sketches of Brunswick East (2017; avec MILD HIGH CLUB), Polygondwanaland (2017, lâché gratos, comme ça…), Gumboot Soup (2017), Fishing for Fishies (2019) et ce final Infest the Rats' Nest, leur second long de 2019, et certainement pas le dernier…Soit la bagatelle de cinq albums rien qu’en 2017, certes loin des scores pharamineux atteints par BUCKETHEAD, mais à des miles de toute raison normale d’un groupe lambda. On ne peut donc pas dire que les sept musiciens soient à court de jus, puisqu’en plus de leur productivité, il convient de louer leur stabilité dans la qualité, même si les fans de distorsion et de boucan auront du mal à s’attacher à un album comme Fishing for Fishies, plus volontiers Country, Blues et tout le toutim. Mais qu’il en soit ainsi, et c’est justement cette pluralité qui les rend encore plus attachants, attachement et affection que ce quinzième LP ne risque pas d’affecter…
Mais pour les néophytes, qu’est-ce donc que la magie KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD dans les faits ? Un sacré mélange, un refus des conventions, un choix qui n’en est pas un, et le Crossover le plus maousse qu’on puisse trouver sur le marché. Un truc qui vous rappellera les mélanges bizarres Jazz/Progressif/Thrash de BLIND ILLUSION, les démarches de guingois de PSYCHOTIC WALTZ, une union bizarre entre KYUSS et METALLICA, le tout supervisé par SLAYER, trop heureux d’avoir encore converti quelques brebis. Sans aller jusqu’à disséquer le travail entier des australiens et en se bornant à ce Infest the Rats' Nest, nous tenons là un petit miracle du Doom/Stoner/Thrash psychédélique, encore plus délirant qu’un discours de Timothy Leary complètement stone, mais largement aussi puissant qu’un délire de THE OBSESSED re-vu et re-corrigé par SODOM (enfin presque, n’exagérons rien…). Deuxième jet de l’année pour le groupe, ou plutôt le collectif articulé autour de Stu Mackenzie (chant, guitare, basse, claviers, flûte, zurna, clarinette, saxophone, harmonica, sitar, baglama), Ambrose Kenny-Smith (chant, harmonica, claviers), Cook Craig (guitare, basse, chant), Joey Walker (guitare, basse, claviers, chant), Lucas Skinner (basse, claviers), Michael Cavanagh (batterie, percussions), et Eric Moore (batterie, percussions), qui ressemble à une bande d’allumés fans de HAWKWIND ayant découvert les joies du Thrash sur le tard, ce qui est d’ailleurs un peu le cas si on s’en réfère au parcours de Stu McKenzie, leader et poly-instrumentiste qui déclare à ce propos : « J’ai connu un gamin fan de RAMMSTEIN (…) C’était mon introduction au Heavy Metal. RAMMSTEIN a mené à METALLICA, METALLICA a mené à SLAYER, SLAYER a mené KREATOR et SODOM. Les groupes allemands m’ont vraiment botté le cul et m’ont foutu la trouille aussi. Plus tard, quand j’ai pris une guitare, j’ai réalisé que c’était trop dur à jouer, alors je suis entré dans le Rock’n’ roll et le Garage. C’était libérateur. ».
Dont acte. Sauf que le gus est tout à fait capable de jouer du Thrash avec son équipe, mais qu’il préfère varier les plaisirs, et mélanger l’extrême au classique, et le mainstream Hard au pointu violent. La plupart du temps, les camps sont bien divisés et les styles scindés, ce qui n’empêche nullement certains morceaux de sonner comme des classiques du Thrash, enregistrés dans les années 70 par un groupe ayant trop forcé sur la fumette (« Organ Farmer », sorte de démo champêtre de SLAYER reprise par Jello Biafra et les Bouseux Anonymes). Même constat pour le terrifiant « Venusian 1 », voyage intersidéral dans la galaxie QUEENS OF THE STONE AGE avec Lemmy et Kerry King pour guides (le solo est d’ailleurs proche du mimétisme, c’est assez bluffant). « Venusian 2 », avec des caractéristiques similaires sonne quant à lui comme du MOTORHEAD dopé au VAN HALEN de Venice, tandis que le final « Hell » est plus proche des débuts de la côte californienne des années 83/84, avec son riff à la James Hetfield et son chant un peu sourd et geignard. Drôle de tableau ? Paragraphe trop long et pas assez aéré ? C’est normal, c’est fait exprès.
Mais le reste, sans s’ancrer dans la même démarche et présentant un caractère plus formellement Rock N’Hard, vaut aussi largement le coup d’oreille. Et je suis assez pantois de constater que les branleurs sont capables d’enregistrer comme on va pisser autant de chansons valables, sans se poser la moindre question. Ces certitudes sont d’ailleurs très troublantes, et des morceaux du niveau de « Superbug » conviendraient parfaitement à pas mal de groupes de Stoner pour meubler leur carrière chancelante, avec ses changements de ton, ses brisures, ses bifurcations d ‘humeur, et son humour aussi pesant qu’un incunable de BLACK SABBATH joué par feu Peter Steele. Niveau intro, et en prenant en compte cette double grosse caisse à ridiculiser « Overkill », « Planet B », nous dresse un constat alarmant et Thrash de l’état de la planète, avec ce leitmotiv « il n’y a pas de planète B ! » qui revient comme un mantra entre deux riffs tronçonnés façon MEGADETH. Et alors que « Mars For The Rich » sombre dans le boogie si cher à nos barbus texans de ZZ TOP, « Self-Immolate » fait à peu près ce qu’il veut, et s’amuse de PRIMUS tout en louchant sur le décolleté de Gary Holt, écrase les pédales, laisse la basse s’envoler dans la stratosphère, et la lead décoller vers des paradis slayeriens. En gros comme en détail, un massacre qui laisse au tapis, d’admiration et d’interrogation, et même K.O pour le compte, on hallucine encore du potentiel de ces trous-du-cul qui se permettent de blinder leur parcours sans jamais se répéter. Génies ? Peut-être, mais alors farouchement indépendants et libres, mais surtout, une nouvelle contribution des KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD à un non-style qui n’appartient qu’à eux. Et si vous aimez les inclassables, les parias, les étrangetés, les bizarres, les éclopés, les hybrides entre WHITE ZOMBIE et KREATOR et MONSTER MAGNET, bah chopez ce truc pendant qu’il est encore bouillant. Quoiqu’il risque de le rester longtemps…
Titres de l’album :
1.Planet B
2.Mars for the Rich
3.Organ Farmer
4.Superbug
5.Venusian 1
6.Perihelion
7.Venusian 2
8.Self-Immolate
9. Hell
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