Infestation

Horroraiser

15/09/2016

Metal Race Records

A la pêche aux moules, ma mère ne veut plus que j’y aille, mais à la pêche aux infos, pas de contraintes particulières. Sauf dans le cas des groupes Russes qui prennent un malin plaisir à dissimuler leur histoire derrière un paravent de…vide.

Non, sérieusement les mecs, je sais qu’avec Vladimir les choses ne sont pas faciles, mais un VK en langue natale et rien d’autre, pour un chroniqueur, ça n’est jamais suffisant. Pas cool, mais ça ne m’empêchera pas de parler de votre musique beaucoup moins mystérieuse que votre biographie.

Avec un patronyme comme HORRORAISER, peu de chances de se tromper, et pour une fois, vous avez bien planté l’anneau dans le clou, puisque c’est bien du Death Metal qui sera notre débat du jour. Un Death « à la Russe », fortement teinté de Thrash et de Punk, mais impitoyable dans le fond et la forme.

Il semblerait donc selon les bribes de renseignements que j’ai pu collecter qu’Infestation soit la première réalisation de ce quintette (mais trio sur les photos, étrange), composé de Mikhail Veselov (guitare), Alexey Drelin (chant), Vyacheslav Gromov (basse), Konstantin Chuykin (batterie) et Alexandr Udalov (guitare), qui ont donc visiblement tout l’avenir devant eux, pour peu que les fans du style accrochent à leur approche d’un Death fatal qui ne s’aventure que très rarement en dehors des sentiers battus.

On y trouve en effet toutes les composantes du style, telles qu’elles ont été énoncées à une époque passée, mais traitées par le prisme slave, ce qui les rend encore plus efficaces à défaut d’être originales.

On retrouve donc au générique de ce premier longue durée des riffs macabres, visiblement hérités de la froideur scandinave, mais aussi quelques staccato purement Thrash, et une atmosphère subtilement Punk qui transforme les interventions les plus classiques en ponçage au papier de verre grain fin.

Quelques mélodies glacées parviennent à se frayer un chemin dans le dédale de gravité ambiant, et si le chant d’Alexey, bien rauque et sombre n’offre rien de particulier question innovation, il sait se montrer bien démoniaque quand il le faut (« Fire Tomb »), et développe un phrasé coulant assez séduisant, pour peu que le terme puisse être usité dans un contexte pareil.

De là, et de ci, la recette est éprouvée, et le quintette mélange tous les courants possibles, tombant même parfois dans des digressions tout à fait intéressantes et plus Heavy que la moyenne. Ainsi, l’accrocheur « Waltz Of The Damned » se réjouit d’une atmosphère à la AT THE GATES qu’il impose à un contexte purement GRAVE/UNLEASHED, et laisse traîner quelques riffs en mid qui permettent de se focaliser sur un thème vraiment catchy et plus léger que la moyenne. Hit de l’album ? Sans conteste mais ne négligeons pas pour autant quelques autres point forts, dont un diptyque qui finalement, prouve que les HORRORAISER ont peut-être plus de choses à dire qu’on le pensait au prime abord.

Cette approche est d’ailleurs appliquée dans une certaine mesure au terrifiant d’efficacité « Infestation I: Swarm », qui superpose une rythmique atomique et infatigable à des parties de guitare mémorisables, qui exposent des thèmes sympathiques et presque « joyeux ». Une sorte d’ultraviolence colorée, aussitôt nuancée d’interventions mélodiques à la façon de l’école Néo-Death suédoise, pour un mélange pas si contre nature que ça et un choc des cultures qui peut laisser pantois.

Pas forcément d’admiration, mais au moins de la raison, celle d’admettre que le quintette de Kovdor n’est pas qu’un simple combo de Brutal Death supplémentaire, mais bien un groupe aux idées tangibles et valides et qui va chercher plus loin que le bout de sa concession les réponses à certaines questions.

Exemple :

Peut-on rester violent à l’extrême sans verser dans le roboratif Death convenu ? Oui.

Peut-on intégrer la mélodie dans un cadre putride sans oser la mièvrerie harmonique ? Oui.

D’ailleurs, la seconde partie de ce triptyque continue le travail de sape en développant une attaque purement Thrash qui déboule sur des arythmies originales, ce qui démontre bien que les HORRORAISER sont plus aventureux qu’une congrégation de bêtes de foire.

Certes, le son uniforme nous perd parfois dans des similitudes de riffs qui finissent par se ressembler dans leur tranchant le plus systématique (l’ouverture du final « Labyrinth » le démontre), mais le groupe se débrouille toujours pour trafiquer les couplets et les dissocier de fait, et ainsi offrir une jolie ouverture, qui parfois se permet quelques borborygmes à la limite du gore sur le même morceau.

Mais comme ces débordements sont immédiatement suivis d’interventions harmonieuses séduisantes, on pardonne facilement les réflexes trop prononcés…

Il n’est bien sûr pas certain que les HORRORAISER parviennent à se faire remarquer hors des frontières de leur Russie natale avec Infestation, qui reste encore un peu trop homogène et timide pour créer un choc transversal.

Mais les quelques idées rafraichissantes dont il fait preuve pourraient capter l’attention de fans de Death qui attendent un peu plus qu’une simple succession de plans morbides et éculés, et un enfilement de grognements stériles qui ne font plus peur à personne depuis longtemps.

Mais gageons que les Russes sauront miser sur leurs qualités et atténuer quelques-uns de leurs défauts pour progresser et devenir une machine bien huilée.

L’intention est là, ne la tuons pas dans l’œuf avant que la poule ne s’en remette. Poule, moule, ça rime, et ça me permet de refermer cette parenthèse sur une pirouette, mais en dehors de ces quelques blagues de bon ton Infestation mérite qu’on se penche un peu sur lui, ne serait-ce que pour ces quelques déviations mélodiques et ces parties rythmiques diaboliques qui rendent son écoute un peu moins prévisible que la moyenne des groupes de la mort de l’Est.


Titres de l'album:

  1. Seven
  2. Bullet Hell
  3. Fire Tomb
  4. Infestation I Swarm
  5. Infestation II Wave Of The Undead
  6. Waltz Of The Damned
  7. Labyrinth



par mortne2001 le 10/11/2016 à 16:31
65 %    1188

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30