En Suède, dans les années 70, la scène musicale ressemblait à un désert pas très habilement caché par le cactus ABBA. Aujourd’hui, c’est le pays qui regroupe le plus de musiciens et groupes au monde, proportionnellement parlant, et la transition ne s’est pas vraiment faite en douceur mais plutôt brutalement. Alors, que s’est-il passé pour que ce petit pays du nord soit aujourd’hui le leader incontesté du marché Hard-Rock malgré son passif pas spécialement reluisant ? Oskar Jacobsson a sa propre théorie. Dans les années 70, le pays a commencé à croire que les arts en général n’étaient pas forcément des passe-temps de feignasses en rupture de ban scolaire, et a développé un programme de cours dans les écoles, invitant même des artistes à jouer dans les établissements pour parfaire cette éducation et lui conférer un côté pratique et concret. Quant à savoir si cette explication est la bonne et si elle explique vraiment l’explosion artistique de cette nation à la fin des années 90/début des années 2000…Mais elle donne un indice intéressant sur la façon d’inciter la jeunesse à s’exprimer autrement que par la révolte ou au contraire le respect des règles, et surtout, sur la possibilité d’inculquer aux adolescents et enfants la croyance qu’ils peuvent espérer autre chose de la vie qu’un poste de comptable ou d’ingénieur, sans être en dehors de la norme pour autant. Ce qui est dans la norme par contre, c’est cette attitude typiquement scandinave qui consiste à emprunter aux grandes légendes leurs meilleures astuces du passé pour les transformer en magie du présent. Si la tendance générique suédoise est de faire du vieux avec du vieux tout en essayant de sonner neuf, admettons que la plupart des musiciens du pays sont passés maîtres dans l’art du recyclage, à tel point qu’on a parfois la sensation que tous étaient déjà là dans les seventies et les eighties. Bien souvent, les instrumentistes et compositeurs piochent dans la première ligne du Heavy européen, et le cas de figure présent est celui d’AMBUSH, qui depuis ses débuts n’a que peu de héros assumés. Une poignée en tout cas, qu’ils citent à longueur d’interviews, et qu’ils vénèrent toujours en 2020. Lesquels ? Vous les connaissez très bien je pense…
Et pour cause, puisqu’ils sont communs à des dizaines de formations nationales. Les sempiternels JUDAS PRIEST, ACCEPT, IRON MAIDEN, et la NWOBHM plus généralement. Précisément, AMBUSH s’est formé en 2013 autour d’Oskar Jacobsson (chant), Olof Engkvist (guitare), Adam Hagelin (guitare), Ludwig Sjöholm (basse) et Linus Fritzson (batterie), histoire de fournir à High Roller sa première démo en vue de signer son premier contrat. Depuis, le line-up n’a connu qu’un seul changement, avec l’intégration cette année de Karl Dotzek, mais le groupe est resté fidèle à son label, et inversement. Et à l’écoute d’Infidel, on comprend tout à fait pourquoi, le quintet se montrant de plus en plus performant dans sa transposition d’un vocable passé, qui séduit toujours autant sa maison de disques qui met toujours le paquet pour le promouvoir. Après deux longue-durée en 2014 (Firestorm) et 2015 (Desecrator), le groupe était entré dans une période de silence, respectant un hiatus de quatre ans avant de remontrer ses clous à l’orée de 2019 via un single brillant, « Hellbiter ». Pour Oskar, porte-parole et chanteur de la formation, ce troisième album respecte toutes les attentes inhérentes à son statut de pivot. Il respecte les principes établis par ses deux aînés, mais se montre sous un jour plus varié, pour moduler quelque peu et ne pas trop lasser les fans. Mais ne vous y trompez pas. Infidel n’est pas un changement dans la continuité ni une continuité dans le changement, mais bien un statu quo fabuleux et rutilant, capitalisant sur les mêmes sources d’inspiration pour faire headbanguer le hard-rockeur moyen en 2020 comme s’il était toujours en train de remuer sa tignasse en 1984.
Aucune condescendance dans cette constatation, puisque les dix nouveaux morceaux proposés font partie de ce que le groupe a sorti de meilleur depuis ses débuts, et symptomatiques de cette volonté de couvrir un éventail de styles le plus ouvert possible. Et une fois l’ouverture concassante mais virevoltante de « Infidel » encaissée, le constat est immédiat. Le son AMBUSH est ample, clair, détaillé, précis, et nous ramène à la glorieuse époque d’un Heavy Metal qui commençait à se montrer plus agressif et véloce. On pense à un Power Metal des mid eighties, à HELLOWEEN évidemment, mais aussi au MAIDEN de « Aces High », au PRIEST agité, et en tout cas, au meilleur de la scène centre/ouest-européenne d’il y a trente ou quarante ans. Sans dévier de leur trajectoire, les suédois ont affiné leur approche, laissé une place conséquente à la basse et aux chœurs à l’allemande, pour mieux nous entraîner dans un ballet de nostalgie parfaitement délicieux. « Yperite », le tube de ce début d’album cite ACCEPT dans le texte, joue lourd mais aéré, lâche des riffs formels en les transcendant d’un enthousiasme de tous les diables, et signe un morceau qui n’aurait pas dépareillé sur Metal Heart ou Restless And Wild. Toujours aussi capable et brillant, Jacobsson domine les débats de son timbre d’airain, tandis que la paire de guitaristes se souvient des tandems de légende, osant le minimalisme pour provoquer l’effet bœuf souhaité. Valsant constamment entre tempo appuyé et valse véloce, Infidel suggère cette transition entre Heavy, Power et Speed, et nous enchante de sa capacité à imiter sans plagier, au travers de burners comme « Leave Them to Die » qui crame le bitume plus efficacement qu’une Harley. Tout est plus que classique, presque historique, mais on se laisse happer joyeusement par les tornades, agitant les oreilles sur le puissant et lyrique « The Demon Within », synthétisant le meilleur d’HELLOWEEN et de GRAVE DIGGER, et savourant les mid-tempi de la trempe de « A Silent Killer » qui nous confortent dans l’idée que devenir un metalhead en 1983/84 était la meilleure option possible.
Et une fois encore, la nostalgie à la suédoise fonctionne à plein régime, les morceaux se succédant et offrant une variété de BPM conséquente. « Iron Helm of War », convie aux agapes DIO, MAIDEN et le PRIEST, mais aussi la scène Speed mélodique allemande naissante, tandis que « Heart of Stone » et ses guitares grondantes rappellent qu’ACCEPT a été une des influences les plus utilisées ces trente dernières années. Du vintage sur mesure, du passéiste passionné, de quoi se replonger dans sa jeunesse sans oublier son âge actuel, et la conséquence d’une politique nationale d’ouverture artistique qui aboutit aujourd’hui au hold-up le plus impressionnant de l’histoire de la musique contemporaine.
Titres de l’album :
01. Infidel
02. Yperite
03. Leave Them to Die
04. Hellbiter
05. The Summoning
06. The Demon Within
07. A Silent Killer
08. Iron Helm of War
09. Heart of Stone
10. Lust for Blood
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