Pendant que certains frappent dans une petite balle jaune sans relâche, que d’autres les regardent avec un bob vissé sur la tête ou un parapluie par-dessus, il reste une grosse partie de la population qui n’en a pas grand-chose à carrer et qui préfère consacrer son temps à des choses plus utiles ou créatives. Des gens qui traquent la nouveauté, et d’autres qui leur fournisse. La loi du marché, demande/offre, et comme je suis sans cesse en demande de sensations fraîches, certains groupes se sentent mes obligés. Et parfois, ces mêmes musiciens font partie de la caste rare des groupes cultes, de ceux que l’on fréquente depuis ses plus tendres années.
BLOOD FEAST en fait évidemment partie. De son baptême qui honore le premier long métrage Gore de l’histoire signé Hershell Gordon Lewis à ses pochettes incroyables, le quatuor de Bayonne, New-Jersey ne nous a jamais pris pour des jambons, et nous a procuré d’agréables frictions sur ses trois disques studio. Mais le temps commençait à paraitre long sans eux, leur dernier EP accusant six ans d’âge, et il était temps que ces charmants bourrins nous reprennent la main. Chose faite avec ce quatrième album, qui sent bon la paraffine et l’encaustique. Mais aussi les crânes fraichement déterrés et une certaine idée de la mort plus sympathique que la moyenne.
Quelques changements ont eu lieu depuis The Future State of Wicked. Le guitariste originel Adam Tranquilli s’occupe désormais du chant, tandis que son lieutenant CJ Scioscia s’investit plus dans la composition. Adam Kieffer est toujours assis sur son tabouret de batterie, et si Mike LePond, bassiste de SYMPHONY X s’est chargé de la basse en studio, c’est bien Dave Kramer qui claquera ses quatre cordes pour la campagne live à venir.
Des ajustements donc, qui permettent aujourd’hui d’apprécier ce très roots Infinite Evolution.
Pas de révolution, mais une belle évolution. Ou mieux, une réévaluation. Le trio de tête s’est creusé la sienne pour trouver le meilleur compromis entre avant et maintenant, et les compositions proposées ici montrent de nouvelles ambitions. BLOOD FEAST a toujours été connu pour son attitude in your face, et son absence de fioritures, qui lui ont permis de séduire un public avide de Thrash franc et massif, mais non dénué de finesse. Et si la méthode n’a pas vraiment changé, l’enrobage s’est affiné, et quelques compositions profitent justement d’un allant technique et progressif plus marqué. Ainsi, « Eye of Glass » se laisse aller sur de longues minutes, pour mieux digresser sur un riff traditionnel et lui offrir un écrin plus adapté. Construit sur une redondance hypnotique, ce morceau bien développé ose même un final psychédélique, avec chœurs traités et harmonie biaisée.
Mais n’ayez crainte. Les américains n’ont pas l’intention de faire de l’ombre à WATCHTOWER ou SIEGES EVEN, et s’épanouissent toujours dans un Metal modérément violent, gentiment fou, et positivement souriant.
Infinite Evolution nous permet donc de découvrir les aptitudes d’Adam au chant, et si le guitariste ne peut prétendre rivaliser avec les vociférateurs les plus vicieux, il geint avec conviction, et reste dans un registre monocorde assez caractéristique du Crossover, heureusement relevé des arabesques intelligentes de Mike LePond, qui s’en donne parfois à cœur joie (« Outbreak », tempo raisonnable pour démonstration fatale).
On note aussi une recrudescence de soli qui brûlent tout sur leur passage. CJ Scioscia se lâche comme jamais, et si l’ensemble fleure parfois bon la douce folie des RIGOR MORTIS, on sent aussi les effluves de la Bay-Area, avec cette rythmique qui refuse de trop s’emballer pour raison garder. Ce qui pourra paraître frustrant pour les plus énervés, qui regretteront que le groupe ne se perde pas sur le chemin d’un Thrashcore plus relevé. Mais en substance, et sur la distance, ce quatrième album tient plutôt bien la route.
Ceci étant dit, on reprochera aux compositeurs d’avoir un peu trop joué la sécurité, puisque parvenu au dernier tiers de l’album, les thèmes se répètent un peu trop, même si le quatuor tente de dévier légèrement de sa trajectoire en ralentissant la cadence (« The Preacher », dont le riff principal ressemble beaucoup à celui-ci qui ressemblait déjà à celui-là).
On se concentrera alors sur les qualités intrinsèques du rythmique « Evilution » qui laisse Adam Kieffer partir en vrille pour des fills diaboliques, et surtout, on se laissera embarquer par le gros final « The Chosen », qui à l’instar de « Eye of Glass », mise sur une technique plus présente. Plus syncopé que ses frères, cet épilogue fait la part belle au contraste, avec toujours ces oppositions en saccades, et cette musicalité dans les interventions en solo. La balance reste donc stable, même si le groupe n’a pas beaucoup de rab’ à proposer.
Très ancré dans la culture Thrash underground des années 80, celle dont il a fait partie, BLOOD FEAST continue tranquillement son chemin avec la satisfaction du travail bien fait. Sans atteindre des températures extrêmes, mais enrobé dans une production casher, Infinite Evolution est une chouette façon de se rappeler du passé, mais reste légèrement en deçà d’un Kill for Pleasure ou d’un Chopping Block Blues.
Remercions tout de même le quatuor d’être toujours actif en 2024, et de nous offrir un contenu digne, solide, mais un peu trop marqué par les systématismes. Espérons que la suite des évènements tranche un peu avec cette routine sympathique, pour nous évader de cette cellule nostalgique qui est depuis trop longtemps surpeuplée.
Titres de l’album :
01. Crafting Carnage
02. Ravaging the Loins of Mary
03. Never Will I Die
04. Of Hell
05. Eye of Glass
06. Outbreak
07. The Preacher
08. Evilution
09. The Chosen
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