Mélanger la Pop et le Hard Rock, le Metal et le Rock FM, l’AOR et l’alternatif, c’est maintenant chose courante, et ce, depuis des années. L’ouverture est de mise depuis que les groupes/labels/managers ont compris l’importance d’élargir son public pour vendre encore plus de disques, quoique la question du volume des rondelles écoulées ne soit plus vraiment d’actualité.
Mélange, d’accord, encore faut-il que celui-ci soit équilibré. Trop calibré, et on tombe soit dans la soupe radiophonique indigeste, soit dans le pseudo abrasif pour ados en mal de mal-être. Pas assez, et le rendu est trop agressif pour caresser les mélodies dans le sens du poil.
Trop allusif, et on verse dans la citation passéiste, avec clichés rétrogrades en débordement. En gros, le problème reste de pouvoir mixer des influences populaires et des inspirations contemporaines tout en gardant sous le coude le concept de Pop-Metal, si difficile à mettre en pratique.
Et comme d’habitude – ça en devient une à force, et presque un cas d’école – ce sont des Suédois qui nous font la leçon de la recette appliquée à la croche près. Des Suédois qui n’ont pas sorti leur lapin d’un chapeau, mais plutôt d’une marmite de patience, puisqu’en treize ans d’existence, ils n’ont eu le temps de nous dévoiler que deux de leurs tours, en 33 bien sûr, l’un en 2007 et l’autre…en ce mois de janvier.
Patience et longueur de temps faisant plus que force et rage, on peut affirmer que les MARYS CREEK sont l’illustration même de cet adage. Mais après tout, les années ne comptent pas, seul le résultat importe. Et avec ce second album en plus d’une décennie, ils démontrent que l’abnégation est la clé de toute situation et/ou complication, puisque cet Infinity incarne à la perfection leur volonté de remettre en question l’unicité des styles en prônant une sorte de fusion brillante, entre leurs racines Pop hexagonales et la tendance Metal internationale. Celui de 2017 évidemment…
Alors les MARYS CREEK, concrètement, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? Ils sont cinq (Mats Nilsson (chant), Roger Blomberg (basse), Peter Bergkvist et Jonas Hallberg (guitares) and Stefan Halldin (batterie)), sont originaires de Linköping / Stockholm, et si ce line-up semble solide, c’est qu’il résulte de moult changements pour tenter de capter l’air du temps ou au moins d’y rester. Car de nombreuses évolutions du personnel sont à noter chez ces Suédois qui à force d’avancer, sont enfin parvenus à décrocher un deal intéressant avec les Anglais d’Escape Music, qui les ont signés pour deux albums, dont celui-ci est le premier.
Infinity donc, emballé dans une pochette de toute beauté, semble autant suggérer le temps qui a dû leur sembler long que les ouvertures qu’ils se procurent en refusant les cloisons. Produit à quatre mains par Henrik Edenhed (ROBYN, STRAIGHT FRANK, CESARS PALACE, DEAD BY APRIL) et Sebastian Forslund (STAIREO, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), ce disque respire le professionnalisme et la passion et incarne à merveille la décision du groupe de mélanger de « grosses guitares distordues, une batterie trapue et des mélodies Pop truffées d’arrangements vocaux entremêlés ».
Objectif atteint, puisque Infinity, en l’état, pourrait symboliser un point de convergence parfait entre JOURNEY, Jorn Lande, STRATOVARIUS, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et THE LOCAL BAND en version originale, avec une grosse touche d’AVANTASIA expurgé de ses obsessions Power, et une épaisse louche de Hard Rock Suédois des 80’s, EUROPE et 220 VOLTS en tête de gondole.
D’ailleurs, certains morceaux semblent exhiber les mêmes stigmates mélodico-Hard que la bande à Joey Tempest depuis son comeback, à l’instar de ce terrassant et pourtant évanescent « Into Infinity », qu’on pourrait penser arraché des dossiers secrets de Secret Society ou Bag Of Bones.
« So Afraid (To Live) », est quant à lui plus qu’allusif à Jorn Lande, époque MASTERPLAN ou solo, et déchaîne des vocaux flamboyants et fiers sur fond de tapis de riffs incendiaires. Groove de guitares presque Néo, basse qui pèse dans la balance et qui se déhanche, pour un up tempo vraiment accrocheur, et aussi typique des 80’s qu’il n’est de plain-pied dans ses propres années. Efficace, carré, intuitif et burné, c’est du Hard-Rock à tendance Metal de première qualité, qui plus est survolé d’un solo particulièrement bien troussé.
Difficile toutefois d’extraire tous les diamants de la mine, puisque sur douze morceaux, aucune scorie n’est à dégager ou à signaler. Tous les titres sont ciselés pour approcher la perfection et la toucher, dans un état de grâce que les années de disette de production ont permis de créer, et il est évident que dans le créneau d’un Hard Rock précieux et ouvert, les MARYS CREEK sont en passe de devenir une référence sévère.
Les Suédois passent par tous les climats et bravent la lourdeur de l’alternatif des 90’s pour la transcender du Hard-Rock le plus saignant (« Hypnotized », dans le genre DRAIN rencontre les NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, on a rarement fait plus judicieux), sans oublier de placer quelques lignes de claviers et d’arrangements synthétiques pour mieux les opposer à une rythmique presque Néo (« Buried Deep Within », et ses volutes de chant caressantes et ondulantes).
Ils en profitent aussi pour se souvenir des sonorités éclairées du Hard-Rock US des années 80 pour le voiler d’un soleil pale nordique presque éteint (« The First Day », encore un hit), pour mieux rebondir sur un groove énorme qui décolle les oreilles tout en caressant un matin d’éveil (« My Confession », sorte de proto-Pop-Grunge absolument divin).
De temps à autres, la dualité puissance/nuance cède le pas pour quelques minutes de romantisme explosif (« On The Other Side », transposition d’un classique AOR dans un contexte de power-ballad), mais le naturel reprend vite le galop pour un up tempo costaud (« The Ghost Inside », même JOURNEY ou EUROPE n’ont pas casé tel refrain depuis un passé lointain).
Et décidément, ce rythme appuyé leur va comme un gant (« Forever Last »), tout comme le lyrisme d’un Heavy vraiment dramatique mais incisif (« My Own Enemy », avec son dédale de chœurs à la QUEEN), et le final « Tomorrow » de leur ouvrir les portes de lendemains vraiment cléments, en cherchant encore à élargir leurs horizons qui ont tout pour devenir les vôtres…
Musiciens impressionnants, mais humbles au demeurant, qui servent les chansons et non pas leurs propres options, compositions léchées mais sauvages, arrangements riches et rythmiques qui ravagent, Infinity est l’archétype d’album intelligent et pertinent, qui se montre aussi agressif qu’il n’est séduisant. Une sorte de boucle temporelle et stylistique, qui unit les mélodies d’un Rock Fm/AOR des années 80, aux guitares alternatives lourdes et létales de la décennie suivante, pour aboutir à un équilibre made in 2016, aussi décoiffant que polissant.
MARYS CREEK vient de sortir de ses usines suédoises une Testarossa aux chromes rutilants et au moteur vrombissant. Un bolide aux courbes fines et galbées qui monte dans les tours sans faire crisser les pneus, et qui fait chauffer la courroie sans risquer de couler une bielle.
Et qui vous emmènera vers l’infini, et plus loin encore…
Titres de l'album
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