Lorsque les grands noms et les références s’alignent concernant un premier album, ça commence à sentir mauvais, très mauvais même. Ainsi, en découvrant les AMERICAN TERROR, j’ai immédiatement flairé le coup fourré. Pensez donc, dans les fiches de renseignements, les traquenards s’accumulent. D’abord, les musiciens en eux-mêmes, et d’anciens ou actuels membres de SKID ROW, SUGAR RAY, PHUNK JUNKEEZ, ou GRAYSON MANOR. Ensuite, le parrainage du label de Dave Ellefson, EMP. Puis des accointances avec Mike Clink, l’homme qui produisit fut un temps les GUNS N’ROSES. Et même ce bon vieux Billy Milano, ex-manager d’un autre combo monté il y a quelques temps. Avec tout ça dans la besace, la balance du jugement du néophyte de la chronique serait très justement faussée, impressionné par ce pedigree impliquant obligatoirement un niveau de qualité indiscutable. Mais le vieux roublard que je suis n’est pas du genre à se laisser impressionner par un tel casting, bien au contraire. Il commence à trouver ça louche, comme lorsqu’il dénichait un nouveau film en VHS avec un gros « par les producteurs de… » en haut de la jaquette. Généralement, ça ne laisse rien augurer de bon, une bonne grosse arnaque à la notoriété, un genre de supergroupe d’arnaqueurs en mal de notoriété et qui s’associent pour commettre un hold-up de seconde catégorie, genre Ocean’s Eleven du pauvre. Et puis vient le moment de découvrir l’album en question, et de noter ce que l’on peut remarquer en surface. Une pochette flashy, un site officiel, et surtout, une durée étonnamment courte au regard des obligations de temps modernes. Il faut dire qu’avec à peine dix morceaux pour une demi-heure, AMERICAN TERROR cherche à frapper un grand coup, genre les RAMONES toujours vivants à notre époque, et des impératifs d’urgence presque sixties dans le fond, mais terriblement Punk dans la forme. Et puis, on finit évidemment par écouter le truc. Et là, on sombre, on réalise que tous ces aprioris débiles n’ont pas lieu d’être, puisque le machin tourne, et tourne encore dans la tête, sans laisser de mauvais souvenirs d’escroquerie manifeste.
AMERICAN TERROR, c’est avant tout un quintet de musiciens (Brad Cox – chant, Pat Valley – guitare, Murphy Karges – basse (studio), GK Via – basse (live), DJ Soulman - Scratches & Beats et Rob Hammersmith – batterie), des musiciens qui sont dans le biz’ depuis suffisamment longtemps pour connaître le métier et ne pas nous prendre pour des imbéciles. Alors, un premier album dans leur cas n’est pas vraiment un premier album, plutôt un nouveau départ sur de nouvelles bases, pas encore au niveau des VELVET REVOLVER ou SONS OF APPOLO, mais pas si loin quand même. Produit, enregistré et mixé par Brad Cox (GRAYSON MANOR) dans ses studios Black Paw à Lawrenceville, Influencer est un petit miracle d’énergie brute, un truc qui bouffe à tous les râteliers, qui n’hésite pas à citer la vague Hair Metal dans un contexte légèrement punky sur les bords, tout en multipliant les œillades Pop sans paraître vulgaire. Pile le truc dont nous avions besoin en ce moment, et qui mixe les STRUTS, SKID ROW, les GUNS, les BACKYARD BABIES, DIAMANTE, les GLAM SKANKS, et les RAMONES, avec un peu de CHEAP TRICK par-dessus, une bonne dose de Punk-Pop retravaillée pour sonner Rock N’Roll, et en tout cas, un foutoir méchamment organisé qui garde les pieds dans son époque mais qui laisse trainer ses souvenirs du côté des années 80. Et malgré le passif des mecs impliqués dans le projet, on reste pantois face à cette débauche d’énergie créative plus proche du vrai Rock n’Roll qu’on ne l’aurait cru au départ, et ce malgré des arrangements terriblement modernes et légèrement groove sur les bords. En étant tout à fait franc, et dans des styles différents, Influencer m’a fait le même effet que le second LP des STRUTS, ce qui n’est pas le moindre des compliments lorsqu’on connaît l’amour que je voue à ce groupe. Et tout en restant très professionnel, ce premier coup de rein à de faux airs de party sauvage organisée au débotté, en squat chez des bourges qui n’ont rien demandé, et qui sont tranquillement partis en vacances dans le Vermont.
Dix morceaux, qui ne dépassent jamais le cadre Pop imposé des trois minutes et quelques, et pourtant, chaque chapitre de cette orgie possède son identité propre. On sent évidemment les influences des groupes passés ou présents des marsouins, mais une fois ensembles, les mecs dégagent un potentiel tout bonnement effrayant, et conférant à ce disque un parfum d’immédiateté et de naturel désarmant. Il faut dire qu’avec une entame aussi tonitruante que « Judgement », on comprend vite qu’on a affaire à des forts en gueule qui ne sont pas vraiment là pour se faire discrets. Phrasé moderne, fond traditionnel, groove nineties à la Fusion naturelle, légères effluves de RATM et METHODS OF MAYHEM, pour un Hard-Rock totalement décomplexé qui bande les maigres muscles bardés de tatouages. C’est efficace, mais lorsque « Denial » résonne de ses échos MOTORHEAD passés au prisme de SKID ROW, on craque complètement sur le truc, d’autant qu’en MC Brad Cox en impose, un peu flagorneur, très gouailleur, avec ce timbre de voix juvénile qui hurle un refrain en leitmotiv rebelle. Son rond et énorme qui permet à la basse d’afficher un décolleté aguicheur, batterie sèche qui frappe sans discontinuer, guitare qui rumine son Punk, et l’affaire est dans le sac. Pas plus de trois minutes pour nous convaincre du bien-fondé de l’affaire, mais pas le temps de reprendre son souffle, puisque le riff redondant de « How Do You Like Me Now » nous gicle à la gueule comme un crachat proto-Metal sentant le bourbon bon marché. Guitare et phrasé vocal en unisson, et une fois encore, la rage d’un refrain terriblement ado. Ne perdant pas son temps en conjectures inutiles, les AMERICAN TERROR foncent dans le tas comme un skateur dans une piscine vide, jouent en rangs serrés, et se donnent des airs de street crew encore plus valide que les premières triques de MÖTLEY CRÜE.
J’ose l’affirmer, mais il est rigoureusement impossible de trouver depuis le début de l’année un groupe capable d’associer le brut de pomme des lyrics stoniens à une énergie Punk-Glam avec autant d’aisance. Et avec un tube aussi classe que « She's a Bitch », les AMERICAN TERROR s’assurent une place dans l’enfer du Rock, dont les démons lubriques ne manqueront pas de s’agiter la queue. Simple, instantané, rapide et rageur, débordant de stupre et exsudant de liquides séminaux par tous les pores, les américains agissent comme des porcs, mais toujours propres sur eux. Et après avoir encaissé une bonne dose d’hymnes, on se dit que fatalement la machine va ralentir le rythme, mais c’est mal connaître les lascars. OK, « Prophet for Profit » marque le rythme d’un SKID ROW période Bach plus vrai que nature, mais « Break Free » réconcilie les LIMP BIZKIT et Rachel Bolan pour une union Nu-Pop complètement irrésistible. Rois de l’up tempo diabolique, princes du mid tempo saccadé, empereurs du riff gluant, les AMERICAN TERROR, un peu crâneurs, un peu flagorneurs se permettent de sortir le premier album le plus frais depuis…si longtemps que je n’ose plus me rappeler. Comme quoi, les arguments publicitaires ajoutés donnent parfois une somme de qualité exacte. Mais que celui qui n’a jamais douté du Rock me jette la première pierre. Qui roule évidemment.
Titres de l'album :
01. Judgement
02. Denial
03. How Do You Like Me Now
04. Retribution
05. People
06. She's a Bitch
07. The Threat
08. Prophet for Profit
09. Break Free
10. PC Me
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