Je n’étais pas sur place lors de la chute du mur de Berlin, pour cause de courses au supermarché (ma mère n’avait plus de beurre demi-sel), mais j’imagine un peu le son de cette liesse et celui de ce mur de la honte tombant enfin sous les coups d’un peuple divisé depuis plusieurs décennies. Et j’imagine sans peine que le premier album des berlinois d’ANNEXATION aurait fait une bande-son idoine à l’époque, puisque le Thrash de ces passionnés se rapproche salement de celui pratiqué chez eux en 1989. Fondé en 2016, le groupe a progressé à son rythme, entamant sa carrière par une logique démo en 2017 (Reptile World Order), avant d’oser un premier EP l’année dernière (Jackhammer Treatment), pour mieux se lâcher en 2020 et jeter à la face d’un monde plus si médusé le fruit de ses réflexions brutales. Et sans faire durer le suspense trop longtemps, admettons qu’Inherent Brutality incarne l’archétype de la sortie Thrash old-school du mois, de celles que je traite par paquets de vingt en bon passionné du genre, et qui sans déclencher une euphorie immédiate, s’incrustent en vous et vous renvoient au meilleur de votre jeunesse, lorsque les murs de cotre chambre tremblaient au son de KREATOR, SLAYER, EXODUS, MEGADETH ou RAZOR. En même temps, Thrash, Berlin, à quoi pouvions-nous nous attendre de la part de ces cinq-là (Tormenting Thrash Metal Infektörr - chant, Lizard Gonzales aka Uncle Crocodile - guitare, Volcanic Nun Desecrator - batterie, Rotten Piranha - basse et Sickfück Sánchez - guitare), sinon à une bonne dose de violence concentrée mais fluide, car les lascars ne se sont évidemment pas contentés de reproduire la production sidérurgique de leur pays, en piquant aux américains quelques techniques de destruction musicale massive dans la fluidité.
Mais Iron Shield peut être fier de ses poulains, qui propagent la bonne parole bestiale précise de par le monde avec une efficience redoutable. Complètement conscients de ne rien révolutionner avec leur premier LP, les allemands se contentent donc d’appliquer à la lettre des astuces historiques, et nous caressent dans le sens du poil avec leurs morceaux véloces, aux enchaînements certes prévisibles, mais au moelleux incontestable. Dans le fond et la forme, Inherent Brutality est le type même d’œuvre qu’on écoute pour se défouler, et revenir en enfance, lorsqu’on découvrait l’approche impitoyable des combos de la Bay-Area et de la Ruhr. Alors certes, le brutal de ces zigues ressemble à s’y méprendre à du SODOM propre infecté d’un CANCER clean, mais on apprécie cette façon de jouer avec le tempo, imposant le mid pour mieux décoller dans les BPM, et l’écoute se déroule sans anicroche…mais sans aucune surprise non plus. On pourrait presque prendre sa guitare pour anticiper les riffs proposés, ce qui n’est jamais bon signe, mais une fois accepté ce formalisme et cette absence totale de prise de risques, les titres passent et s’enchantent, déclenchant un headbanging en bonne et due forme. D’ailleurs, le quintet a bien en tête la linéarité classique de sa démarche, puisqu’il a arrêté son chrono pile sous les quarante-minutes, gardant aux onze morceaux une indéniable concision. Quelques intros pour aérer le propos, quelques soli propres et sobres, et l’affaire est pesée, même si les licks du groupe se ressemblent fortement. On note par ci par là quelques coups de vibrato et autres bends symptomatiques de l’école Death floridienne de MORBID ANGEL (« Global Assassin Grid »), et d’ailleurs, ANNEXATION ne cache pas non plus une certaine admiration pour l’école Néo-Death suédoise des années 90.
Seul « Holycaust » et son énorme basse grondante passe la barre des quatre minutes, et s’impose d’ailleurs comme l’hymne incontournable de cet album. Le reste garde le cap sur les trois minutes, à l’exception de la boucherie finale « Raped and Impaled » à l’intensité incroyable et qui permet de clore le chapitre sur une excellente impression de violence. Mais entre des saccades au médiator systématiques, un chant râpeux au phrasé précis et diabolique, une section rythmique compétente à défaut d’être créative, Inherent Brutality finit par séduire malgré son côté conventionnel très marqué. A cent lieues des meneurs de la vague nostalgique (POWER TRIP, TOXIC HOLOCAUST, CRIMSON SLAUGHTER, WARFECT), ANNEXATION ne cherche qu’à copier du mieux qu’il le peut les cadors des années 80, et y parvient sans peine grâce à ses musiciens très capables, et à ses choix simples mais immédiatement efficaces. En attendant une sortie plus culottée, ce premier LP fait aisément l’affaire, et comblera un public avide de vintage de qualité, qui ne réclame rien d’autre qu’une défonce sonique courte et intense.
Titres de l’album:
1. A.T.R.
2. Beyond Humanity
3. The Beast
4. Holycaust
5. Inherent Brutality
6. Wrecked
7. Global Assassin Grid
8. Colonia Dignidad
9. Craving for Flesh
10. Masscontamination
11. Raped and Impaled
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