L’Espagne s’énerve, et ça fait du boucan. Un boucan de tous les diables, de ceux qui extirpent Satan de sa torpeur pour revenir sur terre foutre le bordel. Et un bordel king-size, comme lui seul peut se le permettre, du genre de celui que nous connaissons actuellement d’ailleurs. Mais est-ce vraiment le Diable qui nous fait basculer du côté obscur de la force ? Et si nous étions les seuls responsables ? En écoutant le deuxième album des espagnols de VAGRANT, je serais tenté de pencher pour la deuxième proposition.
VAGRANT n’est pas un nom très connu de la scène extrême européenne. Et pour cause, puisque ce concept lancé en 1997 n’a jusqu’à présent produit qu’un seul album, Sounds of Perversity, publié il y a quinze ans. Son principe était assez sympathique d’ailleurs, puisqu’il prêtait le micro à divers hurleurs, membres des groupes VIRULENTOS, NEFASTO, LA MATANZA, NEMESIS AETERNA, INSTINTO CANIBAL, CAUSTIC, KABAL, EMPANADILLA DE PUS, TERATOMA, WARCHETYPE et BLOODNESS. Et quinze ans plus tard, VAGRANT remet enfin le couvert pour une suite attendue, qui s’avère à la hauteur du modeste enjeu.
Le quintet lâche donc une nouvelle bombe, qui nous explose à la face comme un cigare piégé de mardi-gras. Loin d’un simple revival Death propre sur le papier mais stérile dans les oreilles, le quintet de Martorelles s’est creusé la tête pour coucher sur partition des plans diaboliques, s’enchaînant à une vitesse folle pour mieux nous perdre dans un labyrinthe de traumatismes.
Death technique appuyé et intense, Inopia ne laisse guère le temps à l’auditeur de reprendre ses esprits pour analyser ce qu’il vient d’entendre. Avec des musiciens possédant un bagage solide, le groupe se repose donc sur des capacités notables pour reprendre à son compte les exactions de GORGUTS, SUFFOCATION, MORBID ANGEL, OBSCURA, CRYPTOPSY, NECROPHAGIST, j’en passe et des plus torturés. Voilà donc ce qui vous attend. Un tourbillon d’horreur concentré en une demi-heure fatale, à s’arracher les cheveux au moment d’expliquer à un néophyte la teneur du produit en question.
Le propos est dense, mais classique. Les espagnols ne comptent pas changer la donne ou procéder à un ménage de printemps, mais bien à apposer leur griffe sur la table en bois des négociations. En faisant abstraction du laps de temps impressionnant séparant ses deux albums, VAGRANT peut aisément passer pour un cador du genre, tant il s’échine à pousser l’intensité de chaque morceau à son paroxysme.
On en prend acte assez rapidement, dès « Ira Incendiaria » à vrai dire, qui d’une intro de basse stellaire nous envoie dans les étoiles à la recherche de gaz rares. Entre Brutal Death cryptique et Death technique touffu, Inopia donne le sentiment de dériver mais garde son cap, la trajectoire étant tout sauf rectiligne. Et entre des licks de guitare diaboliques et incessants, et une rythmique à l’abattage dantesque, ce second long impressionne, s’impose de ses épaules bien carrées, et domine la production actuelle de ses ambitions manifestes.
Le manifeste justement, est assez flou. On se demande quelles influences ont embarqué sur ce vol tant la vitesse d’enchaînement est élevée. Mais la question n’est pas vraiment importante, puisque la compagnie préfère nous séduire avec sa fiabilité plutôt qu’avec des gadgets offerts en cadeau.
VAGRANT n’a donc plus qu’à frapper, taper et frapper de nouveau pour plaquer ses intentions avec fermeté. Les morceaux passent, se ressemblent évidemment, mais laissent un souvenir durable dans la mémoire. Etre balancé comme un chaton dans un tambour de machine à laver n’est pas impression désagréable, et entre « Miseria » et « Aprendiz de Taxidermista », l’ivresse est délicieuse, à peine modérée par des idées plus statiques et des réflexes plus lourds.
Sombre, méchant, vraiment vicieux, Inopia se fait une place parmi les supervilains de l’underground. Ses pouvoirs sont certes conséquents, mais pas encore à même de rivaliser avec les décharges de la maison des sept. Sorte d’épisode de The Boys traduit en musique, Inopia est un massacre clinique et calibré pour faire tomber de plaisir les fans de technique poussée et de violence débridée, mais intelligente. Si SADUS était passé en quarante-cinq tours, le résultat serait plus ou moins le même, et il faut garder son attention aiguisée pour ne pas être perdu dans les cryptes de l’inhumanité.
VAGRANT ça gratte, ça râpe, ça déchire, ça mutile. Mais avec élégance, et sans en rajouter dans le sadisme.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Ira Incendiaria
03. Miseria
04. Craster
05. Malicia
06. Genesis
07. Aprendiz de Taxidermista
08. Inopia
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