Ouverture d’esprit obligatoire à l’entrée. Une fois n’est pas coutume, je m’éloigne du Metal et de ses inamovibles guitares pour me rapprocher des boîtes à rythmes, des synthés, et d’une ambiance de film noir des années 90. Nous ne sommes qu’en avril, le soleil brille, mais pourtant, je vous entraine jusqu’à NOVEMBRE, qui en ce futur mois de mai sort son premier long métrage audio, témoignage d’une enfance traumatique avec ses monstres sous le lit et ses ombres de minuit.
NOVEMBRE, c’est l’association de deux hommes/narrateurs/réalisateurs/musiciens. Le noble, l’Amiral (chant et textes) et le serviteur, le Pendu (musique), duo qui se complète à merveille, quelque part entre l’atemporalité et les souvenirs de thrillers des années 40/50. Plus qu’une simple musique donc, l’art des deux hommes se frotte aux images projetées sur grand écran, la salle pleine retenant son souffle alors que le couteau du tueur se reflète dans la lumière des néons. Fricotant avec le Trip-Hop, l’Ambient, le Rap, le Talk-over, le Rock Indie, l’Indus light, le Metal et le Rock alternatif, les deux acolytes prennent un malin plaisir à nous brosser des vignettes macabres, à base de bourreaux, de chambres de Motel glauques, et autres effusions de sang en monochrome.
Assez proche de ce que PSYKICK LYRIKAH pouvait proposer sur ses premiers albums, Inox suinte de tous les pores dans tous les ports, transpire à grosses gouttes, ferme les portes qui couinent et repasse les chemises immaculées qu’on porte pour accueillir des convives triés sur le volet. Chaque morceau de ce premier long, qui fait suite à un premier EP paru en 2018 (Nacre) est un conte sauvage, filmé en clair-obscur, narré par une voix doublée/blasée, qui détache les mots comme les tâches de sang sur le tapis, pour excuser le moindre serial-killer de ses travers les plus immoraux.
Evidemment, l’ambiance reste confinée, le son synthétique, mais les atmosphères sont si prenantes, le ton de la voix si directif, et les accents agressifs soulignés par des montées en puissances sonores, qu’on se laisse prendre à la dérive d’un sous-genre qui refuse les convenances et les facilités d’un Rock ou d’un Hip-Hop trop facile et prévisible. Ici, les styles se percutent, se chevauchent pour servir le propos, et le résultat n’en est que plus bluffant, mais aussi assez effrayant.
A tel point qu’il est difficile de décrire cet art de funambulisme entre deux buildings dans le Paris des années meurtres. L’Amiral et le Pendu prennent un malin plaisir à nous faire déambuler dans des rues étranges, pour passer les portes d’un hôtel à la faune interlope, et aux chambres pas vraiment soignées. Les personnages sont intimidants, l’action ininterrompue, et le film égrène ses vingt-quatre images par seconde pour nous noyer sous le brouillard matte d’une nuit de NOVEMBRE.
A propos de « Jack Knight », le groupe déclare :
Devinette : quel est le point commun ente l’Amiral et le Pendu ? Le Nœud. Qui de mieux donc que « Jack Knight » (célèbre bourreau londonien ayant inventé le nœud coulant au XVIIème siècle) pour illustrer cette comptine ? Ici nous trouvons deux parties bien distinctes : la première avec une énumération d’un large panel s’offrant à l’auditeur et à qui veut. La seconde plus intime : je, nous, il, elle a fait son choix. Mûrement réfléchi. Le nœud coulant triomphe haut la main.
Ce résumé qui donne faim d’aventures mortelles est un exemple parmi tant d’autres de l’imagination des deux hommes, qui collent les mots sur les textures, les sons sur les rimes, et la prose sur l’instrumental pour le moins morose. A la limite d’un TAXI GIRL moderne ou d’un MARQUIS DE SADE encore plus friand de torture morale et physique, tous deux proches d’un ASSASSIN des jours sombres, NOVEMBRE évite les classifications et le rangement trop précoce sur les étagères pour distiller des nouvelles en frissons d’hiver, quelque part entre Mary Shelley et Jean-Pierre Melville.
On se demande d’ailleurs ce que pourraient donner des courts métrages basés sur ces morceaux noirs comme une nuit sans fin. Peut-être un peu d’Oliver Marchal, d’Alain Jessua, d’Henri Verneuil, pour un polar poisseux, qui traîne des pieds sous les réverbères à la recherche d’une compagnie de fin de soirée, de celles qu’on passe l’esprit embrumé mais l’instinct de survie au corps. Et un chien qui hurle à la mort.
Pas gai/gai, mais pas non plus sordide. Car une fine lumière perce à travers la carapace des persiennes, pour illuminer le visage féminin d’une héroïne fatiguée, mais encore désirable à cette heure avancée. Les deux larrons s’y entendent comme personne pour nous faire perdre notre souffle, pour faire monter la tension, qui atteint parfois le paroxysme d’un Rock cinématographique dur l’asphyxiant (« Jack Knight » justement)
Et qu’importe ce petit accent qui finalement, donne encore plus de cachet. Olivier Lacroix (l’Amiral) et Jérémie Noël (le Pendu) ont réussi leur coup, et ont transformé l’essai plaqué en 2018 qui patientait sagement pour pouvoir passer le flambeau. L’inox des cuisines en formica est inoxydable, tout comme ces sons, ces images, ces mots qui se détachent dans un écho sans tâche (« Je, Tu », « Music-Hall »), et l’épilogue laisse sur un goût amer, entre mort prévisible et fuite en avant.
Un album qui s’écoute avec attention, et qui provoque de multiples sensations. Et inutile d’attendre le marchand de glaces et de bonbons, bien installé dans votre siège. La seule friandise dans ce cinéma, c’est ce qui passe sur l’écran. Et les ombres qui s’évanouissent dans les couloirs, à la recherche d’une âme un peu plus pure que la nôtre.
Titres de l'album :
01. Marchand De Fables
02. La Colline Silencieuse
03. Kosminsky
04. Music Hall
05. 50 Nuances De Rouge
06. Pendu
07. Jack Knight
08. Je, Tu
09. Motel 6
10. Inox
J'adore cette ambiance sombre dans cette musique. Belle chronique.
Belle Découverte pour moi ....
J'ai adoré ! A ne pas écouter quand on déprime car certaines chansons sont vraiment sombres mais elles ont le mérite de faire réfléchir..Enfin une [url=https://vibrations-positives.fr/]musique[/url]
qui sort de l'ordinaire avec des textes travaillés mot pour mot.
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