L’année 2020 se termine (enfin, elle sera largement terminée lorsque vous lirez ces lignes), alors l’underground tire ses dernières cartouches pour espérer s’incruster dans les traditionnels tops de fin d’année. Et les albums sortent donc juste avant la Noël, à Noël, juste après Noël, au grand plaisir des fans de violence qui n’ont cure des festivités organisées en l’honneur du gros bibendum rouge et blanc. Post, Death, Heavy, Symphonique, FM, AOR, tout y passe, et même le Thrash (surtout allais-je écrire), style qui cette année encore a fait preuve d’une productivité étonnante. Je sais d’expérience qu’une partie du lectorat de notre webzine n’est pas vraiment friand de Thrash old-school, trouvant l’hommage trop appuyé et récurrent. En tant que passionné, je reconnais objectivement que les sorties de plus en plus nombreuses ont tendance à jouer la redondance, et qu’aucun des groupes de la scène revival ne fait preuve de créativité pour faire évoluer le genre. Mais, puisque les cadors cèdent sans cesse des pouces de terrain en enregistrant des albums convenus et souvent décevants (DESTRUCTION, SODOM, TESTAMENT et HEATHEN en sont des preuves flagrantes), autant se rabattre sur la jeune génération, qui si elle ne fait preuve d’aucune audace, retrouve au moins l’impulsion d’origine et l’envie qui fait cruellement défaut à ses influences.
Alors, DEATHBLOW. Rien de bien transcendant jusqu’à présent, une carrière qui affiche huit petites années (ou douze si on prend en compte les quatre entre 2008 et 2012 sous le nom de DEATHBLO), un seul LP, le sympathique mais sans plus Prognosis Negative, lâché en éclaireur en 2014, un bon EP l’année suivante (The Other Side of Darkness), un simple en 2016, et puis plus rien pendant quatre ans, comme si le combo s’était perdu dans sa ville natale Mais Salt Lake City nous rassure aujourd’hui de l’état de ses résidents les plus turbulents, et le quatuor infernal nous offre la primeur de son second long, Insect Politics, au concept assez clair et franc.
Au menu thématique, des questions contemporaines d’importance, et classiques dans le créneau. Le sentiment d’isolation, la folie digitale et sa dépendance, la radicalisation, la paranoïa et le glissement progressif de la politique vers le chaos et les intérêts individuels. De quoi écrire des textes engagés et enragés, chantés d’une voix ferme et d’un timbre assuré. Musicalement, l’équation est plus complexe, puisque les américains ne se contentent pas de jouer le Thrash à la sauce Big4. Si leur premier effort était d’un classicisme assez confondant, le second prend des chemins de traverse, injecte une grosse dose de Punk dans le Metal, et se rapproche même de l’approche des POWER TRIP, en version beaucoup plus légère et moins sombre. Mais DEATHBLOW a du flair au moment d’éviter les comparaisons les plus évidentes, et il est inutile d’aller chercher ses références du côté de la Californie ou de la Ruhr. Ici, on parle de méchant Thrash à tendance Hardcore qui rejette la joie du Crossover, et qui préfère se souvenir de la philosophie d’un CRO-MAGS des années 80. Et pour être honnête, il y a un peu de tout sur la table des négociations, du ENFORCED, un peu de NUCLEAR ASSAULT, du TOXIC HOLOCAUST, enfin largement de quoi dévier des tracés les plus rectilignes pour proposer l’un des assauts les plus violents de cette fin d’année maudite.
Toutefois, malgré sa fluidité, Insect Politics n’en reste pas moins radical. Et sous des atours de Punk Thrash vénéneux et irrespectueux, il compile pas mal de pistes possibles, même si ce tempo roublard et symptomatique de la rage rentrée de DISCHARGE se taille la part du lion. On retrouve tous les fondements de la philosophie du quatuor sur « Brain Bugs », qui rebondissent à intervalles réguliers et sur lesquels on tombe encore sur le terrassant « Convert Or Die! », mais le reste du répertoire n’est justement pas…en reste, et ose des choses moins simples. Multipliant les combinaisons, le quatuor n’hésite pas à revenir vers ses origines, et à rappeler le Thrash plus franc et incisif de Prognosis Negative via « Nefarious Ends », mais le chant d’Holger, sec et terriblement Core permet d’éviter l’affiliation historique avec les sempiternels EXODUS ou KREATOR, et rapproche même les américains de leurs confrères de VIRUS.
Tempo lourd, insistance des riffs de la paire Holger/Smelltron, grosse basse qui roule de Paul, martelage intelligent de Grob, ce qui permet à l’ensemble de tenir debout sur des fondations plus Heavy, et de cimenter les parois d’un lourd et oppressant « Through The Eyes Of Delusion » qui n’est pas sans évoquer le DARK ANGEL le plus lourd, avant de prendre son envol d’une accélération judicieusement placée. Ça joue fort, ça joue vite, ça joue très bien, les soli gardent cette patine légèrement Rock qui fait la différence, même si quelques interventions ne sont pas sans évoquer le panache mélodique d’Alex Skolnick. Et si la moitié des morceaux dépassent les cinq minutes, les idées ne font pas défaut, suggérant de sérieuses accointances avec la scène Crossover des années 80 et DBC, EXCEL ou LEEWAY, à la différence près que les DEATHBLOW restent des orfèvres du riff roublard et de la syncope qui prend en traître. A ce sujet, « Agent Zero » reste un véritable modèle du genre avec son ton sombre et son énergie cyclique, suggérant même une analogie possible avec les magiques CRUMBSUCKERS, mais validant définitivement le parallèle avec les CRO-MAGS.
Sorti quelques mois plus tôt, cet album enregistré et mixé par Wes Johnson aux Archive Recordings et masterisé par Arthur Rizk aurait certainement pu se faire une place dans les sacro-saints tops de fin d’année. Il aurait été remarqué pour sa splendide pochette illustrée par Axel Hermann (SODOM, ASPHYX), et ensuite pour sa musique plurielle et son sens de l’agression inné. Il n’en reste pas moins qu’il peut encore se faire une place dans le cœur des thrasheurs en 2021, ce qu’il mérite amplement tant il domine du couplet et des refrains la majorité de la production globale old-school. Inventif juste ce qu’il faut, délicieusement classique, il s’autorise même un dernier écart presque Thrashcore avec la conclusion furieuse de « Behind Closed Doors ». Et qui sait ce qui se passe derrière les portes closes ?
Titres de l’album:
01. Brain Bugs
02. Accelerated Decrepitude
03. Nefarious Ends
04. Insect Politics
05. Convert Or Die!
06. Through The Eyes Of Delusion
07. Agent Zero
08. Behind Closed Doors
M'évoque le 1er DBC ça
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21/11/2024, 08:46
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