Il y a un an, je vous introduisais au monde brutal des allemands de BONDED, qui à une goutte de sang près auraient pu incarner la troisième génération d’enfants illégitimes d’EXODUS, tout en acceptant le legs de leur propre pays. Rest in Violence m’avait suffisamment impressionné pour que je m’en fende d’un laïus bienveillant, et en 2021, le groupe sentant le vent du succès dans son dos remet donc rapidement le couvert, sans n’avoir rien changé à sa recette ni à son plan de table. Toujours soutenu par l’énorme Century Media, le collectif de Dortmund nous propose donc en guise de second jet une version augmentée de son Into Blackness, qui comme son titre l’indique, nous entraîne dans les recoins les plus sombres de l’histoire du Thrash germain à tendance américanophile.
Je vous avais déjà parlé du passif massif de ces cinq musiciens, loin d’être des inconnus sur la scène. J’en rajoute une couche en les présentant de nouveau (Marc Hauschild - basse, Chris Tsitsis - guitare, Ingo Bajonczak - chant, Markus Freiwald - batterie et Bernemann - guitare), et en remettant leur CV en avant. Des implications dans les références SUICIDAL ANGELS, ASSASSIN, SODOM, VOODOOCULT, DESPAIR, DIABLERY, et autres mentions à faire trembler les petits amateurs de la nouvelle vague. Non celle de Godard ou Truffaut, mais de l’avant-garde Nostalgic Thrash qui se démène pour ramener à la surface les souvenirs les plus brutaux d’une époque pas si révolue que ça.
Je parlais en amont d’une recette qui ne change pas, celle justement appliquée par ces jeunes loups qui copient presque au signe près les discours de leurs ainés. Une vélocité modérée, des clins d’œil appuyés à KREATOR, ACCUSER, EXUMER, mais aussi à DEATH ANGEL, DESTRUCTION, TESTAMENT, pour un cocktail aux saveurs d’usage, mais fort en bouche sans pour autant brûler l’estomac et le palais. Pour bien apprécier le breuvage délicatement corsé, je vous renvoie à l’album précédent des allemands qui les avait placés sur la carte du tendre de la violence vintage, puisque cet Into Blackness en reprend les grandes lignes, sans dévier de sa trajectoire. Une alternance assez intelligente de mouvements rapides et d’actions brutales, pour un panaché qui résume à merveille quarante ans de brutalité made in California und Ruhr, et si le quintet marque parfois le pas sur ses actions les plus empesées, il a gardé ce caractère frontal sur ses attaques éclair en mode blitzkrieg.
Et c’est après une courte intro incendiaire que le ballet de l’outrance reprend sa course, catapulté par le phénoménal et fédérateur « Watch (While the World Burns) ». Quatre minutes presque pile de saccades classiques et de coups de reins savamment distillés, pour un passage en revue de la bestialité clinique made in Germany qui n’est pas sans rappeler les derniers DESTRUCTION et SODOM. Mais heureusement pour nous, le plagiat total est évité par des humeurs personnelles, et sauvé du naufrage par une production qui sent bon l’analogie des eighties et qui refuse la compression à outrance. On a dès lors l’impression d’un album d’époque sauvé de l’oubli par une maison de disques au flair imparable, et le son de batterie, la distorsion des guitares et les vociférations d’Ingo Bajonczak revêtent un caractère foncièrement passéiste, assumé, et transcendé par une interprétation sans failles. Conscient que leur main ne leur permettra pas d’enlever le tapis avec le panache des innovateurs, les BONDED continuent d’exploiter le filon du passéisme, mais avec une énergie qui fait souvent défaut à leurs contemporains. Jouant à l’occasion d‘un break avec les limites floues les séparant du Death, les cinq musiciens d’humeur badine serpentent donc entre les époques, jouent avec les transitions fluides des nineties, mais n’oublient pas de nous exploser les burnes menu via des éclairs de violence soudains.
Intros simples mais efficaces, ambiances gentiment brutales, la donne est connue d’avance, mais toujours appréciable. On parie peu, on gagne peu, mais on évite de tout perdre, et si le caractère fondamentalement typique de « Lilith (Queen of Blood) » n’échappera à personne dans son désir d’imitation de l’ACCUSER le plus caractéristique, si les structures se répètent à intervalles réguliers, un flow plus soutenu, un jeu plus Lombardo de la part de Markus Freiwald et quelques cassures mélodiques nous évitent la routine pénible des reproductions un peu trop fidèles aux originaux (« Into the Blackness of a Wartime Night »).
Evidemment, les puristes argueront du manque d’audace de la bande, qui a déjà fait ses preuves dans des groupes qu’elle se permet de citer à la croche près. Mais on ne peut cacher que le métier entraîne des automatismes qui toutefois ne sont pas dérangeant, malgré un timing dans cette version bonus un peu trop étiré.
La hargne est là, parfois décuplée par la haine (« Final Stand », à la limite d’un Thrashcore vraiment teigneux), mais les progressions plus évolutives évitent la redondance de violence, à l’instar de la coupure harmonique offerte par l’intelligent et malsain « Ill-Minded Freak ».
Vous l’aurez compris, le culot n’est pas à l’ordre du jour, mais pour autant, BONDED nous enchante une fois de plus de ses combinaisons vitesse/finesse. En adoptant la fluidité typiquement américaine sur l’hymne « Way of the Knife », assez similaires aux facilités les plus délicieuses d’un GRIP INC, BONDED nous paie donc un voyage dans le temps, agréable et violent, mais suffisamment maîtrisé pour laisser d’excellents souvenirs.
Poussant la quasi perfection de Rest in Violence dans ses derniers retranchements, le groupe allemand nous livre donc une seconde copie immaculée, un peu bavarde par moments, mais émaillée d’interventions diaboliques de la part d’un batteur à la frappe volubile et précise. Into Blackness est donc hautement recommandable sans être révolutionnaire, et si les deux morceaux proposés en bonus n’étaient pas fondamentalement indispensables, ils permettent de faire durer le plaisir un peu plus longtemps. On attendra toutefois du prochain opus quelques distances prises avec les automatismes, et des morceaux plus aventureux. Les musiciens en ont largement les moyens, à savoir s’ils en ont l’ambition.
Titres de l’album:
01. The Arsonist
02. Watch (While the World Burns)
03. Lilith (Queen of Blood)
04. The Holy Whore
05. Division of the Damned
06. Into the Blackness of a Wartime Night
07. Destroy the Things I Love
08. Final Stand
09. Ill-Minded Freak
10. Way of the Knife
11. The Eyes of Madness
12. Humanity on Sale (Bonus Track)
13. Will to Survive (Bonus Track)
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