Si je vous dis Maurice de Jong, vous allez évidemment penser à son sobriquet Mories. Si vous pensez Mories, vous lui associerez immédiatement sa créature immonde GNAW THEIR TONGUES, ce que l’adresse du Bandcamp vous confirme immédiatement. Pourtant, Maurice, fasciné par le bruit et ses déviances les plus folles a un jour été un être humain comme les autres, et un fan, ce que vous ne pouvez pas l’empêcher d’être, au même titre que Pascal Obispo. Or, Maurice, avant d’expérimenter les sonorités les plus douloureuses de l’underground a écouté de la musique, certes pas vraiment celle que l’on passe lors d’un diner avec ses beaux-parents et cousins, mais une musique que nous connaissons bien, celle promue par le légendaire label Peaceville dans les années 80/90. Soit un Doom/Death de première bourre, tel qu’on le pratiquait à l’époque, la mine basse et le teint délicatement anglais.
Mories, dans les faits, est un catalogue de projets aussi fourni qu’un nuancier ou qu’une brochure Bergère de France. Ses fans sont évidemment au courant de ses vices et activités, mais il convient de replacer les choses dans le contexte et de dresser une liste non exhaustive de ses combos en cours. Outre GTT, Maurice s’épanouit dans ADERLATING, BLACK MOUTH OF SPITE, CANTICLE, CAPUT MORTUUM, CLOAK OF ALTERING, DE MAGIA VETERUM, DODENBEZWEERDER, GOLDEN ASHES, GRAND CELESTIAL NIGHTMARE, HAGETISSE, MALORUM, MYSTAGOGUE, OBSCURING VEIL, PYRIPHLEGETHON, THE BLACK MYSTERIES, et bien évidemment, vu cette chronique, dans THE SOMBRE. Mais avant tout ça, il y a fort longtemps, Maurice maniait déjà son instrument en tout bien toute horreur entre 1989 et 1996 dans des concepts emprunts de Doom (ATROCIOUS, CAUTEROR, et SOULWOUND). Alors, désireux de dresser un bilan de cette jeunesse et de se rapprocher de ses racines, Maurice a fondé une énième entité, THE SOMBRE, dont le premier album avait déjà été édité par le label hollandais Kapmes Records en 2019, à cinquante exemplaires (l’homme aime les petits tirages rapidement collector). Aujourd’hui, en 2021, c’est le label Chaos Records qui prend la suite des opérations, et qui réédite ce petit bijou mondialement afin que tout le monde puisse en profiter.
Et faites-moi confiance, THE SOMBRE ne fait pas semblant de l’être. Si GNAW THEIR TONGUES peut paraître insupportable au commun des mortels disposant de facultés sensorielles raisonnables, THE SOMBRE propose une vision plus mélodique de la souffrance, en traînant ses basques du côté du PARADISE LOST des origines, accentué d’une approche éléphantesque. On ne change pas sa nature, et il est évident que quoi qu’il fasse, Mories ne sonnera jamais consensuel, encore moins abordable. Le Death/Doom proposé par Into the Beckoning Wilderness est donc redoutablement cryptique, sourd, servi par une production à la louche qui en fout partout, et qui se digère après des heures de lutte stomacale.
Pourtant, à l’inverse de nombre de ses concepts plus complaisants que réellement captivants, THE SOMBRE dégage une atmosphère vraiment prenante qui nous replonge dans la brume de la production anglaise de Peaceaville. Dès l’entame très mélodieuse de « Death in Black Cathedrals », et son violon crépusculaire à la Titanic, l’harmonie parvient à se faire une place au sein de la nostalgie morbide, et les arrangements d’arrière-plan suggèrent une finesse qui n’est pas coutumière au bonhomme. Cela dit, rassurez-vous, ces instincts mélodiques cèdent vite le pas à une lenteur pachydermique, et à des couches de chant ressemblant vaguement à une expression humaine au bord de l’agonie.
Mais le travail effectué est notable, et la sensation de retour en arrière très palpable. Outre le LOST, on pense évidemment aux éternellement tristes MY DYING BRIDE, mais aussi à OPETH, le tout sous couvert d’un Death Metal puriste refusant les artifices trop putassiers. Avec seulement six morceaux pour plus de quarante-cinq minutes de musique, Mories n’a pas joué les pingres, et nous offre un aperçu de sa jeunesse de fan de l’underground, avec parfois, des accès de tendresse envers cette violence sourde qui permettent une immersion totale et très crédible (« The Mother of Sin and Ruin »). Les fans de Doom, conspuant les rythmiques dépassant les vingt BPM, les mordus du Death ne tolérant les riffs que sous des fréquences inaudibles pour l’homme seront donc très satisfaits de ce produit qui aurait pu sortir sur Redefining Darkness ou Putrid Cult, voire en poussant le bouchon aux extrêmes, sur le Peaceville de la grande époque.
Maurice a donc gagné son pari en nous engluant dans cette mélasse sombre et poisseuse, et ce premier album, malgré ses deux ans d’âge exhale d’une « fraîcheur » indéniable dans l’abomination. Un genre de crash-test pour dummies roulant à dix kilomètres heures sur l’autoroute de l’ennui et de la mort.
Titres de l’album:
01. Death in Black Cathedrals
02. A Storm of Black Poetry
03. Into the Beckoning Wilderness
04. The Mother of Sin and Ruin
05. The Pallbearer’s Hymn
06. Until the Withered Return from the Dark
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30