Pour quasiment tous les gnostiques, la mort n’est qu’un passage vers une vie éternelle. C’est donc une fin qui symbolise un renouveau, une renaissance dans un au-delà hypothétique, un accueil vers la terre promise, etc…On pourrait revenir sur un terrain catholique et parler de la résurrection de Jésus, les paraboles et autres métaphores, mais je pense que le concept a bien été assimilé. Mais pour d’autres gnostiques, la mort est une fin en soi, menant à une autre fin, en forme de purgatoire ou si vous préférez une analogie musicale, en disque rayé qui répète ad mortem aeternam la même rengaine. Ces gnostiques-là sont facilement reconnaissables physiquement parlant. Ils sont généralement épais, musclés, portent le cheveu très long et dense, et des t-shirts flanqués de logos identifiables entre mille. Entre nous, initiés, nous les appelons fans de Death Metal, mais loin d’être condescendant, cette affiliation serait plutôt témoignage d’affection. Car nous avons tous un gros nounours pas si mal léché dans notre entourage, qui depuis la fin des années 80 nous assure que MORBID ANGEL, ENTOMBED, MORGOTH ou SUFFOCATION sont les vrais héros d’un monde en perdition, et que rien ne vaut un bon riff puant le linceul souillé, lui-même maculé par les grognements sourds d’un plantigrade affamé intronisé vocaliste. Mais c’est vrai qu’ils sont mignons quand même, autant l’admettre, encore plus lorsqu’on est en partiellement un soi-même. Et oui, je le concède, je préfère mon Death de tradition, bien tartare, si possible émanant des abysses des nineties, sombre, rapide, lourd, cacophonique et concentré, suédois ou américain, bien que je ne crache pas sur un brin de fantaisie allemande. La preuve en est, puisque je me retrouve aujourd’hui à chroniquer le nouvel album d’une bande de brutes perdue de vue depuis quelques années, FLESHCRAWL.
Les FLESHCRAWL, c’est un peu du patrimoine d’outre-Rhin disponible partout dans le monde. Après s’être respectivement baptisé MORGOTH, puis SUFFOCATION (comme quoi ils ont tous les mêmes idées finalement ces coquins), le groupe a fini par opter pour un patronyme plus disponible, et se lancer à corps perdu dans une carrière aux valeurs sûres et définitives. Car en effet, le groupe depuis Descend into the Absurd n’a jamais rien fait d’autre que du FLESHCRAWL, se travestissant en AC/DC ou MOTORHEAD du Death Metal, avec une passion sans bornes et une dévotion absolue. Et c’est ainsi que tous les ans, tous les deux ou trois ans, nous goûtions à leur retour discographique, hautement prévisible mais toujours jouissif. Mais les bougres ne nous avaient jamais fait le coup du hiatus prolongé, ne laissant au maximum que trois années séparer deux de leurs efforts, avant de se faire la malle en 2007 sur un Structures of Death qui asseyait encore plus leurs positions. Et le temps passait, sans qu’on ait de nouvelles de nos héros brutaux, puis une décennie, avant que les originaires d’Illertissen en Bavière ne daignent se rappeler au bon souvenir de leur fans via une signature sur le label national Apostasy Records. C’est donc avec un plaisir non simulé que nous accueillons aujourd’hui Into the Catacombs of Flesh. La principale crainte en découvrant ce nouveau pamphlet de méchanceté était une nouvelle orientation difficilement acceptable mais c’eut été mal connaître les allemands. Et comme l’ont déjà souligné certains confrères de l’étranger, Into the Catacombs of Flesh n’est rien de plus que la suite totalement logique de Structures of Death, à tel point qu’il aurait pu être enregistré en 2009 ou 2010.
On retrouve donc tout ce qui a toujours fait le charme bien charnu des allemands, cette inclinaison à refuser l’évolution d’un style en restant fidèle à ses commandements d’origine, ce son, mélange de colère centre-européenne et de froideur scandinave, cette propension à diluer la rage dans une bonne dose de mélodie pour alléger la calotte glacière qui nous tombe sur la gueule, et cette façon de ne considérer un style que sous ses aspects les plus purs. Pas de trouble à craindre donc, malgré un enregistrement erratique au fil de l’eau, qui ne nuit nullement à la cohésion de l’ensemble. Le son est toujours aussi parfait pour ce genre de réalisation, et le trio subsistant du LP précédent (Chant : Sven Gross, Guitare : Oliver Grbavac, et Batterie : Bastian Herzog) s’est vu agrémenté de deux nouvelles têtes (Basse : Manu Markowski depuis 2011 et le petit dernier Slobodan Stupar à la seconde guitare), pour continuer le travail de sape entrepris à l’orée des années 90. Mais la messe est dite dès « Into The Catacombs Of Flesh », qui explique en un peu plus de cinq minutes pourquoi le groupe nous a tellement manqué. Intro glauque et grondante, suite marquée par des riffs tous plus rigides les uns que les autres, chant dans la plus grande tradition allemande, rauque mais intelligible, changements de rythme marqués mais raisonnables, et surtout, ce groove qui permet à la bande instrumentale de ne pas rester prisonnière des glaces du temps. Les morceaux, toujours très concis ne s’éternisent pas pour ne rien dire de plus que leur argument de départ, et c’est parti pour quarante minutes de secouage de tignasse en règle. On pense évidemment aux collègues nationaux de MORGOTH, pour cette façon de se la jouer straight mais ludique, mais on pense aussi à l’approche suédoise, un peu Crust sur les bords et terriblement rythmique (« Mass Obliteration »).
Pas de doute, c’est bien du Death qui se savoure entre initiés, de ceux qui ne suivent pas les modes et qui ne regardent pas leur smartphone toutes les trente secondes, et de la secousse « Funeral Storm » qui balaie les dernière pellicules ENTOMBED style, jusqu’à la tempête finale de « Among Death And Desolation » très AT THE GATES, la leçon est parfaitement donnée, et les années d’absence excusées jusqu’à la dernière. Sans incarner l’acmé d’une carrière bien remplie, ce neuvième album remplit à merveille son rôle de carte postale de l’au-delà, de celles qu’on reçoit sans s’y attendre, mais qui font du bien au petit cœur de grogneur.
Titres de l’album :
01. Into The Catacombs Of Flesh
02. Mass Obliteration
03. Ossuary Rituals
04. Funeral Storm
05. Grave Monger
06. Chained Impalement
07. Law of Retaliation
08. Obliteration Bizarre
09. Red Streams Of Sorrow
10. Of Frozen Bloody Grounds
11. Suffer The Dead
12. Among Death And Desolation
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