Dieu (ou Satan, au choix) sait que le Death technique n’est pas ma tasse de thé. Les rythmiques marteau-piqueur triggées, les riffs interchangeables et pompés sur SUFFOCATION et/ou MORBID ANGEL, le chant grognon qui rebondit sur les parois de la caverne…Non merci.
Mais dès lors qu’un groupe s’en revendique, tout en prônant d’autres valeurs, et faisant de fait preuve d’ouverture, alors mon intérêt s’éveille immédiatement, et parfois, se satisfait grandement du culot de musiciens un peu moins bornés et bourrins que la moyenne.
Ainsi, Bogota, la Colombie, pour un parcours assez chaotique, et un album qui ne l’est pas moins, mais diablement créatif et bouillonnant d’inventivité.
Pourtant, les influences sont là, et classiques. DEATH, CARCASS, CANNIBAL CORPSE, HYPOCRISY, LAMB OF GOD, ROMPEPROP, GRONIBARD, JUDAS PRIEST, OBSCURA, THE FACELESS, AMON AMARTH, PUTRID PILE, CHILDREN OF BODOM, IRON MAIDEN, MEGADETH, en gros, les classiques des classiques et…
Hein, comment ? GRONIBARD ? Là, j’avoue que la mention méritait d’être soulignée, puisqu’un trio colombien se réclamant de l’engeance de nos français farceurs (presque) préférés, n’est pas chose commune. Mais en sachant en sus que les trois acolytes en question aiment à mixer le Thrash, le Death, le Grind, le Goregrind, le Heavy, le Power et touiller le tout avec envie, la chose devient de plus en plus intéressante.
Et l’écoute du Into the Deep Madness Abyss en question achève de dissiper les derniers doutes. Oui, les HUMAN DRAIN sont formellement tarés, le revendiquent, et en sont fiers.
Sauf qu’en plus, ce sont de sacrés musiciens, et des compositeurs complètement flingués. Genre quoi ? Genre un mélange absolument contre nature et risquant l’excommunication entre CARNIVAL in COAL, BEHEMOTH, EXHUMED, DEATH et le CARCASS le plus Heavy, le tout agencé de façon à vous faire tourner en bourrique et vous étrangler d’une multitude de plans qui se percutent à une vitesse de fou. En gros, en substance, en détail et en transe, l’album de Death foutraque et libre de la matraque de l’été, qu’on va écouter, disséquer, analyser et apprécier dans les grandes largeurs sans être sûr de le comprendre.
Et plus c’est difficile, plus j’aime ça. Mais ça, vous le savez aussi, puisque vous aimez aussi.
Alors, allons-y, Oscar Rojas (basse/chant), Gustavo Sierra (guitare/chant) et Rodrigo Rojas (batterie), dernier line-up connu d’un groupe né en 2008, et qui au départ se consacrait à des reprises en tous genres avant d’établir son répertoire suite à une stabilisation de formation presque involontaire. Depuis, du travail, sans relâche, des efforts, mais un don au départ. Celui d’amalgamer des styles extrêmes, en les gardant extrêmes, et en aboutissant à une musique aussi viscérale que brutale, et aussi sadique que ludique. Un peu comme si les PSYKUP, PRIMUS, IWRESTLEDABEARONCE prenaient des cours de Brutal Death en compagnie de Chris Barnes et SUFFOCATION, tout en louchant sur le Gore bien craspec des MORTICIAN et autres LAST DAYS OF HUMANITY.
Tout ça tourne à fond dans la centrifugeuse de leur esprit aux idées brumeuses, et donne des cocktails tutti-frutti/tabasco/menthe à l’eau comme « Paradox », single de l’impossible, qui réussit la gageure de nous donner envie de vomir comme d’aller faire un câlin à notre voisin. Cris porcins, hurlements de zombies du petit matin, mais mélodies de guitare impeccables et rythmique implacable, dans une valse sans hésitation entre une version débraillée et sanglante d’ARCTURUS et une gigue infernale dans les bras d’Arno Strobl.
L’image vous sied ? Le pas de deux vous donne envie d’emballer le premier macchabé rencontré ?
C’est normal, puisque c’est aussi explosif qu’efficace, et aussi harmonique que dégueulasse. Et c’est fait exprès.
Mais plus sérieusement, et au-delà des bons mots et des formules à l’emporte-pièce, Into the Deep Madness Abyss est une gigantesque claque à la morosité ambiante, et se veut aussi groovy qu’il n’est enivrant. On a même le sentiment d’écouter la BO improbable d’un film complètement déjanté, racontant les aventures de flics morts-vivants enquêtant sur la disparition d’un chanteur Death d’opéra dans les rues de Bogota (« Shttuttuttut!»)
Difficile à croire ? Oui, mais tellement plaisant à écouter.
Car lorsqu’un groupe ne recule devant aucun défi, qu’il n’accepte aucune limite, et qu’il se montre aussi ironique que sa musique n’est atomique, le résultat est tout simplement…admirable. Et à ce niveau-là, les HUMAN DRAIN n’ont de leçon à recevoir de personne tant leurs morceaux peuvent se montrer aussi symphoniques qu’ils sont atypiques (« Be Really Dead », instrumental génial de quelques secondes, mais qui font ripailles de vos entrailles).
Et lorsque tout s’emballe et survole des hauteurs Brutal Death à la limite du Gore, nous sommes tous d’accord pour hurler qu’on en veut encore (« I Need to Kill You », oh oui, tuez-moi, mais à grands coups de grognements de plantigrade et de sifflantes d’harmoniques transcendantes). Mais finalement, cet album pourrait symboliser l’équivalent audio d’un épisode bien velu de The Walking Dead, avec attaque de rodeurs les dents pleines d’ardeur (« Infection »), avec une résistance humaine qui commence à salement accuser le coup des pertes (« Human Waste », Brutal Death Heavy et méchamment accrocheur, en équilibre entre blasts, double grosse caisse et saccades rythmiques sadiques), et qui du coup hésite à apprécier la bataille ou à s’en sortir vaille que vaille (« Enjoy Or Hide », mid tempo ou pas, qui pilonne, cartonne, bougonne et taille dans le vif avec des envolées en lead rappelant les bottes secrètes de Larry Lalonde).
Parvenu à ce stade, je suis certain que vous ne voyez toujours pas où je veux en venir. Mais ça, c’est normal, c’est fait pour. Parce qu’expliquer clairement ce que les HUMAN DRAIN ont voulu obtenir en enregistrant Into the Deep Madness Abyss serait comme :
Et moi, je vous aime. Comme j’aime ces colombiens chafouins. Alors, je vais juste m’arrêter là.
Titres de l'album:
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