Un vide cryptique ? Moi je veux bien, pourtant deux contradictions émergent. D’abord, le truc est loin d’être vide, il est même plutôt rempli, et déborde de partout. Ensuite, il n’a rien de cryptique, il est plutôt clair et direct, d’autant plus que je connais déjà ceux qui en sont à l’origine.
Alors ne croyez pas me tromper les mecs, j’ai l’habitude et je sais où vous habitez.
Oui, souvenez-vous, j’ai déjà parlé de vous, il y a quelques années, à l’occasion de la sortie de votre Psychomanteum qui si je m’en souviens bien était votre première déflagration.
J’ai un peu laissé couler l’eau sous les étoiles depuis, mais je ne vous ai jamais oubliés, la preuve, puisque je m’en reviens disséquer votre premier long, qui ne l’est d’ailleurs pas tant que ça.
Seize minutes, c’est un timing raisonnable pour un écho Death Grind tout en non finesse, bien qu’un peu de rab n’aurait pas été de refus.
Mais pour les étourdis, les champions de la mémoire de poisson rouge et ceux complètement à côté de la plaque bruitiste, rappelons quelques faits.
Les CRYPTIC VOID nous en viennent donc de Houston, Texas, et pratiquent ce qu’ils décrivent comme du Gulfcoast Grind, ce qui en dit long sur leur cas sans rien dire de particulier. Ils sont cinq pour bâtir leur mur du son (Ben et Seattle – guitares, Frank – batterie, Kenny – basse et Stephen – chant), et viennent tous d’horizons similaires, faisant partie ou ayant fait de combos plus ou moins illustres comme MINDBOIL, INSECT WARFARE, P.L.F., TURBOKRIEG, PEASANT, NIBURU ou WAR MASTER.
Et dans la grande famille du Grind de Houston, tout ça est assez indicateur d’une tendance (rien que le nom d’INSECT WARFARE devrait vous suffire si vous n’avez pas oublié leur séminal World Extermination), et révélateur d’instincts assez primaires, ceux qui poussent un être humain à retrouver son état le plus animal, prompt à défendre son territoire en montrant les dents et en hurlant plus fort que ses ennemis.
C’est exactement le cas de nos amis du jour, qui depuis Psychomanteum n’ont pas changé d’un iota leur comportement, ni modifié leurs influences, qui vont toujours de NAPALM DEATH à INFEST en passant par REPULSION, AGATHOCLES et autres pourfendeurs de violence bon marché déjà faisandée à peine emballée.
Disponible en dématérialisé, mais aussi en tape et en vinyle via les services/sévices de RSR, ce premier LP dégouline donc de Grind par tous les sillons, et ne fait aucun compromis en restant coincé dans la tradition. Profitant d’un son gigantesque, Into the Desert Temple remet les pendules du gros Grind éclaboussé de Death à l’heure de la boucherie, et aligne les morceaux de bravoure sans craindre d’être honni. Pourquoi ? Parce que les CRYPTIC VOID connaissent leur boulot et aiment leur barouf, le jouant donc avec passion et application, tout en gardant ce grain de folie Crust qui les différencie de la masse grouillante de bruitistes sans pertinence. Le Grind des originaires de Houston ne se mord donc pas la queue et ne tourne pas en rond, mais évoque les meilleurs représentants du style.
Pas question de Gore ici ni de tripailles moisies, ça joue vite mais précis, et en un tout petit peu plus d’un quart d’heure, nos héros avec valeurs balancent leurs meilleurs riffs sur fond d’apocalypse rythmique, nous bousculant et ramenant sur les côtes d’un paysage métissant les découpages abrupts d’un DOOM et les contours plus fluides d’un S.O.B., lissant le tout d’une folie héritée des BRUTAL TRUTH et autres ASSUCK. Certes la tonalité générale est plutôt grasse et grave, et les guitares tronçonnent en chœur, allant chercher au fond des cordes les riffs les plus ombrageux et rageurs.
Le chant est aussi à l’avenant, penchant du côté Death où il va dégueuler, mais ne vous y trompez pas, les mecs jouent carré, et chaque break est millimétré. Alors écoutez, appréciez, et tentez de compter le nombre de plans proposés, qui s’accumulent comme autant de blasts sur une peau de caisse claire usée.
En imaginant un UNSEEN TERROR dopé aux stéroïdes SUFFOCATION, vous aurez un petit aperçu du sprint qui vous attend, mais qui ménage quand même quelques instants plus posés et lents, histoire d’apporter une caution Death à la claque Grind.
Alors oui, ça cavale, mais intelligemment et avec des thèmes porteurs (« Their Morbid Chamber », qui ose même le pont concasseur et sous pression), et parfois, ça ne traîne vraiment pas en route (« Into The Desert Temple », qui plante quand même au moins deux thèmes, « Rebirth », et son intro atomique avec une basse à la Shane Embury, « Mastery and Power » et sa batterie en fusil mitrailleur, « Unto The Bondage Of Death », qui vous la joue shibari de l’extrême et vous suspens à la batterie avec des cordages bien sertis), tout en laissant le chronomètre courir pour mieux semer le doute (« Beyond The Sphere », son chant à la Glen Benton et son instrumental typique des INSECT WARFARE, plus un passage mosh pour bien faire, « Into The Breach » et son entame purement Bestial Death, lourde, grondante, qui dégénère en mid avant de tout écraser et de partir en vrille Crust sans prévenir).
Avec en cadeau un diptyque d’intro qui casse les murs (« Wastelands I et II », genre de flux et de reflux qui charrie la houle huilée et les corps putréfiés), et un final en guise de constat légèrement cynique et désabusé (« Eternal Isolation », ou comment se la faire misanthrope de l’extrême en deux minutes de Grind bien sévère), Into the Desert Temple confirme bien que CRYPTIC VOID est tout sauf un projet annexe, mais bien un symptôme de maladie mentale locale.
Et le terme de Gulfcoast Grind prend alors tout son sens après ce tsunami sonore. This is Houston man, and this is Grindcore.
Can you hear me growling and blasting outside your door?
Un genre d’Alien dans l’espace qui ne communique avec la terre que par segments de blasts. Et qui vous laisse seul pour affronter la menace.
Plutôt tenace.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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