En Suède, personne ne vous entend jouer.
Pardon au groupe d’avoir emprunté et déformé cette accroche traduite dans un langage plus adapté à leur histoire, mais il est certain que celle d’ALIEN a tout du conte de fée sci-fi qui a légèrement mal tourné. La Suède des années 80 n’était pas la Suède que nous connaissons aujourd’hui, et malgré l’existence d’une poignée de groupes agressifs, la tendance était plutôt à la Pop synthétique qui trustait les premières places des charts. Et malgré des débuts tonitruants, le groupe de Göteborg n’a jamais pu atteindre le firmament de l’espace alors même qu’il en avait les moyens et le talent. Tout a commencé en 1986, lorsque le groupe se forme autour du guitariste Tony Borg et du chanteur Jim Jidhed, rapidement soutenus par Ken Sandin à la basse, Jimmy Wandroph aux claviers, et Toby Tarrach à la batterie. Un premier single sort en 1988, une reprise des MARBLES déjà popularisée par les BEE GEES, et la machine décolle. Numéro 1 en Suède, le groupe ne tarde pas à attirer les regards et les oreilles, et voit même sa chanson figurer au générique du remake du Blob de 1988. Signature sur Virgin, sortie d’un premier album, version différente pour le marché mondial, tout est en place pour que le groupe écrase la concurrence quasiment inexistante, et puis…du surplace. Le groupe continue sa carrière, publie des albums impeccables, se transforme au fil des années en référence incontournable, traverse les nineties avec panache, avant de disparaître pour mieux réapparaitre dans sa configuration originelle en 2010 et une troisième partie de carrière.
Après avoir permis à Frontiers Records de sortir Dark Eyes en 2005, c’est finalement AOR Heaven qui mettra ses contrats sur Eternity, le premier LP post-comeback, et qui six ans après accompagne toujours les survivants sur le chemin de leur rédemption. Six ans de silence pour une fois encore tenter de rivaliser avec la qualité intrinsèque et indémodable d’Alien, ce chef d’œuvre de la fin des années 80 qui mérite une réhabilitation internationale tant il a défini les contours de l’AOR moderne en ne servant que des hits single de premier choix. Je réécoutais justement ce séminal album il n’y a pas longtemps, dans sa version réédition en deux CD, et je me prenais à rêver d’un univers AOR dominé par le talent et la grâce des suédois, avec leurs mélodies à se pâmer et leurs refrains à se damner. Mais las, malgré le succès connu à l’époque intra-muros, ALIEN n’a jamais pu défier les américains sur leur propre terrain, et se retrouve aujourd’hui obligé de lutter contre ses confrères pour se tailler une place sur la scène de la nostalgie, alors même que dans leur cas, le principe de passéisme et d’admiration des icônes d’antan ne s’applique pas. Et pour cause, puisqu’ils font partie de ces icônes, et qu’ils méritent le titre de grands anciens plus que personne. Alors, pour se faire remarquer de la bonne manière, le trio survivant n’avait pas trente-six solutions. Il lui fallait durcir le ton, renforcer son armure, et partir en croisade Heavy, ce qui est chose faite avec ce nouvel album, Into The Future. Sans se projeter dans le futur, ALIEN change légèrement la trajectoire du passé, et insuffle pas mal de distorsion aux harmonies, pour nous servir un best-of de ses qualités et atteindre le sommet des étoiles qui brillent encore en son souvenir.
Autant dire que Jim Jidhed (chant), Tony Borg (guitare) et Toby Tarrach (batterie) tiennent la forme sur ce sixième album studio, qui les voit revenir à la brillance de leurs jeunes années. Sans pouvoir affirmer qu’Into The Future a la même aura qu’Alien, le grand classique, ses chansons n’en sont pas moins autant de tubes en puissance, dans une perspective plus musclée. On y trouve même de sérieuses allusions à la scène Glam de l’époque avec l’entêtant « What Are We Fighting For », au balancement très AEROSMITH, et au refrain très SLAUGHTER. D’un autre côté, et ce dès le riff d’intro de « You Still Burn », le parti-pris musclé est très affirmé sur cette nouvelle réalisation, et on a rarement entendu le groupe aussi remonté dans les watts, ce qui en dit long sur leur appétit de live. Le nouveau répertoire est d’ailleurs taillé pour les grand festivals d’été, avec toujours en exergue des couplets vraiment durs menant sur des refrains anthémiques, soit la force de frappe des plus grands pratiquants du Hard Rock mélodique. En presque cinquante minutes (et plus sur la version japonaise) ALIEN retrouve une seconde jeunesse, et affirme sa suprématie suédoise, revenant à ses racines partagées avec EUROPE, qui a connu un destin bien plus heureux. Mais avec des pépites Heavy de la trempe des percussions de « Night Of Fire », le groupe peut justement voir cet avenir sous sa lumière la plus flatteuse, fier du travail accompli et des possibilités qui s’ouvrent à lui.
Produit à la perfection, Into The Future incarne en quelque sorte le parfait équilibre entre l’ancien ALIEN, celui qui avait transcendé l’esprit Pop des années 80, et la vague mélodique des nineties menée par les HAREM SCAREM. On y retrouve la même envie de booster la tendresse d’une grosse dose d’énergie, et un morceau comme « Into The Future » en reste la meilleure preuve qui se dispense de mots. Sur ce nouveau chapitre de sa saga, ALIEN résume son parcours, mais se projette aussi vers l’avenir, en lâchant des riffs énormes qui ne cherchent pas à étouffer l’harmonie ambiante, ce qui nous donne des morceaux d’anthologie de la carrure de « Freedom Wind », parfait exemple de ce que la nouvelle génération suédoise cherche à faire depuis plus d’une décennie. En retrouvant son instinct de jeunesse, le trio de tête signe là une œuvre qui défiera le temps comme l’a fait son premier et insurpassable album.
Ne reste plus au fan qu’à savourer cette tranche de vie signée de maîtres du réalisme Hard mélodique, et le dernier tiers de l’album se replonge dans les réflexes les plus naturels, sans dévier de son objectif d’origine. « Fallin Way Down », « In Her Eyes » se rapprochent de la scène US de la fin des années 80, avec en plus ce clavier très PURPLE/URIAH HEEP qui soutient la guitare, tandis que la sublime balade « Children » donne l’occasion à Jim Jidhed de prouver que son talent vocal est resté intact dans l’émotion. Superbe démonstration de classe que ce nouvel album d’ALIEN, qui finalement aura réussi à trouver sa planète d’adoption dans le cœur des fans.
Titres de l’album:
01. You Still Burn
02. Night Of Fire
03. War Scars
04. Time Is Right
05. What Are We Fighting For
06. Into The Future
07. Freedom Wind
08. Really Wheeling It
09. Fallin Way Down
10. In Her Eyes
11. Children
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