New Wave of Traditional Heavy Metal from Italy
C’est ainsi que se présentent les italiens d’HYPERION, et la formule, quoique pleine de sens, suscite l’interrogation. Dans le fond, cette contradiction implicite échauffe l’imagination, et fait fonctionner le cerveau à rebours. Comment une jeune génération peut proposer une nouvelle vague qui n’est que la prolongation d’une ancienne, et donc…Une nouvelle ancienne vague ? Je me pose cette question depuis un certain temps déjà, et j’avoue ne pas avoir trouvé de réponse satisfaisante, préférant rester acteur passif de ce déferlement constant de nouveaux visages adoptant les grimaces des anciens. Oyez, oyez fans de Metal non édulcoré, aux chromes rutilants et à l’acier trempé, puisque ces preux chevaliers sont du genre à manier l’épée avec dextérité, mais avec pas mal de finesse aussi. Originaires de Bologne, les membres d’HYPERION se sont donc réunis en 2015 dans le seul but de défendre un certain idéal du Heavy Metal en vogue dans les années 80, celui-là même pratiqué par les légendes MAIDEN, JUDAS PRIEST, et que la jeune génération découvre toujours avec un plaisir non feint. Ce quintet propre sur lui (Michelangelo Carano - chant, Davide Cotti & Luke Fortini - guitares, Antonio Scalia - basse et Marco Jason Beghelli - batterie) nous a déjà offert un large aperçu de ses capacités en 2017, avec un premier long intitulé Dangerous Days, qui nous permettait d’entrevoir un potentiel de mimétisme certain, mais surtout une foi sans bornes en des dogmes anciens. Privilégiant largement le classicisme à l’opportunisme en vogue dans les années 2010, le groupe ose donc le traditionalisme à outrance, ce qui n’a pas manqué de séduire le label conservateur espagnol Fighter Records. Des italiens au destin confié à des espagnols, voilà qui ne risque pas de nous faire perdre nos latines, brunes comme cette ambiance fière, galbées comme cette basse gironde, mais aux griffes acérées comme ces guitares effilées.
Into the Maelstrom dans le fond et la forme, n’offre aucune surprise. Son style est bien défini, ses arrangements carrés, son interprétation au-dessus de tout soupçon, et tout est prévisible, jusqu’au moindre solo brûlant de ses sextolets. En se basant sur une rythmique solide mais versatile, les italiens font preuve d’un minimum de diversité, mais restent solides. On sent du SAVATAGE là-dedans, mais aussi quelques traces de Power à la GAMMA RAY, tout comme la noblesse exsudant des pores de NIGHTMARE ou MANIGANCE. De quoi se remémorer en toute quiétude la plénitude des eighties qui peaufinaient leur approche grâce à des musiciens moins timorés et plus exigeants que la moyenne. Enrobé dans une production efficace qui n’en fait pas trop, mais qui ne cherche pas non plus à copier les tics de Martin Birch, ce second long reprend les principes du premier en poussant la perfection dans le style à son paroxysme. On comprend cette envie d’aller plus haut et plus loin dès le bondissant et tressaillant « Into the Maelstrom », qui nous plonge dans un bain bouillant de Metal en fusion, PRIEST style, avec toutefois des prétentions techniques pas si éloignées de Malmsteen ou des premiers DREAM THEATER. Techno les italiens ? Non, capables et doués, ce qui permet à cette doublette de guitaristes de nous enivrer de soli puissants et de riffs tranchants. Autant dire que tous les instrumentistes sont d’un niveau très élevé, mais ce qu’on aime par-dessus tout, c’est leur façon de faire passer l’efficacité au même niveau que la technique pure. Ce qui donne lieu à des plans bluffant de dextérité, sans pour autant nuire à la cohérence des morceaux. Ajoutez à ça une utilisation très pertinente des chœurs, qui préfèrent l’optique mélodique anglaise au remplissage roboratif allemand, et vous obtenez un cocktail revitalisant et galvanisant.
Heavy Metal donc, par passion, mais un Heavy Metal extensible à toutes ses ramifications. Parfois l’intensité se rapproche d’un Thrash légèrement Power sur les bords, pas totalement libéré de ses chaînes, mais faisant trembler les murs de la cave. Mais en version mid et tempérée, le groupe reste toujours aussi convaincant, et prouve que la flamboyance italienne a encore de beaux jours devant elle (« Ninja will Strike »). On pense à une version très light et apaisé de PRIMAL FEAR, mais une version plus dense et complexe, qui s’autorise des intros ambiancées très réussies (« Driller Killer »), et une précision rythmique chirurgicale, digne du meilleur ANNIHILATOR. D’ailleurs les albums early 90’s de Jeff Waters n’ont pas du tomber dans l’oreille de sourds transalpins, puisque l’influence lointaine de Set The World On Fire est très palpable sur certains morceaux. Pas d’excès cependant au regard de la durée des morceaux, qui gardent à l’esprit que la concision est reine. Ce qui n’empêche pas les quatre ou cinq minutes habituelles de déborder d’idées, toutes pertinentes, certaines plus marquées par le passé que d’autres, mais toujours avec cette approche millimétrée et précieuse (« The Maze of Polybius »). Mais comme chaque règle à une exception, HYPERION se lâche en une occurrence, celle de « The Ride of Heroes » qui s’étale sur plus de neuf minutes mais…pas pour rien. Sommet du Heavy épique et progressif, cette composition est un petit bijou payant son tribut au MAIDEN le plus évolutif, pour un riff redondant à l’extrême qui n’est pas sans rappeler METAL CHURCH ou METALLICA. De l’énergie donc, et pas une simple révérence à un Heavy qui n’en n’a pas besoin, et beaucoup de créativité dans le formalisme.
En version très courte, le groupe se permet aussi des audaces, comme ce court instrumental percutant qui met une fois de plus en avant les qualités individuelles (« From the Abyss », ANNIHILATOR, encore), ou ce final au tempo échevelé qui laisse sur une note de liberté et d’envie d’ailleurs. En acceptant que le Heavy peut être Speed, légèrement Thrash, sentencieux mais digérable, noble mais accessible, HYPERION nous prouve qu’il fait partie des fers de lance de cette fameuse nouvelle vague de Heavy traditionnel italienne, qui malgré son appellation un peu bizarre, prend tout son sens entre les mains de musiciens aussi capables et inventifs dans la nostalgie.
Titres de l’album :
01. Into the Maelstrom
02. Ninja will Strike
03. Driller Killer
04. The Maze of Polybius
05. From the Abyss
06. Bad Karma
07. Fall after Fall
08. The Ride of Heroes
09. Bridge of Death
La pochette est magnifique en tout cas - l'album sort sur Sega Megadrive?
Hé hé hé...
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